Deux dirigeants du « Canard enchaîné » au tribunal pour des soupçons d’emploi fictif
noix d’honneur•La compagne d’un dessinateur et ex-administrateur du journal aurait bénéficié pendant 25 ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé.20 Minutes avec AFP
Pan sur le bec ! Le « Canard enchaîné » est au centre de l’actualité judiciaire d’une manière inédite. Deux de ses ex-dirigeants, un ancien dessinateur et la compagne de ce dernier comparaissent pour des soupçons d’abus de biens sociaux au préjudice de l’hebdomadaire satirique.
Pendant quatre jours, Michel Gaillard, président du Canard de 1992 à juillet 2023, Nicolas Brimo, qui lui a succédé, l’ancien dessinateur André Escaro et sa compagne Edith Venderdaele, seront jugés par la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.
Plainte d’un journaliste
L’affaire éclate en mai 2022. Christophe Nobili, l’un des journalistes à l’origine des révélations sur les emplois fictifs de l’épouse de François Fillon pendant la campagne présidentielle 2017, porte plainte contre X.
Il dénonce le fait que la compagne d’André Escaro, dessinateur et ex-administrateur du journal, aurait bénéficié pendant vingt-cinq ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé.
Selon un rapport de synthèse de juillet 2023 de la brigade financière, révélé par Mediapart, André Escaro a expliqué aux enquêteurs qu’une fois parti à la retraite en 1996, il avait continué à envoyer chaque semaine des dessins et qu’il s’était mis d’accord avec les dirigeants du journal pour que sa compagne, qui lui apportait « une contribution morale et technique à la préparation des caricatures », soit rémunérée par le journal.
1,5 million d’euros de préjudice
Or, « la seule action tangible » ressortie des investigations est que Mme Vanderdaele a transmis les dessins « chaque semaine par fax ou par mail au Canard enchaîné », précise le rapport.
Le préjudice a été évalué à près de 1,5 million d’euros entre 2010 et 2022, période retenue par les enquêteurs, les faits commis avant 2010 étant prescrits. Contactés par l’AFP, les avocats de la défense n’ont pas donné suite.
« Les manœuvres des anciens dirigeants ont occasionné plusieurs millions d’euros de préjudice pour le Canard, et surtout ont fait peser un risque sur sa crédibilité », a déclaré à l’AFP Me Pierre-Olivier Lambert, qui défend Christophe Nobili avec Me Maria Cornaz Bassoli.