Les rois du camouflage
ANIMAUX•Les humains n’aiment pas forcément se fondre dans le paysage, mais pour certains animaux, c’est un immense avantage de pouvoir le faire. Rencontrez les créatures qui prennent très au sérieux l’art de se dissimuler.Le Monde des animaux
L’hippocampe pygmée
La taille minuscule et l’incroyable déguisement de cet animal lui ont valu de n’être découvert par les humains qu’en 1969. En examinant des gorgones (des organismes semblables à des coraux) dans un laboratoire, le scientifique Georges Bargibant a trouvé un couple d’hippocampes pygmées qui vivaient là. On connaît à présent huit espèces, qui vivent toutes dans les herbes marines, les coraux et les gorgones. La première espèce, découverte par Georges Bargibant, est une créature qui modifie son corps en permanence pour qu’il corresponde à son environnement. Quand cet hippocampe naît, il est de couleur noire. Quand il trouve une gorgone adaptée où s’installer, ce petit poisson subit une extraordinaire transformation, changeant de couleur pour adopter celle de la gorgone à laquelle il s’est accroché. Ce camouflage va au-delà de la simple coloration : l’hippocampe développe également des protubérances qui imitent à la perfection celles de la gorgone couverte de polypes. En s’accrochant à son hôte avec sa queue préhensile et en laissant son corps suivre naturellement le rythme du courant, il devient invisible. Comme chez les autres hippocampes, c’est le mâle qui est responsable de la fécondation des œufs de la femelle et qui donne naissance aux petits. Jusqu’à 70 petits peuvent naître en même temps, et ils deviennent indépendants dès qu’ils quittent la poche paternelle.
Le jaguar
Le jaguar est le troisième félin du monde par la taille et le plus grand du continent américain ; on peut donc croire qu’il est facile à repérer. Ce prédateur est toutefois quasi invisible quand il rôde dans la forêt tropicale. Les rosettes sombres sur sa fourrure dorée imitent parfaitement les taches d’ombre créées par le feuillage qui filtre la lumière, ce qui lui permet de ne pas être détecté. De nombreuses personnes confondent les léopards et les jaguars, mais il est facile de les distinguer. Pour commencer, vous ne verrez jamais un léopard dans l’habitat sud-américain du jaguar, ni un jaguar sur le territoire africain ou asiatique du léopard. On peut également les reconnaître à leurs motifs. S’il y a des taches sombres au milieu de chaque rosette, vous pouvez être sûr qu’il s’agit d’un jaguar. Certains jaguars développent un pelage noir à cause d’un gène mélanistique dominant. Bien qu’ils appartiennent à la même espèce, on les appelle alors panthères noires.
Le renard polaire
Le renard polaire est le seul canidé à changer la couleur de sa fourrure selon les saisons. Pendant les mois d’hiver, il porte sa robe blanche emblématique qui lui permet de passer inaperçu quand il chasse dans les grandes étendues enneigées. Quand le printemps arrive et que la neige fond, le blanc est moins passe-partout, et le renard polaire troque donc son poil d’hiver contre un pelage brun terne, idéal pour se fondre parmi les rochers. Il n’y a pas que la couleur de sa fourrure qui aide le renard polaire à survivre au climat extrême du Grand Nord ; son poil épais, qui est le plus chaud de tous les animaux arctiques, lui permet de braver des températures descendant jusqu’à -70 °C. Quand la température est particulièrement basse, ce spécialiste du froid accélère son métabolisme pour générer plus de chaleur et se construit un terrier dans la neige où s’abriter du blizzard. Contrairement à ses cousins les loups, le renard arctique vit majoritairement seul, à l’exception d’un partenaire auquel il s’unit pour la vie. Leurs petits naissent au printemps, les grandes portées de huit renardeaux étant communes. Les deux parents sont responsables des petits et profitent de l’été pour les préparer aux rudes conditions hivernales.
Le serpent cuivré
Les serpents comme le serpent cuivré se servent du camouflage pour se tenir en embuscade et surprendre leurs proies. Les motifs bruns et cuivrés de cette vipère lui permettent de se fondre parfaitement dans un lit de feuilles mortes sur le sol de la forêt. Les souris et musaraignes dont ce serpent se nourrit ont peu de chances de repérer une créature aussi bien cachée ; il suffit aux serpents cuivrés de trouver un lieu adapté où rester sans bouger et d’attendre qu’un repas passe dans les parages. Les serpents cuivrés préfèrent éviter les humains, bien que leur excellent camouflage ait valu à des promeneurs de marcher sur ces reptiles et de recevoir une morsure douloureuse, mais rarement fatale.
La chenille du baron
En tant que friandises favorites des oiseaux, les chenilles ont développé une variété de stratégies ingénieuses pour éviter d’être mangées. Certaines tentent d’effrayer les prédateurs avec leurs motifs rappelant ceux des serpents, d’autres arborent des couleurs vives pour avertir de leur toxicité. Dans le cas de la chenille du baron, le camouflage est la clé de la survie. Quand elle reste immobile sur une feuille, cette chenille est quasiment impossible à voir. Une ligne centrale plus claire court le long de son dos et ressemble à s’y méprendre à une nervure. Cette créature est même camouflée quand elle fait sa chrysalide, ressemblant à une feuille verte pendant d’une branche.
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