Notre incapacité à parler avec les autres espèces nous mène souvent à sous-estimer ce qui se passe dans la tête des animaux. Contrairement à nous, les animaux ne peuvent pas remplir un test de QI. Nous devons rechercher chez eux des comportements particuliers considérés comme des indicateurs d’intelligence. Les compétences comme la capacité à résoudre des problèmes, à aider les autres ou à utiliser des outils nous donnent des indices sur l’intelligence d’une espèce.

L’orque : la tueuse qui ressent de l'amour

Les orques sont de célèbres chasseuses et sont parfois appelées baleines tueuses. Un groupe d’orques peut déloger un phoque de 600 kg d’une plate-forme de glace ou s’échouer sur les plages pour attraper des otaries par surprise. Les familles harcèlent sans relâche de grandes baleines jusqu’à les épuiser et tuer leurs petits. Le secret de leur succès est leur incroyable intelligence émotionnelle. Les rouages de ces émotions se trouvent dans leur cerveau, plus précisément dans le système limbique. Une partie de cette structure, appelée cortex paralimbique, est bien plus grande et bien plus élaborée chez les cétacés à dents que chez les humains. En fait, les orques ont un lobe supplémentaire dans leur cerveau qui est associé à la réflexion et aux émotions. Sa présence indique que quelque chose a évolué dans le cerveau des orques et ne s’est pas développé dans celui des humains. Quand elles traitent leurs émotions, les orques font quelque chose de très complexe que nous ne parvenons pas encore à comprendre. Ce qui se passe dans leur cerveau se reflète dans leur comportement, et ce que nous observons est remarquable. Les delphinidés ont un niveau inégalé de cohésion sociale. Ils communiquent efficacement et se souviennent des autres individus après des décennies de séparation. Les orques poussent cela à l’extrême et restent au sein de groupes familiaux très soudés toute leur vie. Les familles sont menées par la femelle la plus âgée, qui peut vivre plus de 100 ans.

La corneille noire : elle résoud des problèmes avec des outils

Les corneilles ont été observées épluchant des brindilles et leur donnant une forme de crochet pour attraper des proies dans les creux des arbres. Lors de tests en laboratoire, des corneilles avaient reçu un seau rempli de nourriture, mais celui-ci était placé dans un trou trop profond pour que leur bec atteigne les aliments. Les chercheurs leur ont fourni de petits bouts de fil de fer droits, que les oiseaux ont saisis et tordus pour former des crochets afin de soulever le seau et le sortir du trou. L’intelligence des corneilles ne s’arrête pas à l’usage d’outils. Elles peuvent se reconnaître dans un miroir et se souvenir d’événements spécifiques. Une corneille peut se souvenir pendant six mois d’un emplacement de nourriture cachée, et attendra même que personne ne la regarde avant de la déterrer.

Le rat : des capacités mentales pour dominer le monde ?

On entend parfois qu’on n’est jamais à plus de 2 m d’un rat, mais c’est faux : les scientifiques estiment que ce serait plutôt 50 m. Seul un animal très intelligent peut envahir presque tous les continents de la planète comme l’ont fait ces rongeurs. Ils évoluent depuis l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années. Leurs moustaches sont l’une des adaptations fascinantes qu’ils ont développées. Un tiers du système sensoriel du rat est dédié aux informations collectées par ces poils spécialisés. L’arrangement en quadrillage des moustaches a une utilité : chaque poil est connecté à une zone correspondante dans le cerveau via un nerf. Les poils sont contractés d’avant en arrière, touchant des surfaces à des angles variés pour construire une image mentale de l’environnement, un peu comme nos doigts qui touchent un objet pour l’identifier. Si le fait de sentir le monde à travers ses moustaches n’est pas exactement de l’intelligence, la façon dont les rats interprètent ces informations l’est certainement. Ce sens supplémentaire permet au rat de se cacher des prédateurs quand il cherche à manger la nuit, quand il se glisse dans les habitations ou quand il identifie des objets sans même les regarder. Un rat peut sentir la différence entre du papier de verre à grain fin et épais simplement en l’effleurant avec ses moustaches.

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