ACCUSATIONSAudrey Pulvar évoque les accusations envers son père Marc Pulvar

Pédocriminalité : Audrey Pulvar évoque les accusations envers son père Marc Pulvar sur France Inter

ACCUSATIONSL'adjointe à la Maire de Paris a expliqué être « là pour parler des victimes »
Clio Weickert

C.W.

«Je suis là en tant que moi, et en tant que fille d’un pédocriminel, d’un monstre au sens actuel du mot. Et quand vous êtes la fille d’un monstre, forcément vous vous demandez si vous êtes un monstre vous-même. C’est un processus presque automatique. » Ce lundi matin sur France Inter, Audrey Pulvar a accepté de revenir avec une forte émotion, sur les accusations de pédocriminalité visant son père Marc Pulvar, figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008. Elle a notamment expliqué ne pas être là « pour répondre à [ses] détracteurs », qui s’interroge sur son silence depuis une semaine, mais être « là pour parler des victimes ».

« Si je me suis tue depuis huit jours, c’est parce que je trouvais important qu’elles puissent s’exprimer. Mais ici, à Paris, ce n’est pas l’affaire Marc Pulvar, ce n’est pas la parole des victimes qu’on a entendue, c’est mon nom qui a été mis en exergue », poursuit-elle.

« Ces souvenirs-là ont été cadenassés dans mon cerveau pendant vingt-cinq ans »

Ces victimes sont trois de ces cousines, qui accusent Marc Pulvar d’avoir abusé d’elles quand elles étaient enfants. « Quand elles ont parlé à leurs parents il y a une vingtaine d’années, et que ces derniers ont parlé à ma mère, qui nous a parlé à mes sœurs et moi, elles ont parlé pour être entendues, écoutées, et crues, explique Audrey Pulvar. Et il y a vingt ans, quand ma mère m’a annoncé ce qu’une de mes cousines avait dit, je l’ai crue. C’était en 2002. Elles avaient 30 ans, et on a globalement le même âge. Je les ai crues parce que je suis toujours du côté des victimes, de celles et ceux qui dénoncent ce type de crimes. »

La femme politique a précisé le flou dans lequel elle était plongée elle-même. « J’étais une enfant mais il se passait des choses dont je sentais qu’elles n’étaient pas normales. Il y avait un climat que je ne comprenais pas. Dans ma mémoire, quand ma cousine avait 7 ans, on s’était disputées et elle m’avait dit "ton père, il met sa main dans ma culotte". Ça m’avait tétanisée, j’avais 6 ans. Et après, ces souvenirs-là ont été cadenassés dans mon cerveau pendant vingt-cinq ans, en revenant par flashs, sans que je sache ce que c’était. »

« Les victimes nous parlent quand elles peuvent parler »

Audrey Pulvar a également expliqué pourquoi elle n’avait pas pris la parole sur ce sujet. « Non, il ne m’est pas venu à l’idée de dénoncer mon père. Ce n’était pas à moi de le faire, et je ne savais pas que je savais. Ces choses-là ne se font pas en vingt-quatre heures, c’est un peu plus complexe que ça, surtout pour les victimes. Je suis là pour dire à tous ceux qui pensent que l’action de mes cousines serait une manœuvre politique, soit pour m’atteindre moi soit pour abîmer la mémoire de mon père, qu’ils ont tort », répond-elle.

De même, elle a parlé de la grande difficulté qu’ont les victimes à s’exprimer sur ce sujet, et sur le temps nécessaire pour cela : « Les victimes nous parlent quand elles peuvent parler, quand les conditions sont réunies pour elles pour avoir la force de pouvoir se les dire à soi-même. Le dire à ses parents, puis à un cercle plus large, ça prend du temps. Et quand elles le disent, il faut respecter cette parole, il faut l’entendre, il faut l’écouter, la respecter, et non la dévaloriser en la mettant en doute. »

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