Étienne Mougeotte, ancien dirigeant de TF1 et directeur de l’information d’Europe 1, est mort
DECES•Le journaliste s'est éteint à l'âge de 81 ansM.F avec AFP
Étienne Mougeotte est mort, a-t-on appris ce jeudi de sa famille, confirmant une information d'Europe 1. Celui qui avait notamment été numéro 2 de TF1, pendant 20 ans, à la tête des rédactions du quotidien Le Figaro de 2007 et 2012 ou encore directeur de l’information de Europe 1, est décédé à l’âge de 81 ans.
Etienne Mougeotte « est décédé cet après-midi » à l’hôpital des suites d’une maladie, a précisé Francis Morel, ami proche de la famille et de l’ancien dirigeant. Figure marquante du paysage médiatique français, il était passé par de multiples rédactions. Parmi ses dernières aventures professionnelles : la direction de la station Radio Classique de 2012 à 2018 et la présidence depuis 2015 du groupe de presse Valmonde, propriétaire de l’hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles.
« Malin », « filou » ou « madré »
Accusé de céder parfois à la facilité dans sa course à l’audience, il soulignait alors invariablement « le divorce entre les élites et le peuple : il y a toujours un monde entre l’immense majorité des gens qui regardent la télévision et ceux qui écrivent sur elle ». « Malin », « filou » ou « madré », les journalistes du Figaro, dont il avait dirigé les rédactions de 2007 à 2012, reconnaissaient son professionnalisme, mais son engagement trop visible en faveur de Nicolas Sarkozy avait fait des vagues au sein du journal.
Lors de la dernière campagne, à coups de gros titres anti-Hollande, la Une du Figaro était devenue une « caricature », estime un journaliste. Au point que François Hollande refusa d’accorder des interviews au journal, provoquant regrets et amertume de sa Société des Journalistes. « On n’est pas là pour emmerder Sarkozy, ceux qui sont pas contents peuvent aller travailler ailleurs », rétorquait sans détour Mougeotte, de sa voix rocailleuse, séquelle d’un cancer de la gorge.
De Paris Normandie à TF1
Après des études à Sciences Po Paris d’où il garde des amitiés fidèles, le jeune journaliste débute sa carrière en 1965 à Paris Normandie avant de rejoindre France Inter comme reporter, puis correspondant à Beyrouth. Il passe chez Europe 1 en 1968 avant d’aller à la télévision, alors la Première chaîne de l’ORTF, puis brièvement à RTL, et revient chez Europe 1 en 1973, où il est rédacteur en chef puis directeur de l’information.
Arrive l’élection de François Mitterrand en 1981, Jean-Luc Lagardère lui confie alors la direction du Journal du Dimanche. Trois ans plus tard, toujours chez Lagardère, il dirigera Télé 7 Jours. Il se familiarise alors avec les grilles de programmes et les goûts du grand public, un enseignement qu’il mettra ensuite à profit chez TF1. En 1987, il épaule Jean-Luc Lagardère, candidat malheureux à la privatisation de TF1. Francis Bouygues l’emportera et embauchera Mougeotte comme directeur d’antenne.
Ses mémoires dans l’ouvrage « Pouvoir »
Le tandem formé par Etienne Mougeotte/Patrick Le Lay, PDG de la chaîne, dissemblables mais complémentaires, transforme TF1 en véritable machine à audience. La chaîne s’installe rapidement comme leader incontesté de la télévision en France (une position qu’elle occupe toujours) et fait figure d’exception en Europe. Parti de TF1 peu après l’arrivée à sa tête de Nonce Paolini, successeur de Patrick Le Lay, il avait dirigé Radio Classique de 2012 jusqu’en mars 2018, qui a développé son audience sous son égide en diversifiant sa programmation.
Il était également président depuis 2015 du groupe de presse Valmonde, propriétaire de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, et qu’il avait racheté en association avec l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa et un autre ancien dirigeant du groupe TF1, Charles Villeneuve. Début février, il avait publié ses mémoires dans l’ouvrage « Pouvoir » (Calmann Lévy), coécrit avec Jean-Michel Salvator, directeur des rédactions du Parisien.