Ce gecko n’a pas de paupières. En général, les paupières servent à protéger les yeux et à les maintenir humides, mais ce gecko, comme beaucoup d’autres de sa famille, en est dépourvu. À la place, il utilise sa langue pour lécher la surface de ses yeux afin d’en retirer la poussière ou tout autre débris qui pourrait s’y coller. Bien qu’il n’ait pas cette protection, il a d’autres atouts pour survivre. La vie dans les arbres, pour un animal aussi petit, est extrêmement périlleuse, chaque chute pouvant s'avérer fatale. Pour éviter ce genre de situation, il dispose de pattes spéciales. Sous ses pieds, d'innombrables structures minuscules ressemblant à des poils lui permettent d'adhérer facilement à presque toutes les surfaces, et ainsi de se déplacer en toute sécurité sur les troncs et les feuilles.

D’ailleurs, ce n’est pas le seul moyen pour lui de se protéger. Non seulement il possède une incroyable capacité d’adhésion, mais il a aussi un talent de caméléon naturel. Son corps est conçu pour se fondre dans l’environnement. La queue de ce gecko ressemble à s’y méprendre à une feuille morte, et il a même des contours déchiquetés qui lui permettent de se fondre parmi les feuilles en décomposition. Des veines semblables à celles des feuilles parcourent sa queue et recouvrent son corps brunâtre, un camouflage parfait pour se cacher des prédateurs qui chassent principalement à vue. Pour aller encore plus loin dans son imitation, ce gecko passe la majeure partie de ses journées immobile, caché parmi les feuilles mortes. Il enroule sa queue autour de son corps et se plaque contre les troncs d’arbre, ressemblant ainsi à une feuille tombée, ce qui le rend difficile à repérer.

D'un point de vue étymologique, ce gecko porte un nom surprenant. Bien que souvent appelé “gecko satanique” en anglais, l’origine de ce surnom n’est pas tout à fait claire. Toutefois, lorsqu’il se sent menacé, il ouvre grand sa bouche, révélant son intérieur rouge vif, une vision qui peut effectivement effrayer. Ses yeux, également d’un rouge intense, accentuent cette impression de danger. Mais malgré ce comportement impressionnant, il n'est pas réellement “satanique”. Ce nom est probablement né de l’étonnement et de la crainte qu’inspire sa silhouette étrange et son apparence menaçante.

En réalité, il faut savoir que ce gecko a un nom latin bien plus poétique. Découvert à Madagascar en 1888 par le naturaliste George Albert Boulenger, ce gecko mystérieux l’a fasciné. Il le trouvait tellement unique et intrigant qu’il l’a désigné sous le nom de Phantasticus, un terme qui signifie “imaginaire”. Ce nom reflète l’émerveillement que suscite cet animal qui semble tout droit sorti d’un conte de mythes et de légendes.

Cet article vous a plu ? Retrouvez le magazine "Le Monde des Animaux" en kiosque et sur monmag.fr (versions papier et numérique, et abonnements).

Le Monde des Animaux & de la Nature est un magazine dédié à la faune et à la flore sauvages du monde entier. À travers des histoires captivantes et de sublimes photographies, le magazine offre un véritable safari visuel au cœur de la nature.