VIDEO. «Désenchantée» sur Netflix: Pourquoi les fans des «Simpson» et de «Kaamelot» vont (peut-être) déchanter
ANIMATION•La nouvelle création de Matt Groening, le père des «Simpson», est disponible vendredi sur Netflix...V. J.
Ryan Murphy (American Horror Story), Shonda Rymes (Grey’s Anatomy) et bientôt les frères Coen mais aussi Martin Scorsese, Netflix s’offre les plus grands noms de Hollywood les uns après les autres, en échange de « quelques » millions de dollars et d’une liberté créative totale. Même Matt Groening, le mythique créateur des Simpson, s’est laissé séduire et offre au service de streaming sa nouvelle série animée, 30 ans après sa drôle de famille jaune et 20 ans après Futurama, son autre chef d'oeuvre. Un événement donc, et malheureusement une petite déception. On vous explique pourquoi.
aLes personnages déjà-vu des Simpson
Bean la princesse alcoolique, Elfo le lutin naïf et Luci le petit démon n’ont a priori rien à voir avec la plus célèbre des familles américaines ou avec les habitants de Springfield. Pourtant, au fil des aventures et des rencontres de notre trio, difficile de ne pas avoir des impressions de déjà-vu. Les facéties de Luci rappellent celles de Bart et plus encore de Bender, l’horrible et génial robot de Futurama. En moins originales et plus anecdotiques.
A l’instar de Fry, le livreur de pizza propulsé dans le futur, Elfo quitte sa forêt pour découvrir le monde et passe son temps émerveillé et en décalage. Quant à Bean, s’il est intéressant que Matt Groening choisisse une héroïne, et même une anti-héroïne, loin des clichés de la princesse, elle ne supporte pas la comparaison avec Lisa et Leela, personnages secondaires mais non moins forts et féministes. La faute aussi à des péripéties peu palpitantes et des épisodes trop longs, la malédiction des séries Netflix.
La parodie médiévale de Kaamelott
Après le présent des Simpson et le futur de Futurama, Matt Groening situe sa troisième série dans le passé, au Moyen-Âge, comme pour boucler la boucle. Enfin, un Moyen-Âge de contes de fées et d’heroic fantasy. La série invoque ainsi ogres pas malins, nains méchants, rois colériques, tavernes obscures, sorcellerie en tous genres sans chercher non plus à aller plus loin, à offrir un nouveau regard sur cet univers chéri des fans du Seigneur des Anneaux, de Game of Thrones ou de Kaamelott.
On pense beaucoup à la série d’Alexandre Astier, ainsi qu’aux Monty Python et à Sacré Graal, devant Désenchantée, et la comparaison ne se fait pas à l’avantage de cette dernière. Elle ne possède ni la personnalité du premier, ni la folie des seconds, et se contente de faire le job, entre classicisme et paresse. Certaines blagues font au mieux sourire, d’autres passent tout simplement inaperçus. Il faut dire que Matt Groening fait le choix étrange et risqué du feuilleton sur dix épisodes, au lieu de faire de chaque épisode un laboratoire d’idées et de gags comme sur Futurama.
La concurrence directe de Rick et Morty
A l’époque des Simpson et même de Futurama, les séries animées pour adultes se comptaient sur les doigts d’une main et étaient l’œuvre de quelques farfelus (Mike Judge pour Beavis & Butt-head et King of the Hill, Seth MacFarlane pour Les Griffin et American Dad). Mais depuis, l’offre s’est multipliée et enrichie de nouvelles voix, de BoJack Horseman à Ricky et Morty en passant par Animals. Désenchantée accuse presque un petit coup de vieux face à la profondeur de l’un, ou la virtuosité et le cynisme des autres. Non pas qu’elle soit déshonorante, Désenchantée se regarde sans déplaisir surtout qu’elle est visuellement belle, mais elle porte trop bien son titre.