LIBERTE DE LA PRESSEContre la censure, les journaux australiens sabotent leurs Unes

Australie : Les Unes des journaux caviardées pour protester contre la censure

LIBERTE DE LA PRESSECe lundi, l’ensemble des articles en première page des journaux nationaux et régionaux australiens étaient illisibles
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’initiative a fait tache d’encre. L’ensemble des Unes des journaux australiens étaient caviardés ce lundi matin en signe de protestation contre le recul de la liberté de la presse et la culture du secret au sein du gouvernement.

Les lecteurs et lectrices des journaux nationaux et régionaux, parmi lesquels des titres aussi prestigieux que The Australian, The Sydney Morning Herald et l’Australian Financial Review, ont découvert des premières pages dont les articles étaient recouverts d’encre noire.

Des publicités ont par ailleurs été diffusées sur l’ensemble des chaînes de télévision, invitant les téléspectateurs à réfléchir à la question : « Quand le gouvernement vous cache la vérité, qu’est-ce qu’il vous cache ? »

Descentes de police

Les médias australiens demandent notamment que les journalistes ne soient pas soumis à la législation très stricte en matière de sécurité nationale qui, selon eux, complique leur travail.

Cette campagne pour le droit à l’information intervient après des descentes de la police fédérale, il y a quelques mois, au sein de la chaîne nationale ABC et au domicile d’une journaliste de News Corp, Annika Smethurst, qui avait publié deux informations embarrassantes pour le gouvernement. « Ces opérations de police (…) sont des attaques portées à la liberté de la presse en Australie mais elles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg », a déclaré Paul Murphy, chef du syndicat Media Entertainment and Arts Alliance.

« La culture du secret qui découle de ces dispositions légales restreint le droit de tout Australien à être informé et cela va bien au-delà de l’intention de départ qui était la préservation de la sécurité nationale », a indiqué Paul Murphy.

Le Premier ministre affirme que les journalistes ne sont pas au-dessus des lois

A la suite des perquisitions à l’origine de la campagne, trois journalistes pourraient faire l’objet de poursuites criminelles : Annika Smethurst pour avoir révélé que le gouvernement envisageait d’espionner les Australiens, et deux journalistes d’ABC pour avoir dénoncé des crimes de guerre qui auraient été commis par les forces spéciales australiennes en Afghanistan.

Les groupes de médias australiens réclament également une meilleure protection des lanceurs d’alertes et de la liberté d’informer, et une réforme des lois sur la diffamation, complexes et parmi les plus strictes au monde. Contrairement à la plupart des démocraties, l’Australie n’a pas de déclaration des droits ni de protection constitutionnelle de la liberté d’expression.

Le Premier ministre Scott Morrison a déclaré de son côté que son gouvernement « croirait toujours en la liberté de la presse », tout en insistant sur le fait que les journalistes ne sont pas au-dessus des lois.