Alain Chamfort ne regrette pas Le Temps qui court… Au moment de prendre sa presque retraite avec panache et un dernier album, L’Impermanence, l’auteur-compositeur-interprète de 75 ans s’est livré à l’exercice du bilan.

Un bilan qui concerne sa carrière (plus de cinquante ans), et ceux et celles qu’il a croisés au long de ce parcours riche en événements, succès et rencontres inoubliables. C’est bien simple : ce changement incessant qu’évoque le titre de son prochain album caractérise aussi son parcours.

Alain Chamfort a écrit pour Claude François, joué avec Jacques Dutronc, travaillé avec Véronique Sanson, Jane Birkin, Lio, Bertrand Burgalat et même Serge Gainsbourg. Mais s’il a accompagné sur Et moi et moi le chanteur des Playboys, l’interprète de Manureva a toujours opté pour la discrétion.

« Économiquement, je n’ai jamais été particulièrement rentable, ce qui m’a fait occuper une place assez fragile. J’ai eu la confiance de gens à des époques plus ou moins faciles et ça m’a permis de construire un répertoire, d’avoir de la flexibilité, aussi », confie-t-il au Figaro, qui lui consacre un grand article alors que L’Impermanence doit sortir le 22 mars.

Impermanence mais pas clémence

Son bilan, professionnel comme personnel, juge-t-il, est positif. Alain Chamfort est plutôt du genre à dire un Gracias a la vida (Merci à la vie, comme le déclamait la chanteuse chilienne Mercedes Sosa) qu’à se lamenter sur des occasions perdues ou le cancer des os qu’il a contracté. La vie en effet, dit-il, lui a donné beaucoup, et en particulier le bonheur de pouvoir « élever ses enfants » sans avoir « besoin d’exercer une autre activité » que la musique. Une grande disponibilité dont Alain Chamfort se réjouit encore. Aussi ne comprend-il pas ceux qui osent se plaindre de leur vie d’artiste.

Au cours de son entretien avec le journaliste du Figaro, il s’emporte un peu contre les ronchons de sa profession. Dans son viseur : « Alain Delon ou Michel Sardou qui se plaignent et râlent que c’était mieux avant ». Il tacle alors ceux qui « ont eu des vies magnifiques » et ne savent pas l’apprécier.

Michel Sardou vient de faire ses adieux à la scène non sans râler. Et les spectatrices qui ont quitté son concert lorsqu’il a dit qu’aujourd’hui « un jeune homme qui pose sa main sans son consentement sur la main d’une femme, c’est garde à vue direct » iront sans doute dans le sens de l’interprète de Tout est pop.

En revanche, concernant Alain Delon, qui fait les gros titres pour ses problèmes familiaux quand ses trois enfants se déchirent autour de son devenir et apparaît comme un homme profondément malheureux et déprimé, on se dit qu’Alain Chamfort a manqué de clémence ! Car c’est sûr, pour le Samouraï, la vie, c’était mieux avant…