PREMIER ROMAN« Blanches » de Claire Vesin feuilleté en 2 minutes

« Blanches » de Claire Vesin feuilleté en 2 minutes

PREMIER ROMAN« Blanches » de Claire Vesin est paru en février 2024 chez La manufacture de livres
Marceline Bodier membre de la communauté 20 Minutes Books.

Marceline Bodier membre de la communauté 20 Minutes Books.

L'essentiel

  • Les lectures coups de cœur, ça se partage.
  • Notre communauté vous recommande chaque jour un nouveau livre.
  • Aujourd’hui, « Blanches » de Claire Vesin paru le 1er février 2024 aux Éditions La manufacture de livres.

Marceline Bodier, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « Blanches » de Claire Vesin, paru le 1er février 2024 aux Éditions La manufacture de livres.

Sa citation préférée :

« Mais ici, ils étaient au milieu des leurs. Ensemble, ils composaient cette ville, serrés les uns contre les autres, partageant leurs jours et leurs nuits. Leurs vies. Ils étaient les plus nombreux. Un jour, ce serait eux, peut-être, les plus forts. »

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que les « blanches » du titre, ce sont les blouses du personnel soignant de l’hôpital de Villedeuil. Vous lisez 20 Minutes ? Alors malheureusement, vous avez le décor du roman. Aimée effectue un stage d’internat dans un service d’urgences, Lætitia y est infirmière. L’hôpital est dans une banlieue pauvre, ça pourrait être le mien ou le vôtre… d’ailleurs, c’est celui de Lætitia : elle vit dans ce quartier. Et pas plus que nous, ses habitants ne sont prêts pour la désorganisation annoncée de l’hôpital public… « Il va y avoir des morts. C’est criminel, ce que vous faites. »
  • Parce que c’est le système hospitalier qui est désorganisé. Le personnel soignant, lui, est surtout en sous-nombre ; entre ses collègues et ses patients, Claire Vesin, elle-même cardiologue en banlieue, ne choisit pas : « Il n’y a pas que les internes, tu sais. Les premiers à en pâtir ce sont les patients ». Elle situe son roman au carrefour très littéraire du politique et de l’intime : dans un décor planté avec netteté par une autrice qui vit cette situation au quotidien, l’histoire se concentre sur les personnages, leurs histoires d’amour, leurs rêves et leurs déceptions.
  • Parce que l’autrice, que j’ai interviewée, ajoute : « J’ai choisi délibérément de situer l’intrigue en 2013-2014 car j’ai quitté l’hôpital en 2010 et je sais qu’aujourd’hui, la situation est bien pire que le portrait que j’en fais (intérimaires, recours obligé à des médecins à diplôme étranger pour faire tourner les services, crise sanitaire…). En outre, je continue d’exercer en banlieue et j’ai eu la sensation d’un tournant réel dans la vision de la banlieue et des communautés maghrébines après les attentats de 2015, sujet qui mériterait d’y consacrer un traitement spécifique ».
  • Parce que l’intrigue principale se déroule à l’hôpital, mais chaque personnage a son épaisseur. Dans la vie de Lætitia, il y a Kamel et sa famille où s’affrontent des personnalités contradictoires, qui ne vivent pas toutes de la même manière leur statut de descendants d’immigrés. Il y a Flora, la gardienne de l’immeuble, personnage ambivalent s’il en est. Dans la vie d’Aimée, il y a Fabrice, l’urgentiste marié qui s’enivre de sa toute-puissance de sauveur, mais aussi, Arnaud, le fils de Jean-Claude… Trois romans en un qui se tricotent dans une atmosphère de drame annoncé, ça vous tente ?
  • Parce que je n’aime que les livres dont les auteurs ne reculent devant aucune ambivalence : et j’ai été servie ! Distance entre les discours et les faits lorsqu’on dit l’inverse de ce qu’on pense pour sauver la face, tentation du mensonge pour couvrir les erreurs, sentiment de culpabilité individuelle qui empêche les luttes collectives, tout y est. Avec en prime le passé qui saute à la gorge à toutes les pages : « Il marquait toujours le pas avant de pénétrer dans leur chambre. Il lui semblait sentir l’odeur de son enfance en y entrant ».
  • Parce qu’une intense mélancolie se dégage de ce texte qui n’escamote jamais la question sociale, mais choisit d’explorer avant tout la diversité des réactions individuelles dans un contexte qui s’emballe et nous échappe. Et la situation a beau être parfois ubuesque, il ne s’agit pas de science-fiction : bien au contraire, puisque la décennie écoulée depuis l’époque où se déroule l’histoire n’a fait qu’empirer la situation de l’hôpital public. Face à cela, comment reprocher à l’autrice de proposer à ses personnages au moins la douceur de l’amor fati – l’amour de son destin, quel qu’il soit ?

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Un service des urgences dans une banlieue pauvre, un soir de Noël… une jeune interne qui vient d’arriver, une jeune infirmière tracassée par ses soucis personnels, de vieux médecins qui n’ont pas tout dit… comme dans la vie, ça peut aussi bien être le début d’une sitcom, que celui d’un drame.

Les personnages. Dans un livre où au moins trois intrigues se mêlent, inutile d’essayer de lister tous les personnages. Mais rassurez-vous, on les connaîtra tous intimement, et ça ne donnera que plus de poignant à la question centrale : qui sera la victime expiatoire de cette chronique d’une mort annoncée ?

Les lieux. Un hôpital de banlieue parisienne pauvre : en voilà un décor pour un roman ! Mais il faut compter avec un petit appartement parisien, et bien sûr, le Manhattane, café où Lætitia et Aimée se retrouvent au début du livre, puis à la fin, six mois plus tard. Le même lieu, mais plus la même ambiance…

L’époque. Le roman est cruellement actuel et pourtant, c’est au début des années 2010 que le situe son autrice. On le referme entre épouvante (et dire que ce monde est le nôtre…) et espoir : celui que cette histoire soit lue par le plus grand nombre.

L’auteur. Claire Vesin n’est pas une inconnue : « madame le Docteur V », « cardiologue en banlieue » passée par l’hôpital public, partage avec ses 8.000 abonnés Instagram des anecdotes pleines d’humanité sur son quotidien. J’ai adoré retrouver le ton de son compte dans son premier roman.

Ce livre a été lu avec la certitude que si Claire Vesin est cardiologue, c’est parce que rien de ce qui concerne le cœur ne lui est étranger : ni l’organe, ni le siège des sentiments. Après l’avoir lue, vous aurez envie de la consulter – et pour ce qui est de l’inverse, je suis sûre que c’est déjà vrai !

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