Prix Goncourt : Selon Kamel Daoud, l’histoire de l’Algérienne qui a porté plainte contre lui avait été rendue publique
RÉVÉLATIONS•La plaignante affirme que l’héroïne de son roman « Houris » est « calquée sur elle »O.M. avec AFP
C’est un nouveau rebondissement dans « L’affaire Houris » : l’histoire de l’Algérienne qui a porté plainte contre l’écrivain Kamel Daoud, qu’elle accuse d’avoir utilisé des éléments de sa vie privée, était « publique », a affirmé le romancier récipiendaire du prix Goncourt 2024, mercredi 10 décembre sur France Inter.
« Elle a raconté son histoire partout »
« Tout le monde connaît son histoire en Algérie, et surtout à Oran. C’est une histoire publique », a expliqué le Franco-Algérien Kamel Daoud sur la radio publique française, avant d’ajouter : « La mère adoptive de cette jeune femme est l’ex-ministre de la Santé algérienne. Elle a raconté son histoire partout ».
La plaignante, Saâda Arbane, était en effet apparue sur la chaîne algérienne One TV mi-novembre 2024 pour affirmer que l’héroïne de Houris était « calquée sur elle », rescapée en 1999 d’une tentative d’égorgement perpétrée par des djihadistes.
Selon elle, Kamel Daoud connaissait sa vie personnelle parce que sa femme psychiatre l’avait eue comme patiente : « j’allais chez elle en consultation », et « tout le monde sait que je ne veux pas parler de cette histoire. C’est quelque chose qui me perturbe dans ma vie », expliquait-elle en interview.
Une plaignante « manipulée par le régime » ?
« Le fait qu’elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé, je n’y peux rien », a constaté l’écrivain. « Mon roman n’a rien à voir avec cette femme-là. […] Il n’y a aucun secret médical dans ce livre ».
Interrogé pour savoir si la plaignante était « manipulée par le régime », il a répondu : « ah mais totalement ! Je savais que ça allait venir, que je ne pouvais pas échapper à ça ». Car après la parution du roman en août 2024, « dès la première semaine, il y avait des éditos dans les journaux gouvernementaux (algériens), qui parlaient de complot, de cheval de Troie ».
Kamel Daoud est visé par une autre plainte d’associations de victimes du terrorisme. « C’est la même méthode », a commenté le romancier.
Notre dossier « Prix Goncourt »Houris ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d’une loi interdisant tout ouvrage sur la « décennie noire » (qui court de 1992 à 2002 et a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels).
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