ANIMAUXNosy Be (Madagascar) : un hotspot pour les requins-baleines

Nosy Be (Madagascar) : un hotspot pour les requins-baleines

ANIMAUXUne étude du Madagascar Whale Shark Project a révélé que cette île est un hotspot pour les jeunes requins-baleines, ces géants aquatiques qui peuplent toutes les eaux tropicales du monde.
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75 % des requins-baleines se trouvent dans les océans Indien et Pacifique.
75 % des requins-baleines se trouvent dans les océans Indien et Pacifique. - Frolova_Elena / Shutterstock
Le Monde des animaux

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L’étude menée par le Madagascar Whale Shark Project a identifié Nosy Be, au nord-ouest de Madagascar, comme un hotspot d’importance mondiale pour les requins-baleines juvéniles ainsi que pour les raies mantas, les tortues de mer, les baleines à bosse et les rorquals d’Omura que l’on trouve également dans cette zone. Cette nouvelle pourrait donner un énorme coup de pouce à l’activité écotouristique de l’île en attirant plus de voyageurs venus voir ces géants inoffensifs.

Cette étude, publiée dans la revue Endangered Species Research, a révélé que les requins-baleines juvéniles nagent jusqu’à Madagascar pour s’y nourrir. Un nombre encourageant de 85 requins individuels ont été identifiés en une seule saison à l’aide de photographies de leurs taches distinctives. Tous étaient des jeunes de moins de 9 m de longueur.

La directrice de l’étude et fondatrice du projet, Stella Diamant, a déclaré : « Nous avons découvert que les requins-baleines visitent régulièrement Nosy Be entre septembre et décembre. Cela a mené au développement de l’écotourisme local, car les gens voyagent pour voir ces immenses requins inoffensifs et nager avec eux. Nous continuons à en apprendre davantage sur la structure de leurs populations et leurs déplacements, et il est clair que cet endroit est un lieu important pour l’espèce. »

Identifier et suivre les requins-baleines

Les biologistes marins ont ajouté leurs photographies des taches uniques des requins dans la base de données mondiale d’observations, le Wildbook for Whale Sharks, et les ont comparées aux données collectées dans les zones connues où les requins se nourrissent dans l’océan Indien – notamment Djibouti, les Maldives, le Mozambique, les Seychelles et la Tanzanie – mais n’ont pas vu les mêmes individus.

Dans le cadre de cette étude, l’équipe a accroché huit balises satellites à des requins-baleines immatures pour suivre leurs déplacements en temps réel. Ils ont découvert que les requins passent la majorité de leur temps dans les eaux peu profondes entre 27,5 et 30 °C dans la zone de Nosy Be.

La moitié des requins balisés ont également visité un deuxième hotspot près de la pointe d’Analalava, à 180 km au sud de Nosy Be. Cinq des requins ont nagé jusqu’à Mayotte et aux Comores, et deux ont gagné la pointe sud de Madagascar. L’un de ces requins est ensuite remonté jusqu’à Nosy Be, soit un voyage total de 4275 km.

« Madagascar fournit un habitat saisonnier important pour ces jeunes requins-baleines, donc nous devons nous assurer qu’ils sont protégés efficacement dans le pays », a précisé Stella Diamant.

Des poissons fascinants

Les requins-baleines doivent leur nom à leur immense taille. Ce sont les plus grands poissons au monde : ces géants peuvent mesurer plus de 10 m de longueur, peser plus de 20 tonnes et ont une peau épaisse de 10 cm, la plus épaisse de tous les animaux. Malgré leur taille, ces géants placides sont complètement inoffensifs pour les humains.

Les touristes viennent de très loin pour se baigner avec ces requins fascinants ; l’espèce a une immense valeur écotouristique pour les destinations où il se rencontre. Parmi elles, on compte les eaux des Philippines, de l’Australie, du Mexique, des Maldives, et bien sûr de Madagascar. Ils se rassemblent dans ces régions à la recherche de nourriture quand le plancton prolifère et pourraient se reproduire aux Galápagos car de nombreuses grandes femelles adultes y ont été observées.

Avec le requin-pèlerin et le requin grande-gueule, les requins-baleines sont les seuls requins à se nourrir de plancton. Ils capturent de minuscules proies comme les copépodes et le zooplancton à l’aide de leurs branchies qui leur permettent de filtrer leur repas et de rejeter l’eau, comme des filtres à café. Les requins-baleines sont doués pour trouver à manger. Ils ont un odorat très sensible qu’ils utilisent pour repérer le plancton, et les scientifiques ont observé des densités de plancton environ dix fois plus élevées que la normale dans les zones où ils se nourrissent. Ils peuvent manger passivement en ouvrant la bouche quand ils nagent, filtrant tout le plancton qu’ils trouvent sur leur passage, ou par succion, aspirant activement l’eau et avalant leurs proies avec elle.

Quand ils sont encore juvéniles, ces requins doivent consommer environ 21 kg de plancton quotidiennement pour survivre, ce qui nécessite de passer plus de sept heures par jour à se nourrir. Bien qu’ils puissent filtrer l’eau de mer incroyablement vite – environ 600 000 litres par heure –, ils ne peuvent en effet tirer que 2 à 3 kg de plancton d’une telle quantité d’eau.

Les requins-baleines sont classés en danger sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN depuis 2016. Le Dr Simon Pierce, cofondateur de la Marine Megafauna Foundation, en explique la raison : « Les requins-baleines sont une espèce en danger à l’échelle globale à cause de la surpêche, des prises accidentelles et des collisions avec des bateaux. Un déclin majeur a été observé au Mozambique, où nous avons documenté une baisse des observations de 79 % depuis 2005. »

Protéger les requins-baleines

La principale menace pour les requins-baleines vient des grandes pêcheries qui prennent souvent ces poissons comme des trophées ou utilisent leurs nageoires comme des décorations pour les restaurants servant de la soupe d’aileron de requin. Ils sont également des prises accidentelles pour les chalutiers qui pêchent le thon, entre autres, ou sont percutés par des bateaux. Dans certaines régions, comme au Qatar, il y a même une demande de création de zones “ralenties” pour inciter les bateaux à aller moins vite afin de réduire le risque de blesser ou tuer ces animaux lors de collisions.

Le travail qui est fait pour protéger les requins-baleines est crucial, notamment parce que leur croissance est très lente et qu’ils n’atteignent la maturité sexuelle que vers l’âge de 30 ans. Leur espérance de vie pourrait être de 70 à 100 ans, mais cela n’a jamais été confirmé. Les scientifiques peuvent vérifier leur âge en réalisant des radiographies de leur colonne vertébrale et en comptant les anneaux de croissance sur leurs vertèbres, ce qui veut dire qu’il n’est actuellement pas possible de mesurer l’âge des requins-baleines vivants.

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Le Monde des Animaux & de la nature est un magazine trimestriel. - Le Monde des Animaux n°49

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Cet article est réalisé par Le Monde des Animaux et hébergé par 20 Minutes.