L’Arcom annonce qu’elle va sanctionner les « déséquilibres durables » des opinions à l’antenne
audiovisuel•Fini les avertissements, l’Arcom veut maintenant agir contre les chaînes et stations qui ne respectent pas le pluralisme20 Minutes avec AFP
Le Conseil d’Etat avait fixé l’objectif en février : l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, avait six mois pour renforcer son contrôle sur CNEWS, « devenue un média d’opinion » selon les mots de Reporters sans frontières qui avait déposé le recours à l’initiative du mouvement. Ce jeudi, la décision est tombée. Le gendarme de l’audiovisuel pourra désormais sanctionner tout « déséquilibre manifeste et durable » dans l’expression des opinions sur chaque radio et télé.
Pour juger du respect général du pluralisme, au-delà des temps de parole politique, l’Arcom s’appuiera sur un faisceau d’indices : variété des sujets abordés à l’antenne, diversité des intervenants et pluralité de points de vue, selon cette délibération prise mercredi.
Pas de décompte
Dans sa délibération, elle rappelle tout d'abord « la primauté de la liberté de communication ». « Les médias sont libres de choisir les sujets qu'ils veulent traiter » et « il n'est pas question pour le régulateur ni de cataloguer, ni de ficher, ni d'étiqueter les intervenants - animateurs, journalistes, invités », a souligné devant la presse le président de l'autorité indépendante, Roch-Olivier Maistre, alors que des inquiétudes avaient émergé.
Radios et télés n'auront pas à faire de décompte régulier auprès de l'Arcom des sujets traités et des intervenants, comme elles le font actuellement pour les temps de parole politique. Ce n'est qu'en cas d'alerte ou de litige qu'elles auront à prouver ce respect général du pluralisme.
Des mois de pression
En pleine procédure de renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT), les responsables de CNews, auditionnés lundi par l'Arcom, ont tenté de donner des gages, avec notamment une prochaine « direction du pluralisme ».
Après la décision du Conseil d’Etat et en prévision de celle de l’Arcom, les figures de la chaîne du canal 16, de Pascal Praud à Laurence Ferrari, étaient montées au créneau pour dénoncer une manœuvre d' « intimidation » et un risque d’atteinte à « la liberté d’expression ».
Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, avait répondu que l’Arcom serait « très vigilante au respect de la liberté éditoriale ». Ainsi « cela ne conduira en aucune façon à intervenir ni dans le choix des thématiques traitées, ni dans le choix des intervenants sur les plateaux », avait-il assuré, alors que des inquiétudes avaient émergé quant à, par exemple, un possible fichage des journalistes selon leur supposée orientation politique.
Pressé par l’Arcom de prendre des engagements plus précis sur le pluralisme, le président du directoire du groupe Canal+ dont dépend CNews, Maxime Saada, était monté lundi au créneau. « Plutôt que de prendre des engagements en amont de votre délibération (…) on a choisi d’attendre », avait-il lancé, tout en promettant d’appliquer les nouvelles règles. Elles sont désormais connues.
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