Dans le clan des mangoustes

Ces mammifères peuvent se permettre d’être actifs en pleine journée plutôt que de se cacher dans la pénombre. La plupart des 34 espèces de mangoustes sont extrêmement sociables et vivent en groupes allant jusqu’à 50 individus. Elles patrouillent et défendent leur territoire en groupe, mais cherchent de la nourriture seules. Les mangoustes disposent pour cela d’un excellent odorat ; le nez au ras du sol, elles cherchent les insectes en marchant.

Les mangoustes ont une hiérarchie sociale très stricte, souvent gérée par l’animal dominant. Se battre pour la nourriture serait néfaste à la survie de toute la colonie, alors qu’en restant à sa place, chaque individu contribue au bien-être du plus grand nombre.

En contact constant avec les autres, les mangoustes doivent apprendre à communiquer. Les chercheurs qui les étudient décrivent leur bavardage incessant, qui n’est pas sans rappeler le langage humain. Des unités de sons se combinent tels des mots dans une phrase, permettant d’indiquer la destination du groupe ainsi que des informations cruciales sur l’environnement. Au moins 15 types de cris ont été répertoriés, chacun ayant une fonction spécifique. Il existe des vocalisations d’enthousiasme, utilisées par exemple quand les mangoustes célèbrent la découverte d’un point d’eau. Ces cris suraigus incitent les individus à se précipiter à la source et à se joindre au chœur. D’autres cris signifiants « suis-moi » ou « je suis perdu » permettent aux autres mangoustes de réagir de façon adaptée.

De petite taille, les mangoustes sont des animaux très intelligents. Les études montrent que certaines espèces sont à même de reconnaître les membres de leur famille, ce qui permet d’éviter la consanguinité. Les membres de la famille font partie d’un groupe d’animaux qui ont des traditions. Les petits à qui il faut enseigner l’usage du monde se mettent en duo avec un adulte que les chercheurs appellent “escorte”. Les jeunes mangoustes copient les aînés pour aiguiser leur capacité à débusquer de la nourriture. Cette technique d’apprentissage fondée sur l’observation permet aux mangoustes de développer le comportement approprié à chaque cas de figure.

Les mêmes gestes sont ainsi transmis de génération en génération, et constituent la culture des mangoustes. Certaines familles choisissent de s’en prendre à des proies à carapace dure en les mordant à pleines dents, tandis que d’autres les fracassent sur une surface dure. Les deux techniques obtiennent le même résultat mais la différence réside dans l’enseignement.

Les serpents ? Même pas peur !

Le venin de cobra a la particularité d’immobiliser le corps de la proie, mais une mutation génétique qui a eu lieu au cours de l’évolution immunise les mangoustes. Le circuit nerveux responsable du mouvement chez les mammifères fonctionne grâce à des protéines de forme particulière que le venin de serpent peut bloquer, mais les protéines des mangoustes ont changé de forme, si bien que le venin ne peut plus pénétrer dans le récepteur. Le circuit nerveux continue alors à fonctionner normalement et à transporter des ions essentiels au mouvement à travers le corps.

Comme le venin n’affecte pas le système nerveux des mangoustes, elles ne ressentent plus la peur. Cela signifie qu’elles peuvent s’approcher d’un serpent en ayant appris avec le temps comment tirer parti du comportement de ce prédateur. Les mangoustes savent qu’elles peuvent fatiguer un reptile en usant de manœuvres d’évitement, avant de se jeter sur le serpent épuisé.

Où vivent les mangoustes ?

Toutes les mangoustes ont une répartition tropicale, et jettent le plus souvent leur dévolu sur des substrats dans lesquels elles peuvent creuser. Les colonies habitent un système complexe de tunnels que les animaux ont eux-mêmes creusés. Certaines espèces laissent parfois cette tâche à d’autres animaux, préférant investir des termitières.

Si les espèces de mangoustes sont pour la plupart florissantes, certaines sont en danger. La mangouste du Libéria se nourrit de vers et occasionnellement de fruits tombés de l’arbre. Son déclin est dû à l’augmentation de la population humaine qui empiète sur son habitat. Ses terres sont récupérées et converties pour l’agriculture, l’exploitation minière et forestière. De plus, les recherches montrent que les pesticides détruisent les vers dont elles se nourrissent.

La mangouste à dix raies (ou “bokiboky”) fait partie des espèces en danger. Dans son aire de répartition indigène de l’ouest de Madagascar, les chiens sauvages lui causent du tort. Pour la plupart, ils ont été abandonnés par les bûcherons qui défrichent près de 3 km² de forêt chaque année. Le plus souvent, cette déforestation est illégale et se fait au détriment de multiples espèces en plus de la mangouste à dix raies.

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