Sara Forestier évoque le sort d’Isabelle Adjani et d’Adèle Haenel après leurs révélations sur le monde du cinéma
#MeToo•L’actrice a révélé qu’elle avait été giflée sur un tournage par un autre comédien en 201720 Minutes avec agences
Dans l’adversité, Sara Forestier se tient aux côtés de ses consœurs. La comédienne de 38 ans a récemment porté plainte contre l’acteur Nicolas Duvauchelle qui lui aurait donné une gifle en 2017 sur le tournage du film Bonhomme, dont elle a par la suite été retirée du casting avant de s’éloigner du cinéma pendant trois ans.
Dans une interview avec Mediapart le 3 décembre, l’actrice est revenue sur les révélations d’Isabelle Adjani dans le Journal du Dimanche et d’autres médias, en marge du mouvement #MeToo et de l’affaire Harvey Weinstein, sur les violences et le harcèlement sexuel dans le cinéma, ainsi que celles d’Adèle Haenel dans Mediapart en 2019 sur le « harcèlement sexuel » et « l’emprise » du réalisateur Christophe Ruggia sur elle lorsqu’elle était mineure. Autant de prises de parole qui ont donné du courage à Sara Forestier pour prendre la parole.
« Aucune humanité »
« L’interview d’Isabelle Adjani a été le déclic pour moi », a-t-elle confié à Mediapart. « J’étais dans une période où je sombrais et tout d’un coup je vois qu’il lui est arrivé la même chose : il y a une pièce de théâtre, elle se prend une gifle et elle raconte qu’elle a dû arrêter la pièce de théâtre […] elle dit : "Tout le monde m’est tombé dessus à l’époque". Ils n’ont aucune humanité ces gens ».
Submergée par l’émotion, la comédienne s’est ensuite indignée des « sketchs » moqueurs à l’égard d’Isabelle Adjani et des effets de ses paroles sur sa « réputation ». « C’est ça les réputations qu’on fait aux femmes qui résistent : folles, ingérables », a-t-elle soulevé. « Ce sont des mots où on peut tout englober. Donnez des faits précis en fait. Et donc, c’est le service après-vente des agresseurs ».
« Qu’est-ce qui s’est passé après ? »
Sara Forestier a ensuite évoqué le moment où Adèle Haenel a quitté la cérémonie des Césars en 2020 après la récompense attribuée au réalisateur de J’accuse, Roman Polanski, alors qu’il était accusé de viol. « Quand elle a quitté les César […] moi j’ai tout de suite demandé, quelques jours après, de faire une émission de radio pour la soutenir parce que je voyais une hypocrisie dans le milieu du cinéma », a confié la comédienne.
Elle a ainsi dénoncé la « personnification » effectuée autour de la première prise de parole d’Adèle Haenel « pour ne pas parler du système » et du « renversement » des opinions constaté après le départ de l’actrice des Césars. « Qu’est-ce qui s’est passé après ? Elle a quitté le cinéma mais elle a subi des calomnies, des réputations, toujours les mêmes mécanismes », a remarqué Sara Forestier.
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