Bien avant l’annonce de la retraite de Bruce Willis après son diagnostic d’aphasie, plusieurs réalisateurs s’étaient rendu compte qu’il y avait un problème. Un article du Los Angeles Times met en lumière les défaillances cognitives, qui apparaissaient de plus en plus claires lors des ultimes tournages de l’acteur, qui a enchaîné ces dernières années les productions à petit budget, avec des rôles plus vraiment à la hauteur de son aura de superstar.

« Après le premier jour de travail avec Bruce, j’étais aux premières loges pour le voir, et j’ai compris qu’il y avait un enjeu plus important ici et pourquoi on m’avait demandé de raccourcir ses dialogues », explique Mike Burns, qui a dirigé Bruce Willis sur le film Out of Death (un nanar sorti en VOD l’année dernière).

Le cinéaste précise qu’il a dû condenser 25 pages de dialogues en une seule journée de tournage. Lorsqu’on lui a promis que Bruce Willis allait mieux et qu’on lui a proposé de tourner un deuxième film avec la star de Piège de Cristal, Mike Burns a accepté. Et il a vite regretté. « Je ne pensais pas qu’il allait mieux ; je pensais qu’il allait encore plus mal. Après avoir terminé, j’ai dit : "J’en ai assez. Je ne ferai pas d’autres films de Bruce Willis". Je suis soulagé qu’il prenne du temps pour se reposer », a-t-il expliqué.

Heureux d’être là

Mêmes inquiétudes du côté de Jesse V. Johnson, qui a réalisé White Elephant l’année dernière. Pendant le tournage, le cinéaste a fini par se renseigner de l’état d’esprit de Bruce Willis (et cognitif) auprès des agents de l’acteur, tellement il ne le reconnaissait pas.

« Ils ont dit qu’il était heureux d’être là, mais que ce serait mieux si nous pouvions finir de le filmer avant le déjeuner et le laisser partir plus tôt », se souvient-il, ajoutant que la star a même lancé à deux techniciens du film « Je sais pourquoi vous êtes là, et je sais pourquoi vous êtes là, mais pourquoi suis-je là ? »

Sur les trois dernières années, Bruce Willis a tourné 21 films (avec des cachets ne dépassant pas les 2 millions de dollars la plupart du temps, comme l’indique le Guardian), comme s’il savait qu’il fallait enchaîner les projets à petit budget avant que sa carrière ne prenne fin.