Il faut sauver l’apron du Rhône !
ANIMAUX•Jadis présent tout le long du Rhône, l’apron ne se trouve plus que dans quelques rares rivières. Pour tenter de sauver ce petit poisson, biologistes, organisations de protection de la nature et parcs zoologiques se mobilisent !Cyril Hue pour Le Monde des Animaux
L’apron du Rhône (Zingel asper) est un petit poisson endémique du bassin rhodanien. Atteignant au maximum 20 cm, il a un mode de vie plutôt sédentaire et des mœurs nocturnes. Il ne fréquente que le fond des rivières à faible courant où il traque les petits invertébrés dont il se nourrit.
C’est en hiver, lorsque la température de l’eau descend autour de 10 °C, que l’apron se reproduit. Il recherche alors pour frayer des zones planes et au faible courant pour que les œufs puissent adhérer facilement. Une femelle peut pondre jusqu’à 2000 œufs. On estime que l’apron, qui atteint rarement l’âge de 5 ans, ne se reproduit que deux fois dans sa vie.
Pourquoi est-il menacé ?
L’aire de répartition de l’apron est aujourd’hui réduite à quatre sous-populations réparties sur 350 km de cours d’eau entre la France et la Suisse. Il est aujourd’hui gravement menacé du fait de la dégradation de son habitat (perte de la dynamique fluviale, barrages, aménagement du lit des cours d’eau, piétinement des zones de prédation), du cloisonnement des cours d’eau (les barrages isolent les populations de poissons), des variations de la quantité et de la qualité des eaux (augmentation des températures, sécheresse, pollution), et de l’introduction d’espèces invasives telles que le silure. Cette aire de répartition fragmentaire, la chute des effectifs et la somme des menaces font que l’apron est aujourd’hui considéré comme étant en danger d’extinction.
Un plan national d’action (PNA)
L’apron du Rhône est considéré comme une “espèce parapluie” : sa protection permet également celle de toutes les autres espèces qui partagent son écosystème.
Afin de sauvegarder cet animal mais aussi les cours d’eau qu’il fréquente, biologistes et décideurs se sont mobilisés et ont élaboré plusieurs stratégies de conservation à travers à divers programmes qui se sont succédé. Un nouveau PNA a ainsi été décidé pour la décennie 2020-2030, qui vise notamment à mieux connaître l’espèce et à contribuer à l’extension de son aire de répartition afin de reconnecter les populations isolées.
Le succès des campagnes de réintroduction
Parmi les actions entreprises pour sauver l’apron de l’extinction, un programme d’élevage en captivité, mené par le parc zoologique de la Citadelle de Besançon, a eu pour but de réintroduire de jeunes individus afin de renforcer les populations existantes. Pendant trois ans, 30 poissons adultes ont été capturés chaque année afin de les placer en situation de reproduction dans des bassins artificiels. La parfaite maîtrise des conditions d’élevage a permis d’obtenir d’excellents résultats.
C’est la Drôme qui avait été choisie comme site de réintroduction : 30 600 alevins âgés de 2 mois, ainsi que leurs géniteurs qui avaient été capturés, ont été relâchés sur trois stations différentes.
Le suivi de cette campagne a été assuré par des opérations de prospection nocturne et des analyses génétiques. Et les résultats ont été plus qu’encourageants puisque les chercheurs ont pu constater que la reproduction naturelle avait pu reprendre !
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