Régulation : L’Australie renonce à contraindre X à retirer certaines vidéos violentes
BRAS DE FER•Le régulateur australien voulait que soient retirées les publications d’une attaque au couteau à SydneyO.M. avec AFP
C’est la fin d’un combat judiciaire… perdu d’avance ? Les autorités australiennes ont en tout cas annoncé, ce mercredi 5 juin 2024, l’abandon de leurs poursuites judiciaires contre le réseau social X (anciennement Twitter) visant à le contraindre à retirer des vidéos montrant une attaque au couteau dans une église de Sydney.
Le régulateur australien eSafety, chargé de la sécurité en ligne, avait ordonné au réseau social d’Elon Musk de retirer, en Australie et dans le reste du monde, quelque 65 vidéos et audios montrant un prêtre se faire poignarder à plusieurs reprises lors d’un sermon retransmis en direct, mi-avril.
Le « géoblocage », vraiment suffisant ?
X avait contesté le droit de l’autorité à ordonner un retrait mondial, arguant que le géoblocage – une pratique consistant à limiter l’accès à certains sites web en fonction de la localisation – des utilisateurs australiens était suffisant.
Mais eSafety avait fait valoir que les mesures prises par X étaient facilement contournables en utilisant un réseau privé virtuel (VPN) ou un autre service de masquage de localisation.
Musk et la liberté d’expression
« Cette affaire a soulevé des questions importantes sur la manière dont les pouvoirs judiciaires peuvent être utilisés pour menacer la censure mondiale de la parole », a réagi X dans un communiqué publié sur sa propre plateforme. Dans une publication séparée, le milliardaire Elon Musk a déclaré que « la liberté d’expression vaut la peine d’être défendue ».
La décision de la commissaire australienne à la sécurité de l’internet intervient après un revers subi par eSafety mi-mai, quand X avait obtenu la suspension d’une injonction de retirer ces vidéos dans le monde entier.
Éviter qu’une vidéo devienne virale
« Le seul objectif de notre demande était d’empêcher que cette séquence extrêmement violente ne devienne virale, n’incite potentiellement à d’autres violences et n’entraîne davantage de préjudices pour la communauté australienne », a rappelé la responsable d’eSafety, elle-même ex-salariée de Twitter.
La responsable d’eSafety a affirmé que X retirait régulièrement des contenus à travers le monde entier, citant notamment la suppression d’une compilation de vidéos d’une attaque au couteau, en avril, dans un centre commercial situé dans la banlieue de Sydney.
X, mauvais élève des réseaux sociaux ?
D’autres grandes plateformes se sont conformées aux demandes de l’organisme de surveillance australien et aux avis de retrait liés à l’attaque contre le prêtre, a-t-elle souligné, mentionnant notamment Meta, Microsoft, Google, SnapChat, TikTok, Reddit et Telegram.
Notre dossier « X (anciennement Twitter »Depuis une loi sur la sécurité en ligne adoptée en 2021, l’Australie est à l’avant-garde des efforts pour demander que les géants de la technologie soient tenus responsables de ce que leurs utilisateurs publient en ligne.