Fréquences TNT : Cyril Hanouna et C8 vont jouer leur va-tout devant le Conseil d’État
ON VA AU FIGHT•Ils y contesteront le non-renouvellement de la fréquence de la chaîne par l’ArcomO.M. avec AFP
C’est sa dernière chance : évincée de la TNT à partir de la fin février 2025, C8, la chaîne de l’animateur controversé Cyril Hanouna fait monter la pression en annonçant qu’elle contestera, vendredi 15 novembre 2024, devant le Conseil d’État, la décision de l’autorité de régulation de l’audiovisuel.
Propriété du groupe Canal+, dans le giron du milliardaire ultra-conservateur Vincent Bolloré, C8 a lancé, en fin de semaine dernière, une pétition de soutien, qui a déjà rassemblé plus de 400.000 signatures.
L’audience au fond devant la plus haute juridiction administrative se tiendra dans l’après-midi du vendredi 15 novembre 2024 et la décision sera mise en délibéré dans les semaines qui suivront. La chaîne NRJ 12, dont la fréquence n’a pas non plus été renouvelée, est également partie prenante.
Le Conseil d’Etat a déjà rejeté en septembre 2024 les recours intentés en référé (procédure d’urgence) par les deux chaînes.
Une décision prise « dans l’Intérêt du public »
A l’origine de leur courroux, la présélection, dévoilée en juillet 2024 par l’Arcom, pour la réattribution de quinze fréquences télé en 2025 : l’autorité indépendante de régulation avait alors écarté le renouvellement de C8 et NRJ12, dont le bail arrive à échéance fin février 2025, et n’a pas retenu la candidature de la web-télé de gauche radicale Le Média, qui a également saisi le Conseil d’État.
Deux nouveaux venus leur ont été préférés : OFTV (groupe Ouest France) et RéelsTV (CMI France, du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky). Pour fonder cette présélection, l’Arcom a indiqué avoir apprécié « notamment l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme ».
Les chaînes toujours en lice n’obtiendront toutefois leur autorisation d’émettre qu’après avoir signé de nouvelles conventions avec le régulateur, d’ici à la fin de l’année.
Les empires contre-attaquent
Mais NRJ12 a pris les devants et saisi, en septembre 2024, le Conseil d’État. D’après son propriétaire NRJ Group, la « viabilité économique » et donc « l’existence » de la chaîne sont menacées et, par ricochet, « le modèle économique de Chérie 25 », autre antenne du même groupe.
C8 a suivi devant la justice, en invoquant une situation « particulière au regard des enjeux économiques, sociaux et concurrentiels engendrés » pour une chaîne existant « depuis près de vingt ans », selon son propriétaire Canal+. Quelque 400 emplois sont concernés.
Mais C8 a cumulé 7,6 millions d’euros d’amende en raison des dérapages de son animateur vedette Cyril Hanouna. L’Arcom a « surtout entendu sanctionner la chaîne » pour ces « manquements » liés à l’émission Touche pas à mon poste ! (TPMP)… alors que ceux-ci ont déjà été « sanctionnés lourdement », pointe Canal+.
Hanouna prêt à rebondir
Cyril Hanouna se prépare à toute éventualité. Il a assuré fin octobre 2024 qu’il resterait, quoi qu’il en soit, dans le groupe Canal+, au sein duquel il travaille, pour créer une offre multimédia déclinée sur internet et sur support papier, en plus de la télévision.
Les médias de l’ensemble du groupe sont mobilisés pour le maintien de C8. La chaîne est « populaire », avec plus de 9 millions de téléspectateurs par jour, et « il ne faut jamais mépriser le public », a par exemple affirmé Pascal Praud, une des têtes d’affiche de CNews, mardi 12 novembre 2024. « Le soupçon d’une décision politique plane sur la décision de l’Arcom », a-t-il aussi argué.
Les politiques s’en mêlent
C’est que le renouvellement des fréquences a aussi agité la sphère politique : le député LFI Aurélien Saintoul, rapporteur d’une commission d’enquête sur la TNT début 2024, avait notamment déploré, en juillet 2024, que l’Arcom ait retenu la candidature de CNews, accusée par de nombreux politiques de gauche de promouvoir des idées d’extrême droite (ce qu’elle conteste).
CNews a d’ailleurs accédé à la première marche du podium des chaînes d’info continue à plusieurs reprises ces derniers mois.
Notre dossier « TNT »La télévision numérique terrestre (TNT), lancée en 2005 en métropole, structure encore largement le paysage audiovisuel français et reste l’unique mode de réception de la télévision pour près de 20 % des foyers équipés d’un poste.