Ibrahim Maalouf: Six mois de prison avec sursis requis pour agression sexuelle
PROCES•Le parquet a requis vendredi six mois de prison avec sursis contre le trompettiste franco libanais Ibrahim Maalouf, jugé ce vendredi pour agression sexuelle sur mineure…20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Le trompettiste franco libanais Ibrahim Maalouf est jugé devant le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) pour agression sexuelle sur une collégienne de 14 ans en stage dans son studio d’enregistrement en 2013.
- Le parquet a requis vendredi six mois de prison avec sursis, en soulignant la « non-dangerosité » de l'artiste.
- Le jugement sera rendu le 23 novembre.
Le parquet a requis vendredi six mois de prison avec sursis, en soulignant sa « non-dangerosité », contre le trompettiste franco libanais Ibrahim Maalouf, jugé ce vendredi devant le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) pour agression sexuelle sur une collégienne de 14 ans en stage dans son studio d’enregistrement en 2013. Le jugement sera rendu le 23 novembre.
« Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses »
Selon la version de la jeune femme, aujourd’hui âgée de 18 ans, le musicien l’aurait embrassée une première fois un soir à la sortie d’un cinéma. Un « baiser avec la langue » selon elle, un « bisou », selon Ibrahim Maalouf, 33 ans à l’époque, en 2013.
Pour lui, c’est la jeune fille qui en était à l’origine : « Je lui ai pris les poignets, je me suis éloigné d’elle, sans la brusquer ».
Deux jours plus tard et selon la version de la jeune fille, le musicien l’aurait à nouveau embrassée, dans son studio d’enregistrement cette fois. Il l’aurait « attrapée par le bassin », mimant un acte sexuel. « Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses », avait-elle déclaré aux enquêteurs.
Cette deuxième séquence n’a jamais existé, a pour sa part maintenu à la barre le trompettiste, lauréat de quatre Victoires de la Musique et d’un César de la meilleure musique de film. « En aucun cas je n’ai eu d’attirance physique ou sexuelle » pour cette « adolescente », a-t-il assuré, se sentant cependant « coupable » de « ne pas avoir su mettre des limites ».
« Dépit amoureux » ou « surprise » et « contrainte »
Les parents n’ont signalé les faits qu’un an plus tard, après qu’elle se soit confiée à un médecin. Elle avait commencé à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, et a depuis effectué plusieurs hospitalisations et thérapies.
« Comment voulez-vous qu’une jeune fille dont l’état de santé s’est objectivement dégradé, mente, pour rien, juste parce qu’elle aurait été vexée d’avoir été éconduite ? », s’est énervé le procureur dans ses réquisitions. Et s’adressant à Ibrahim Maalouf : « Il faut plus que de l’aplomb pour imputer ça à une jeune fille de 14 ans ».
Aucun doute pour lui, la jeune fille, qui voulait être trompettiste et avait reconnu être « fascinée », « amoureuse » du musicien, est « crédible ». Il y a eu « surprise » et « contrainte », a-t-il estimé.
Dans sa plaidoirie, l’avocate d’Ibrahim Maalouf, Maud Sobel, a elle parlé de « dépit amoureux » d’une jeune fille qui « aurait souhaité que cette transgression continue ». Elle a plaidé la relaxe, estimant qu’il n’y avait pas d’éléments pour étayer sa culpabilité.
« J’avais l’impression qu’il m’accordait une importance démesurée »
« Je pensais que c’était quelque chose de génial qui m’arrivait, avait dit à la barre la jeune fille. Je lui étais reconnaissante, j’avais l’impression qu’il m’accordait une importance démesurée, à mon âge, avec sa notoriété. J’ai mis du temps à réaliser que ce n’était pas normal ». « Je sais que je dis la vérité », avait ajouté cette étudiante en lettres d’une voix timide mais ferme.
Dans ses réquisitions, le procureur a souligné la « non-dangerosité » d’Ibrahim Maalouf, et noté qu’il ne souhaitait pas requérir que ce dernier, qui enseigne la musique aux jeunes, ne puisse plus travailler avec des mineurs. « Il y a des moments où ça peut arriver, à chacun d’entre nous, de commettre des infractions », a-t-il dit.