Karin Viard s’exprime sur l’impression de « complicité » du milieu du cinéma
Violences faites aux femmes•L’actrice, qui a elle aussi connu des « comportements inappropriés », pointe un contexte de banalisation qui empêchait la prise de conscience des victimes20 Minutes avec agences
C’est devenu un exercice obligatoire, depuis les révélations de Judith Godrèche : il n’y a pas d’émission télé avec des personnalités de cinéma sans question dédiée aux abus sexuels dans le milieu. Ce qui aide les langues à se délier et les vérités à éclater. Ainsi, Karin Viard, en promo du film Madame de Sévigné, qui sort en salles mercredi, a fait part de sa propre expérience qui apporte un nouvel éclairage sur l’état d’esprit d’une époque (on espère) bientôt révolue.
L’actrice a évoqué Gérard Depardieu, affirmant qu’il l’a « pelotée » sur le tournage du film Potiche sorti en 2010, presque un sujet mineur pour elle. « Je ne dénonce pas du tout. Il a essayé, je lui ai dit fous moi la paix, et il a arrêté immédiatement », a-t-elle expliqué sur le plateau de C à Vous.
Prise de conscience
Car la maman de Marguerite et Simone n’a pas pris la mesure de ce qu’elle subissait. « Quand on me dit que tout le monde était complice, à ce compte-là je l’étais aussi, je trouvais tous ces comportements inappropriés assez normaux en fait », déclare-t-elle. « J’ai vécu et grandi là-dedans, au fond se faire un peu peloter… je ne songeais pas à dire : “Ah arrête, mais ça ne va pas du tout !”, il faut qu’on se réunisse et qu’on dénonce ce genre de comportement ».
Fausse complice et vraie victime
Ce que pointe Karin Viard, c’est un contexte d’hébétude. « La plupart des gens n’étaient pas spécialement complices. C’est comme si tu ne te posais pas la question. Ce sont des comportements inappropriés que tu acceptes, tu ne sais même pas pourquoi. Tu ne te poses pas la question en fait », ajoute-t-elle.
L’actrice, qui incarnait une mère dans le déni dans Les Chatouilles, donne un exemple édifiant : Judith Godrèche à l’âge de 14 ans et sa relation avec Benoît Jacquot, 35 ans de plus qu’elle au moment des faits. « Je me souviens très bien avoir su que cette fille très jeune s’était mise avec ce mec très vieux et de m’être dit : “Elle est vachement mature pour son âge en fait”. Tu ne songeais pas à te dire “il y a un truc qui ne va pas du tout” », avoue Karin Viard, qui « trouvait normal d’être payée moins qu’un homme. Pourquoi, je ne sais pas. Heureusement maintenant on s’interroge. »
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