Indochine donne une leçon à Oasis sur le prix des places de concerts
Bon sens•Oasis s’est dédouané en rejetant la faute de la hausse du prix des tickets sur leurs promoteur et équipe de management. Mais pour Nicola Sirkis, c’est visiblement une excuse un peu facileCaroline Madjar (Cover Media)
La polémique ne désenfle pas autour du prix qu’ont dû débourser les fans d’Oasis pour assister aux concerts de reformation du groupe quinze ans après leur séparation. La tarification dynamique, qui fait augmenter le prix initial indiqué en fonction de la demande, et que Ticketmaster a comparée au système utilisé par les hôtels et les compagnies aériennes, est sous le coup de plusieurs enquêtes de la part des défenseurs du consommateur, que ce soit au Royaume-Uni ou en Europe, la Commission européenne s’étant elle aussi saisie du dossier.
Oasis s’est dédouané en rejetant la faute sur leurs promoteur et équipe de management, mais pour Nicola Sirkis, c’est visiblement une excuse un peu facile. « On est dans le capitalisme à outrance, il faut l’accepter, mais nous, on a le pouvoir de le refuser de temps en temps », a déclaré à la RTBF le leader d’Indochine.
Imposer sa loi
Le groupe mené par Nicola Sirkis, qui vient de sortir l’album Babel Babel, lance son Arena Tour, qui commencera à Aix-en-Provence le 31 janvier 2025. La billetterie ouvre ce 14 septembre à 10 heures. Le sujet est donc plus que d’actualité, d’autant que leur guitariste Boris Jardel n’a jamais caché son penchant pour les lads de Manchester. Nicola Sirkis le promet, il n’y aura pas de tarification dynamique pour les places de concert d’Indochine.
« Nous, on est au courant de ça, on impose ça. C’est-à-dire qu’effectivement, on a cette chance d’avoir un public derrière nous et d’avoir ce pouvoir. Il ne se passera jamais avec Indochine des carrés or ou des choses comme ça, parce que ça, on le refuse », ajoute-t-il.
« C’est ignoble »
Une « chance » qu’a pourtant également Oasis. De l’aveu même du groupe dans sa tentative de se raccrocher aux branches après le backlash envoyé par leurs fans, dix millions de personnes de 158 pays différents ont tenté d’obtenir un billet. Une ferveur qui n’a pas étonné grand monde, hormis, donc, les Mancuniens et la billetterie Ticketmaster (qui est une filiale du tourneur Live Nation) qui s’attendaient peut-être à moins d’excitation après quinze ans de hiatus.
De son côté, Nicola Sirkis avance une autre explication. « On est détesté – surtout moi – par beaucoup de producteurs de spectacles, parce que je ne suis pas là, et on n’est pas là, pour gagner de l’argent, alors qu’eux (les producteurs et promoteurs) sont là pour gagner beaucoup, beaucoup d’argent », lance-t-il.
« C’est juste pour s’acheter des yachts ou faire plaisir aux actionnaires »
Pour le chanteur d’Indochine, ce qu’ont subi les fans d’Oasis est tout simplement « ignoble ». Et de préciser : « C’est ignoble, le prix des places, surtout quand nous on connaît le tarif. On sait combien ça coûte un projecteur, du son, etc. Donc c’est juste pour s’acheter des yachts de plus ou des trucs ou faire plaisir aux actionnaires. »
La solution ? « Quand on est artiste, il ne faut pas laisser tout dans les mains de son producteur de concert. Il faut être au courant de tout », a-t-il conseillé. Et ce n’est pas vraiment demander la lune, d’autant qu’en 2017, Liam Gallagher traitait (pour la énième fois) son frère Noel de « connard » sur Twitter pour vendre des billets à « 350 dollars », soit 317 euros, lors de sa tournée solo aux Etats-Unis avec ses High Flying Birds. Il s’agissait de places VIP.
Pour voir Oasis debout dans la fosse du stade de Wembley en 2025, les fans se sont vus proposer un tarif « dynamique » à 350 livres sterling, soit environ 415 euros. En guise d’excuses, les fans peuvent à nouveau sortir leur carte bleue pour les deux concerts ajoutés en septembre 2025 - s’ils ont la « chance » d’avoir été sélectionnés pour participer au tirage au sort qui donne accès à la vente. Aucune précision n’a été donnée sur les prix des billets ni si la tarification dynamique était abandonnée.
À lire aussi