Au début du Moyen Âge, l’ours garde une image positive et est considéré comme un proche parent de l’homme à cause de sa morphologie, de ses attitudes, de son alimentation et de sa sexualité qu’on imagine débridée. On croit même que les ours peuvent se reproduire avec les humains. Tout cela est vu d’un très mauvais œil par l’Église, qui compte bien gagner en pouvoir en écrasant les croyances païennes de ce type. Charlemagne est le premier à mener une grande campagne d’extermination des ours en organisant des battues dans tout le royaume et en ternissant leur image.

L’ours perd son statut

L’ours perd peu à peu son statut de roi des animaux. Il est tué sauvagement, mais également diabolisé par l’Église qui le présente dans ses bestiaires comme une créature maléfique. Et pour parfaire cette mise au pilori, l’ours est ridiculisé. Au XIIe siècle, le Roman de Renart le présente comme un animal stupide sous les traits de Brun l’ours, qui est victime de la ruse de l’intelligent Renart. Fort mais pataud, gourmand et nigaud, il incarne l’idée du sot et les défauts que l’Église décrit à travers les sept péchés capitaux.

La France est encore très boisée au début du Moyen Âge, mais la déforestation est en marche pour favoriser l’agriculture, pour produire du bois de chauffage et de construction, ainsi que pour les transports, dépendant largement du flottage du bois à l’époque. À mesure que la forêt disparaît dans les forges, les cheminées et les fours, l’ours, déjà largement chassé, perd son habitat. Alors qu’il était présent sur une grande partie du territoire, il se retrouve cantonné aux zones montagneuses où il est capturé et enchaîné, puis utilisé comme un faire-valoir par les jongleurs et montreurs d’ours dans les foires. Il perd définitivement son statut de roi des animaux au profit du lion.

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