INTERVIEW«“New York, unité spéciale” m’a transformée», confie Mariska Hargitay

«”New York, unité spéciale” a fait de moi une activiste», explique Mariska Hargitay

INTERVIEWA l’occasion des 20 ans de «New York, unité spéciale», Mariska Hargitay a expliqué à «20 Minutes» comment son rôle l’avait transformé…
Anne Demoulin

Propos recueillis par Anne Demoulin

Vingt ans déjà que Mariska Hargitay incarne Olivia Benson ! La 20e saison de Law and Order : Special Victims Unit, série diffusée en France sur TF1 sous le titre New York, unité spéciale, débute ce jeudi sur NBC aux Etats-Unis. 20 Minutes a rencontré l’actrice américaine, avec une poignée de journalistes, à l’occasion du 58e Festival de télévision de Monte-Carlo où elle a été récompensée par une Nymphe de Crystal pour son travail remarquable d’actrice et de militante. La vedette de New York, unité spéciale, série traitant des crimes sexuels, est à la tête d’une fondation, The Joyful Heart Foundation, qui défend les femmes et enfants victimes de violences sexuelles et domestiques.

Qu’est-ce qui a vous a plu dans le script de « New York Unité Spéciale » il y a vingt ans ?

Tellement de choses ! Tout d’abord, le fait que la série soit écrite par Dick Wolf ! Et puis, j’ai adoré la complexité du personnage : sa férocité, sa force, ses peurs, son besoin irrépressible de justice et ses blessures. Le fait qu’Olivia Benson dégageait à la fois de la force et de la vulnérabilité m’a tout de suite parlé.C’est de là que vient son envie de corriger les torts. Tout était là dans le premier script, dès le départ.

Avez-vous un truc pour vous mettre instantanément dans la peau d’Olivia Benson ?

Comme vous pouvez le constater, je suis très différente d’Olivia Benson, je souris beaucoup plus qu’elle (rires). J’ai envie de vous dire que c’est le pouvoir incroyable des costumes. Je suis du genre à déconner et j’ai toujours pensé que je deviendrais une actrice de comédie. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans ma carrière (rires)… Mais dès que je mets les habits d’Olivia, je deviens badass. Quelque chose change en moi, c’est presque un réflexe pavlovien.

Réussissez-vous à laisser derrière vous les histoires, parfois très dures, de la série, quand le tournage est terminé ?

Quand je termine une scène, oui, j’arrive à mettre ça derrière moi. Mais je n’oublie pas les enjeux de ce qu’on vient de tourner en arrivant chez moi.

Avez-vous gardé quelque chose du tournage depuis tout ce temps ?

Oui, un clown assez glauque et flippant ! On me l’a offert à la fin du tournage de la première saison. Je le garde précieusement sur mon bureau, pour me rappeler la longévité de cette série, qui a été un vrai cadeau.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris au cours de ces vingt ans ?

Les statistiques sur les agressions sexuelles et les violences conjugales. Je ne m’attendais pas à ce que la série me transforme à ce point en tant que personne, elle a fait de moi une sorte d’activiste ! Quand Dick Wolf m’a engagé, j’étais contente parce que j’avais un rôle principal et qu’il m’allait comme un gant. Et j’ai rencontré mon mari sur le tournage, nous avons désormais des enfants et cette fondation qui représente tant pour moi et me donne la possibilité d’avoir une voix, d’apporter du changement, de l’aide et du positivisme. Et se dire que tout ça vient d’une série télé, c’est très surprenant.

Olivia Benson, votre personnage, apparaît comme une sorte d’icône féministe…

Oui, je le pense. J’ai justement aimé ce personnage parce qu’elle était féministe. Il y a vingt ans, elle était une femme forte. Dans la vie, mon mantra c’est : ressent la peur, mais fais le quand même. Olivia a peur mais elle avance quoi qu’il arrive, parce qu’il y a les victimes. Elle a surmonté tellement d’épreuves, elle est l’enfant d’un violeur. Son origine est liée à la violence et c’est pourquoi elle la combat, ce pourquoi elle est devenue flic. Et malgré tout, elle a toujours de l’espoir et des choses dans lesquelles elle croit.

La série traite beaucoup de la question du viol et des agressions sexuelles, comme avez-vous vécu le mouvement #MeToo ?

Je crois qu’il faut être reconnaissant de ces actes de courage individuels de toutes ces femmes incroyables qui ont parlé. Si les choses changent en Amérique aujourd’hui, c’est grâce à la somme de ces actes. Je suis contente de vivre ça et que notre série a aidé à ouvrir des discussions sur ce sujet. Ma fondation se concentre sur le changement de notre façon de répondre à ces questions de violences sexuelles. Ces problèmes existent depuis longtemps, mais ils ne sont plus mis sous le tapis. Il faut éduquer les filles, les garçons, et leur apprendre que si une situation semble gênante ou malvenue, c’est qu’elle l’est.

Après vingt ans dans la peau d’Olivia Benson, avez-vous envie de faire vingt ans de plus ?

Je vis chaque année l’une après l’autre. Et j’ai fait un deal avec moi-même : je ne continuerai à faire le show que tant qu’il continuera de m’inspirer, personnellement et créativement. Le fait que la série dure aussi longtemps a été ma seconde plus grande surprise. Plusieurs fois, je me suis dit que c’était peut-être la fin. Et puis durant la saison 16, ça a très bien marché. Encore mieux avec la saison 17, qui a eu un superbe final. La saison 18 a été un peu plus faible. Et la saison 19 fut peut-être notre meilleure de toute la série. Elle était rafraîchissante, innovante et le showrunner m’a demandé ce que je voulais… En tant qu’actrice, j’y trouve toujours mon compte, parce que j’adore l’écriture et qu’Olivia ne cesse d’évoluer. Elle est devenue sergent, puis lieutenant, et avec la maternité, il y a toutes ces nouvelles problématiques : comment trouver l’équilibre entre sa maternité et le leadership ? Alors, je suis partante pour la suite. Quelle sera la fin ? Je n’en sais rien encore. Mais je sais que je m’éclate encore et qu’on fait encore de la télé de qualité, qui marque les gens émotionnellement et a vrai impact sur la société. C’est ça le plus grand cadeau : « New York, unité spéciale » est tellement plus qu’une série.