MODELa toile denim est de retour à Nîmes, la ville où elle est née

Nîmes : La toile denim, utilisée pour fabriquer les jeans, de retour dans la ville où elle est née

MODELes Ateliers de Nîmes ont fait le pari de relancer la fabrication de ce tissu légendaire dans la capitale du Gard, où il est né il y a cinq siècles
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • La toile denim est née, comme son nom l’indique, à Nîmes, au XVIe siècle.
  • Si, au fil des siècles, elle a conquis le monde entier à travers le succès du jean, sa production avait complètement disparu, dans la capitale du Gard.
  • Les Ateliers de Nîmes ont fait le pari d’en relancer la production. Les premiers jeans tissés entièrement à Nîmes seront disponibles cet automne.

Si l’on porte tous, ou presque, des pantalons en jean, on le doit sans doute un peu à James Dean et Marlon Brando. Mais surtout… à Nîmes. La capitale du Gard fut en effet, dès le XVIe siècle, le berceau de cette toile légendaire. A l’époque, elle n’était pas encore en coton, mais en laine et en soie, et servait à la confection de futaines et de casaquins, des vêtements qui habillaient principalement les paysans.

A la faveur de l’exil des commerçants nîmois qui avaient bâti leur fortune sur ce savoir-faire, elle a traversé les frontières. En gardant son appellation : la toile denim. On connaît la suite : des industriels américains l’ont adoptée, pour donner naissance au célèbre pantalon à rivets. Et si la fabrication de cette matière ultra-populaire a colonisé le monde entier, à Nîmes, elle a disparu. La marque française Les Ateliers de Nîmes, qui fabrique des jeans, depuis 2014, dans le chef-lieu du Gard, a fait le pari de relancer la production de la toile denim dans la ville où elle a vu le jour, il y a cinq siècles.

« Un travail de longue haleine »

« On est parti d’une page blanche, confie Guillaume Sagot, qui a créé l’entreprise avec deux associés, Anthony Dubos et Clément Payen. A Nîmes, il n’y avait plus d’atelier, plus personne ne savait tisser la toile. Nous avons d’abord lancé notre marque, avec des toiles qui venaient d’Italie. Les pantalons étaient ensuite assemblés en France, à Marseille et à Bobigny. Cela nous a permis de démarrer notre activité économique. »

Ces dernières années, les entrepreneurs ont pu enfin toucher du doigt le projet qu’ils chérissaient depuis le début : faire renaître la toile née à Nîmes. Ils ont réussi à dénicher, non sans mal, des « métiers à tisser », des machines qui servent à la fabrication du tissu. Deux d’entre elles datent des années 1960, une autre des années 1990.

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« Les deux plus anciennes n’avaient pas été remises en état depuis très longtemps, confie Guillaume Sagot. Nous sommes encore en train de travailler dessus. C’est un peu comme une vieille voiture qui n’aurait pas fonctionné depuis des années. Il manquait des pièces. Et elles sont très difficiles à trouver. » C’est « un travail de longue haleine », qui n’est pas « sans déconvenues », reprend l’entrepreneur nîmois, qui se félicite, après des années de recherches, de pouvoir tisser sa propre toile denim. « Je trouvais dommage que l’histoire de la toile denim ne soit qu’une histoire que l’on se raconte à table, à Nîmes. Je me suis dit que c’était une bonne idée de la faire revivre. C’est une première pierre, que l’on pose », reprend l’entrepreneur, qui espère, pouvoir, un jour, « transmettre son savoir à d’autres », pour que cette toile ne quitte plus jamais le Gard.

Pour l’accompagner dans ce défi, Guillaume Sagot a fait appel aux connaissances de deux retraités du textile, Alain Beauchemin et Lucien Bialic. « Le pari de Guillaume [Sagot] est osé, ambitieux, je me suis dit qu’il fallait l’aider, confie Alain Beauchemin, ancien ingénieur dans le secteur. Je n’ai pas hésité à transmettre ce que je savais. Ça me ramène quarante ans en arrière. C’est un projet qui fait vraiment chaud au cœur. » Les premiers jeans tissés à Nîmes seront disponibles cet automne, sur la boutique​ en ligne de la marque ou chez ses partenaires, notamment Printemps ou la Samaritaine.