CONTROVERSELa (non) couverture des législatives françaises par la Rai fait polémique

Italie : Une vice-directrice démissionne après la polémique sur la non couverture des législatives françaises par la Rai

CONTROVERSESi, dimanche, plusieurs chaînes italiennes ont suivi en direct l’issue du scrutin français, l’événement politique a été relégué au second plan sur les antennes de la Rai. La vice-directrice de RaiNews24 a présenté sa démission - qui a été refusée
Le 7 juillet 2024, place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris, une foule a célébré l'arrivée en tête du Nouveau Front populaire aux second tour des législatives.
Le 7 juillet 2024, place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris, une foule a célébré l'arrivée en tête du Nouveau Front populaire aux second tour des législatives.  - T. Nicholson//SIPA / Sipa
Fabien Randanne

Fabien Randanne

EDIT 10 juillet 2024 à 9H55 : Mise à jour de l'article avec la démission, refusée, d'Ida Baldi, vice-directrice de la chaîne info RaiNews24, et la réaction d'Eddy Schlein du Parti démocrate italien.

Le résultat du second tour des législatives a été scruté bien au-delà des frontières françaises. Le dénouement du scrutin a particulièrement attiré l’attention en Italie où quelques-unes des principales chaînes comme La7, Rete4 et Mediaset avaient prévu des soirées électorales en direct pour commenter la nouvelle composition du gouvernement tricolore et envisager les conséquences sur le plan international.

En revanche, La Repubblica souligne que les chaînes du service public, telles que la Rai, ont proposé un tout autre programme à base de divertissements et rediffusions de fictions. Il a fallu attendre 23h15 pour que la politique française soit abordée sur Rai3.

« Trahison du service public »

Ces choix éditoriaux ont provoqué l’émoi du Parti démocrate italien qui s’est adressé à la Commission de surveillance de la Rai : « Se pourrait-il que le triomphe du Nouveau Front populaire dérange les plans du Palais Chigi [Giorgia Meloni, la Première ministre d’extrême droite] pour les négociations dans l’UE ? »

Vittorio Di Trapani, président de la Fédération nationale de la presse a, lui, réagi sur X. « Pourquoi aucune des antennes généralistes de la Rai n’a-t-elle ouvert un espace pour informer les citoyens de l’élection en France ? Le résultat du scrutin a-t-il déplu a quelque homologue en Italie ? Cette trahison du service public méritera-t-elle une sanction disciplinaire ? »

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La chaîne d’information continue RaiNews24, elle, a ouvert son édition de 22 heures sur… le festival Città Identitarie (« villes identitaires »).

« RaiNews24 n’avait jamais touché le fond à ce point. Jamais elle n’avait manqué autant à sa mission d’information à l’occasion d’un rendez-vous électoral aussi important », a réagi le Comitato di redazione (CDR, l’équivalent des Sociétés de journalistes françaises) de la chaîne, dans un communiqué relayé ce lundi par les médias italiens.

« On en viendrait à penser qu’il ne voulait pas accorder trop de place à la débâcle de la droite »

Le texte formule ensuite des reproches au directeur de la chaîne, Paolo Petrecca : « On en viendrait à penser [qu’il] ne voulait pas accorder trop de place à la débâcle de la droite. Petrecca a trouvé opportun, lors d’une soirée comme celle-ci, de donner de la visibilité à un événement qui n’est pas désintéressé ni exempt de liens personnels. Un choix qui reflète la dérive que prend le journal depuis quelque temps et qui suscite notre indignation. »

La missive a provoqué la colère de Paolo Petrecca qui a répliqué : « Je demande une explication formelle de la phrase "qui n’est pas désintéressé ni exempt de liens personnels" », a-t-il écrit, précisant envisager une plainte pour diffamation. Selon La Repubblica, il s’agit d’une référence à la présence, sur la scène du Festival, d’Alma Manera qui serait, d’après le site people Dagospia, la compagne de Paolo Petrecca.

Le directeur de la chaîne nie par ailleurs « toute responsabilité sur la décision du sujet d’ouverture du journal de 22 heures » et conclut, cinglant : « Je me demande comment la rédaction peut encore vous faire confiance, vu ce que vous écrivez. »

Ce n’est pas la première fois que Paolo Petrecca, qui, selon Il Fatto Quotidiano, ne cache pas ses sympathies envers la droite de l’échiquier politique, fait l’objet de reproches du CDR de la chaîne. En juin, il avait été vivement critiqué pour avoir décidé de retransmettre en direct 47 minutes d’une conférence de presse, « sans questions », de Giorgia Meloni, la Première ministre d’extrême droite.

Face à l'intensité de la controverse, Ida Baldi, la vice-directrice de RaiNews24 qui était aux commandes dimanche soir à présenté sa démission. Elle a été refusée par le PDG de la Rai, précise Il Corriere della Sera. « C'est Petrecca et non la vice-directrice qui aurait dû démissionner, a réagi Elly Schlein, la secrétaire du Parti démocrate. Si Le Pen avait gagné, aurait on vu RaiNews ne pas couvrir le résultat du scrutin français ? C'est TéléMeloni, c'est une préoccupation de la Rai. »