ANIMAUXQu’est-ce qu’un oiseau migrateur ?

Qu’est-ce qu’un oiseau migrateur ?

ANIMAUXChaque année, de nombreuses espèces d’oiseaux prennent leur envol pour un très long voyage, puis reviennent à leur point de départ. Leur extraordinaire migration est un phénomène naturel fascinant et encore mal compris.
Le Monde des Animaux
La plupart des migrations d’oiseaux commencent en masse.
La plupart des migrations d’oiseaux commencent en masse. - Albert Beukhof
Camille Oger pour Le Monde des Animaux

Camille Oger pour Le Monde des Animaux

A priori, rien ne distingue un oiseau migrateur d’un oiseau sédentaire. Sauf que, le moment voulu, les espèces migratrices vont mettre à profit leur extraordinaire capacité à se déplacer pour parcourir de grandes distances ; jusqu’à 22 000 km en trois mois pour la sterne arctique. Leur voyage se fait généralement vers le nord au printemps, afin de rejoindre leur lieu de nidification, puis vers le sud en automne, après la reproduction, pour passer l’hiver dans des régions au climat plus clément.

Ce phénomène fascinant ne doit pas être confondu avec l’erratisme, un déplacement sans orientation déterminée qui peut mener les oiseaux à se déplacer ponctuellement : c’est le cas des oiseaux marins repoussés dans les terres durant les tempêtes, ou des jeunes oiseaux qui vagabondent et se dispersent à la recherche d’un territoire après avoir quitté le nid familial. Les véritables migrations sont périodiques et marquées par un départ mais aussi un retour. Environ 1 800 des 10 000 espèces d’oiseaux existant dans le monde effectuent des migrations de longue distance.

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Migration, métamorphose ou hibernation

Au sein de chaque espèce toutefois, la stratégie migratoire peut varier selon les lieux et les besoins : il existe des espèces presque strictement sédentaires, d’autres qui sont presque strictement migratrices, et toutes les nuances entre les deux. Au sein même des populations d’oiseaux, des différences s’observent ; certaines migrent dans leur totalité – on parle alors de migration totale – tandis que chez d’autres, seule une partie effectue le déplacement, ce que l’on appelle migration partielle. Le rouge-gorge est par exemple presque entièrement migrateur en Finlande, presque entièrement sédentaire en France et intégralement sédentaire en Espagne. Il est également commun pour les individus de ne pas avoir la même stratégie migratoire selon leur âge ou leur sexe : en Finlande, la femelle du pinson des arbres migre plus tôt en automne que le mâle, tandis que les mésanges européennes des genres Parus et Cyanistes ne migrent que la première année de leur vie. Bref, la migration des oiseaux est un sujet complexe, sur lequel nos connaissances ne cessent d’évoluer.

Il n’y a pas si longtemps en effet, la disparition de nombreuses espèces européennes en hiver laissait les scientifiques perplexes. Si la migration des oiseaux est observée par les peuples de Micronésie et de Polynésie depuis au moins 3 000 ans, et mentionnée dans les écrits de philosophes grecs comme dans la Bible, Aristote pensait que certaines espèces se métamorphosaient l’hiver – le rouge-queue devenant rouge-gorge – et que les hirondelles, les cigognes, les merles, les tourterelles et les alouettes s’engourdissaient après avoir perdu leurs plumes, puis renaissaient au printemps après avoir régénéré leur plumage.

Le mythe de la métamorphose de certains oiseaux a perduré jusqu’à la fin du Moyen Âge, et la théorie de l’hibernation, notamment chez les hirondelles, s’est installée jusqu’au XIXe siècle, bien que plusieurs naturalistes aient avancé une théorie migratoire dès le XVIe siècle. Pour les cigognes, l’une des premières preuves formelles d’une migration de longue distance remonte à 1822, quand une cigogne blanche transpercée d’une flèche en bois d’Afrique centrale a été découverte en Allemagne. Cette Pfeilstorch, ou “cigogne à flèche” en allemand, avait pu rejoindre l’Europe malgré sa blessure, emportant avec elle la preuve matérielle de son passage en Afrique. Une vingtaine d’autres Pfeilstorch ont été documentées depuis.

Chacun son chemin

La plupart des migrations d’oiseaux commencent en masse, mais ils ont ensuite tendance à suivre différents couloirs migratoires qui peuvent être programmés dans leurs gènes ou appris à différents degrés. Ces corridors suivent souvent les chaînes de montagnes ou les côtes, voire les fleuves, et peuvent permettre de tirer parti d’ascendances thermiques ou de vents saisonniers. Les oiseaux évitent en revanche généralement les obstacles géographiques, comme les vastes zones de mer sans aucun lieu où se poser. C’est d’ailleurs pour cette raison que Gibraltar ou le détroit du Bosphore font partie des sites migratoires les plus renommés en Europe. Les couloirs empruntés à l’aller et au retour diffèrent souvent : en Amérique du Nord notamment, il est courant d’observer une migration dans le sens des aiguilles d’une montre, les oiseaux volant vers le nord avançant plus à l’ouest, et ceux qui volent vers le sud évoluant plus à l’est.

L’altitude de vol lors des migrations varie elle aussi : si les oiseaux marins tendent à voler bas quand ils sont près de l’eau, ils prennent de la hauteur quand ils s’enfoncent dans les terres, et l’inverse s’observe chez les oiseaux terrestres. La plupart des espèces migratrices volent entre 150 et 600 m d’altitude, mais certaines vont beaucoup plus haut : des oies à tête barrée ont notamment été enregistrées par GPS volant à 6 540 m d’altitude lors de leur survol de l’Himalaya. C’est loin d’être le seul exploit dont les oiseaux migrateurs sont capables. Suivez-nous à la découverte de ces animaux et de leurs incroyables voyages.

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Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel. - Le Monde des Animaux n°49

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Cet article est réalisé par Le Monde des Animaux et hébergé par 20 Minutes.