La nouvelle activité de Laure Manaudou crée la polémique

La nouvelle activité de « kinésiologue » de Laure Manaudou crée la polémique

DangersCette spécialisation dite « holistique » inspirée de la médecine chinoise est pointée du doigt par la Miviludes, l’observatoire des dérives sectaires
Laure Manaudou inquiète avec sa pratique de la kinésiologie
Caroline Madjar (Cover Media)

Caroline Madjar (Cover Media)

Laure Manaudou était toute fière d’annoncer à Femme actuelle avoir terminé son « cursus en kinésiologie ». Une nouvelle corde à son arc pour celle qui s’est fait connaître du grand public comme championne olympique de natation avant de s’essayer à différents métiers, le dernier étant consultante lors des Jeux olympiques pour France Télévisions.

« J’ai validé mes 600 heures de stage, il ne me reste plus qu’à passer la certification », ajoutait-elle, précisant vouloir commencer à aider les autres via cette méthode dite « holistique » et inspirée de la médecine chinoise. « Comment gérer en groupe, comment aider les personnes psychologiquement est quelque chose qui me passionne », insistait-elle alors. Qu’est-ce donc que la kinésiologie ? C’est la Miviludes qui en parle le mieux.

Risques de dérives sectaires

L’observatoire interministériel des dérives sectaires met en effet en garde sur son site contre cette pratique, dont « les thèses » sont « développées par ces pseudo thérapeutes [qui] s’appuient sur une approche psychologisante reposant sur trois postulats » : le patient est considéré comme responsable du mal qui l’affecte, « l’angoisse de la maladie » et la promesse d’aller mieux en suivant leurs pratiques.

Il en résulte le risque d’une « emprise mentale » sur le patient par un thérapeute « autoproclamé à l’issue de formations non homologuées aux contenus, durée et coûts divers ». La kinésiologie a été pensée, dans les années 1960, par un chiropracteur américain, le Dr George Goodheart. Il affirmait pouvoir évaluer la condition neurologique d’un patient avec un « test musculaire ».

Morts et condamnations

Il a fait des adeptes, dont l’ancien physicien allemand Ryke Geerd Hamer, surnommé, comme le précise The Lancet, « le guérisseur miraculeux du cancer ».

En 1996, en Allemagne, une enfant de six ans, Olivia Pilhar, atteinte d’un cancer, avait été retirée de la garde de ses parents, qui avaient choisi de la soigner par la kinésiologie. Les parents avaient été condamnés pour maltraitance. La fillette avait été prise en charge, sur ordre de la cour, par le corps médical afin qu’elle reçoive les soins appropriés. Bild donnait de ses nouvelles en 2010 : la chimiothérapie avait fonctionné et elle était en rémission complète.

Ce praticien a été condamné plus d’une fois pour exercice illégal de la médecine, dont en 2004, à trois ans de prison ferme pour escroquerie et complicité d’exercice illégal de la médecine, après la plainte d’un mari dont l’épouse avait suivi ses préceptes et était décédée d’un cancer.

De plus en plus d’adeptes depuis le Covid-19

De ce côté-ci du Rhin, en 2000, le jeune Kerywan est décédé à l’âge de 16 mois, privé de soins par ses parents qui s’étaient tournés vers la kinésiologie. L’enfant est mort de malnutrition après avoir suivi un régime sans protéine animale ni suppléments vitaminiques.

Malgré la dangerosité de ces pratiques, elles font de plus en plus d’adeptes, comme l’alertait l’Ordre des médecins en 2023. Une hausse accélérée pendant la pandémie de Covid-19. L’organisme propose de « faire le tri entre des pratiques dangereuses pour les patients et celles qui peuvent présenter un intérêt dans l’accompagnement du malade et les restreindre au seul domaine du bien-être ».

Selon la Miviludes, 70 % des signalements reçus sur les pratiques liées à la santé concernent ces nouvelles thérapies non homologuées et non encadrées.