Pourquoi les fans de «Borgen» vont-ils adorer «Au nom du père»?
DRAME•Adam Price, le créateur de « Borgen », revient avec une nouvelle série, « Au nom du père », une fascinante fiction sur la religion, diffusée ce jeudi à 20h55 sur Arte…Anne Demoulin
L'essentiel
- Adam Price, le créateur de Borgen, revient sur Arte à 20h55 avec sa nouvelle série, Au nom du père.
- Cette fascinante fiction suit le quotidien du clan Krogh, une famille où l’on est pasteur de père en fils depuis 250 ans.
- La série, qui est aussi un drame familial, questionne aussi bien la parentalité, la masculinité et la transmission que la foi et le sacerdoce, et la spiritualité.
Après l’ascension d’une femme politique, la chute politique d’un pasteur… Après le succès international de Borgen, la chaîne danoise DR a donné carte blanche à Adam Price, son brillant showrunner, pour un nouveau projet.
Au nom du Père (Herrens veje - Les voies du seigneur, en danois), coproduite par Arte et diffusée à partir de ce jeudi à 20h55, suit le quotidien du clan Krogh, une famille où l’on est pasteur de père en fils depuis 250 ans. Un nouveau drame familial au cœur d’une nouvelle institution, l’Église Luthérienne évangélique du Danemark.
Un reportage radio comme point de départ du scénario
« La religion m’a toujours fasciné », confie Adam Prince, que 20 Minutes a rencontré lors de la 8e édition de Series Mania. Et de poursuivre : « Elle est partout dans nos sociétés, à tous les niveaux, dans nos débats mais aussi dans beaucoup de problèmes entre les êtres humains. »
Un reportage radiophonique sur l’élection de l’évêque de Copenhague a donné à Adam Price le point de départ de son scénario : « Je ne savais pas que nous élisions nos ecclésiastiques ainsi. Que des gens faisaient campagne pour assurer l’office de Dieu ! », raconte-t-il.
Au cœur d’une institution comme dans Borgen
Si Borgen dévoilait les coulisses du « Château », le siège du Parlement et des bureaux du Premier ministre danois, Au nom du père plonge le spectateur dans les arcanes de l’Église évangélique luthérienne, la religion d’Etat du Danemark depuis 1849. « On parle d’une institution qui a 2.000 ans, et nous l’avons utilisé comme une incroyable machine à histoires », se réjouit Adam Price.
« J’ai travaillé de la même façon que sur Borgen. Avec mon équipe, nous avons fait beaucoup de recherches », confie le showrunner. Un pasteur est notamment venu écouter le scénario et corriger les éventuelles inexactitudes : « Nous avions besoin de ça pour l’aspect réaliste ».
Au cœur d’un drame familial comme dans « Borgen »
Comme Borgen, Au nom du père est avant tout une histoire de famille. Le père, Johannes (Lars Mikkelsen, nommé aux Emmy Awards pour son rôle la série), brigue l’évêché de Copenhague mais résiste difficilement à ses démons, décevant une fois de plus son épouse Elisabeth (Ann Eleonora Jørgensen). Ce patriarche omnipotent veille d’une main de fer sur son église et ses deux fils : l’aîné, Christian (Simon Sears), qui l’a déçu en abandonnant ses études de théologie, et le benjamin, August (Morten Hee Andersen), devenu pasteur dans une église en vue de Copenhague.
Au nom du père revisite le mythe fondateur d’Abel et Caïn et explore comme Borgen le thème de la filiation : « Pour faire simple, la relation entre la mère et sa fille tourne autour des émotions, et celle du père et son fils autour des attentes. Cette série est vraiment centrée sur la relation père-fils. Je veux explorer cette question : “Comment fait-on pour ne pas détruire nos enfants en tant que parents ? ”»
Mêlant l’intime et le politique, ce récit porté par Lars Mikkelsen, qui « nous cueille avec ce rôle. Je ne l’ai jamais vu aussi bon que là, il est incroyable », questionne aussi bien la parentalité, la masculinité et la transmission que la foi et le sacerdoce, et la spiritualité. « La série parle de cette quête de sens dans nos vies. Pour un membre du clergé, ce sera Dieu, pour un autre, quelque chose de moins tangible, moins concret. Maintenant, même si la science mène le monde, beaucoup d’entre nous ont encore besoin de spiritualité », conclut Adam Price, qui signe ici encore un petit miracle cathodique.