REGARD DE PHOTOGRAPHEPourquoi « quatre policiers se sont battus avec un cochon gonflable » ?

Pourquoi « quatre policiers se sont battus avec un cochon gonflable » ?

REGARD DE PHOTOGRAPHEA travers le making of de la photo d’une scène cocasse montrant les policiers à la lutte avec un cochon gonflable durant une action de Greenpeace, le photographe de l’AFP Miguel Medina évoque le traitement médiatique des actions militantes
Olivier Juszczak

Olivier Juszczak

L'essentiel

  • Chaque semaine, 20 Minutes met en avant une image marquante en allant chercher le regard du photographe.
  • Des militants de l’ONG environnementale Greenpeace ont organisé lundi une action devant le ministère de l’Agriculture, réclamant « un moratoire sur les fermes-usines » au nom du bien-être animal et de la protection de la planète.
  • Miguel Medina, photographe à l’Agence France-Presse, explique à 20 Minutes le making of de la photo d’une scène cocasse montrant les forces de l’ordre à la lutte avec un cochon géant gonflable.

Un cochon géant gonflable dans une bétaillère, faux poulets de batterie, vraies algues vertes et purin… Des militants de l’ONG environnementale Greenpeace ont répandu lundi des milliers de litres de lisier devant le ministère de l’Agriculture, rue de Varenne à Paris, réclamant « un moratoire sur les fermes-usines » au nom du bien-être animal et de la protection de la planète. Arrivés vers 9 heures devant le ministère, des photographes de presse étaient également présents pour rendre compte de l’événement. Miguel Medina, photographe à l’Agence France-Presse, explique à 20 Minutes le making of de la photo d’une scène cocasse montrant les forces de l’ordre tentant de dégonfler le cochon.

Que voit-on sur l’image ?

« C’est une image où quatre policiers sont en train de se battre avec un cochon gonflable (rire), raconte à 20 Minutes Miguel Medina. Et ce n’est pas la première tentative de la part des forces de l’ordre. Ils ont commencé à tenter de le dégonfler un petit peu par le côté gauche, puis côté droit, avant un dernier coup avec la tenaille. Cela a duré un petit moment », ajoute le photographe. Et le journaliste de continuer son récit avec humour : « Lorsque j’ai envoyé la photo à l’agence, j’ai dit : "Ils ont tué le cochon ! (rire)" » Plus sérieusement, l’éditeur à l’AFP lui a répondu que l’image était intéressante et qu’elle allait fonctionner car toute l’action est visible sur la photo.

Quel est le contexte de prise de vue ?

Nous sommes devant le ministère de l’Agriculture, rue de Varenne, à Paris, dans le 7e arrondissement. « Il y a des gens qui passaient pour aller au travail, également des habitants du quartier habillés très chic », détaille à 20 Minutes le photojournaliste. Un homme qui promenait son chien a même fait un geste de réprobation en direction des militants. Un contexte qui ajoute du contraste à l’action des militants de l’ONG environnementale. « Les militants de Greenpeace ont quand même eu le temps de se garer, de sortir les deux camions et de s’installer. Les policiers sont arrivés quinze à vingt minutes après, explique le photojournaliste. Au début, j’étais avec un autre photographe mais il est parti bien avant moi. J’ai voulu rester encore un peu, et c’est là que j’ai eu cette image. »

L’anecdote en plus

A la question sur les opérations de communication des organisations militantes et la bonne distance à trouver lorsque l’on est amené à couvrir ce type d’action, Miguel Medina répond qu’il « photographie ce qu’il voit » en essayant « d’être neutre ». Il ne choisit pas de camps en quelque sorte et fait son travail de journaliste en rendant compte de ce qu’il constate. « Depuis vingt ans que je suis photographe à l’AFP, j’ai dû couvrir seulement quatre ou cinq actions militantes. Ce qui est intéressant, c’est le côté toujours très visuel qui facilite un petit peu le travail du photographe. Greenpeace a les contacts de certains rédacteurs de l’agence qui filtrent l’information. Ensuite, les chefs du service prennent la décision d’envoyer un photographe si besoin. » Sur les tensions entre les forces de l’ordre et les photographes dans ce genre de contexte, il reconnaît parfois de la nervosité mais relativise en disant : « On n’est en pas Colombie, chez moi, ou dans d’autres pays où j’ai travaillé comme photographe pour l’AFP. »

Sur les onze militants Greenpeace interpellés lundi, quatre ont été jugés mercredi par ordonnance pénale pour entrave à la circulation et dégradation en réunion devant le ministère de l’Agriculture, tandis que sept vont bénéficier d’alternatives aux poursuites, a indiqué le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.