MEDIASCe que perd CNews avec le départ d'Eric Zemmour

Zemmour écarté : Ce que perd CNews avec le départ de son polémiste préféré

MEDIASSi, en se passant d'Eric Zemmour, la chaîne gagne de la sérénité côté maîtrise de l'antenne, elle laisse filer une locomotive à audience
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Ce lundi, CNews a annoncé retirer Eric Zemmour de l’antenne à la suite de la demande du CSA de décompter ses interventions sur la politique française.
  • Depuis son arrivée à l’automne 2019, la chaîne info a toujours soutenu le polémiste malgré, notamment, les vifs remous suscités en interne.
  • Eric Zemmour, qui intervenait du lundi au jeudi à 19 heures dans Face à l’info présenté par Christine Kelly, avait dynamisé les audiences de la chaîne sur cette tranche horaire.

«Fini le chroniqueur sur mon plateau, place à l’invité sur les plateaux. A ce soir 19h, pour la suite… », a tweeté Christine Kelly ce lundi après que le retrait d'Eric Zemmour de l'antenne de CNews a été officialisé.

Ce ne sont pas un mais plusieurs éditorialistes qui remplaceront le polémiste sur le plateau de Face à l’info dès ce lundi soir. Un communiqué adressé dans l'après-midi informait que Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs actuelles, Eugénie Bastié du Figaro, l'essayiste Mathieu Bock-Côté et Dimitri Pavlenko d'Europe 1 seraient réunis autour de la table quelques heures plus tard. Un casting appelé à évoluer au cours de la saison.

Le quota de parole conservatrice, voire réactionnaire, sera donc maintenu au micro de la chaîne souvent qualifiée de « Fox News à la française ». Mais il faudra attendre les résultats Médiamétrie pour mesurer l’impact sur l’audience de la décision prise par la chaîne info à la suite de la demande du CSA de décompter, dès jeudi, les interventions d’Eric Zemmour sur le débat politique national.

« Triomphe médiatique »

C’est une évidence : CNews perd sa grosse tête d’affiche qu’elle n’a jamais lâchée malgré les tempêtes de critiques. Son arrivée, en octobre 2019, avait suscité des remous en interne, la Société des rédacteurs de CNews et la Société des journalistes de Canal+ exigeant son départ. La direction avait maintenu sa confiance au polémiste et annoncé que Face à l’info serait enregistrée une demi-heure avant sa diffusion, afin de donner des gages sur la maîtrise de l’antenne.

Un dispositif faillible : en septembre 2020, alors que l’émission est en différé, Eric Zemmour s’en prend aux mineurs étrangers isolés qu’il qualifie de « voleurs », d'« assassins » et de « violeurs » – des propos pour lesquels il sera jugé le 17 novembre, un procès de plus pour celui qui a déjà été condamné pour provocation à la haine raciale. Le CSA a de son côté condamné CNews en mars à verser une amende de 200.000 euros pour « incitation à la haine » et « à la violence ».

CNews tenait tant à Eric Zemmour parce qu’il est une locomotive à audience. Dans son livre, La France n’a pas dit son dernier mot à paraître jeudi, Eric Zemmour parle de son « triomphe médiatique » sur la chaîne. « Quand je suis arrivé, la tranche horaire faisait 80.000 téléspectateurs, on est entre 800.000 et 1 million tous les soirs. Moi, j’appelle ça un triomphe », a-t-il expliqué dimanche sur France 2 dans On est en direct. Laurent Ruquier l’a rappelé à la modestie en lui faisant remarquer que ces scores ne représentent que 5 % de parts d’audience. Une goutte d’eau qui cependant suffisante pour permettre à la chaîne info du groupe Canal+ de devancer sur cette tranche de début de soirée ses concurrentes directes : BFMTV, LCI et Franceinfo.

Face à Bourdin mercredi

Jeudi dernier, premier jour de l’application de la décision du CSA, Face à l’info avait même fait le plein avec 852.000 téléspectateurs et téléspectatrices, la veille, 712.000 personnes étaient au rendez-vous, et l’avant-veille 666.000. La chaîne a donc gros à perdre. Eric Zemmour, qui a annoncé « partir à la rencontre des Français » pour promouvoir son livre, trouvera facilement d’autres micros dans lesquels parler. Même si sa présence dans la nouvelle saison de Zemmour & Naulleau, censée commencer le 29 septembre, semble désormais compromise.

Il est d’ores et déjà annoncé en interview face à Jean-Jacques Bourdin mercredi matin sur RMC et BFMTV. Et malgré son horaire de diffusion tardive et la prise d’antenne retardée par les prolongations jouées par The Artist, On est en direct a profité de l’effet Zemmour. 816.000 personnes ont suivi le talk-show de France 2 dimanche (17 % de part d’audience), soit 100.000 de plus que la semaine précédente. Et cela alors qu’Eric Zemmour n’est pas officiellement candidat à la présidentielle. « Ci-gît le débat public », a tweeté le polémiste écarté de CNews dont on n’a pourtant pas fini d’entendre parler.