Christian Dorsan, auteur, blogueur et contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « Mauvaise mer » de Jérôme de Verdière, paru le 25 avril 2024 aux Éditions Le cherche midi.

Sa citation préférée :

« Je t’ai gâché ta vie, tu n’as jamais cessé de me le faire ressentir… J’aurais pu devenir méchante, moi aussi. Ça t’aurait bien arrangé… Sauf que c’est raté. Tu sais pourquoi ? Parce que la méchanceté, ça ne s’apprend pas. Ça ne se transmet pas non plus. Il faut croire que je ne tiens pas de toi. Je dois tenir de papa… Parfois je me demande qui de la mer ou de toi était mauvaise le 11 mai 81 pour qu’il ait envie de prendre son bateau malgré les éléments, malgré les risques. »

Pourquoi ce livre ?

• Parce qu’une mère revêche, qui fait payer à sa fille la disparition de son mari, mérite qu’on s’y attarde surtout si c’est Jérôme de Verdière qui traite le sujet. Les répliques de cette mère grincheuse et pas aimable pour un sous, sont délicieuses et portent en elles des crises de fous rires plus que d’indignations. Derrière cette guerre larvée, la disparition du mari et père, patron pêcheur, le lendemain de l’élection de François Mitterrand, auquel, la mère supposée veuve, voue une haine aveugle.
• Parce qu’il y a de la tendresse mal entretenue, brouillonne, voire pudique chez les bourrus, comme si exprimer des sentiments revenait à se mettre en danger. Y’a de l’amour entre la fille et la mère mais c’est une relation bileuse qui cache certainement un mal-être que l’auteur nous dévoile peu à peu.
• Parce que mine de rien, caché sous des phrases assassines et des vacheries en tout genre, il est question de deuil, de résilience et de pardon. Un roman réussi de bout en bout qui fait rire autant qu’émouvoir, et qui porte une réflexion légère mais prenante, sur les relations parents enfants quand le non-dit ou les secrets de famille hantent le quotidien.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Simone à 40 ans, s’occupe de sa mère acariâtre qui chaque soir depuis trente ans attend son mari, disparu en mer, sur le parapet. Personne n’aime cette femme revêche et la relation mère-fille est plus que toxique jusqu’au jour où un reportage est diffusé sur France 3…

Les personnages. Simone fille de l’insupportable Elisabeth, Sophie la meilleure amie, Yvan « le petit » Le Guennec, Robert le père pêcheur, un bateau qui n’est jamais revenu au port.

Les lieux. Concarneau, Paimpol, un parapet face à l’océan.

L’époque. 11 mai 1981 et époque actuelle.

L’auteur. Animateur de la revue de presse sur Paris Première, Jérôme de Verdière est également auteur de pièce de théâtre. Mauvaise mer est son deuxième roman.

Ce livre a été lu comme un voyeur qui s’immisce dans l’intimité de deux femmes qui ne se supportent plus. Lecture jubilatoire au début du roman, le récit nous emmène vers un ton plus sentimental par la suite. Une belle découverte à la fois drôle et émouvante, un excellent antidépresseur contre la morosité ambiante.

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