Emily Costecalde, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « Les Chants d’amour de Wood Place » d’Honorée Fanonne Jeffers, paru le 7 septembre 2023 aux Éditions Les Escales.

Sa citation préférée :

« Et Belle mettra au monde trois filles : Lydia, Carol, et enfin, une petite dernière : Ailey, qui apprendra à honorer une lignée remontant à des gens dont elle ne connaîtra jamais le nom. À faire l’éloge d’un sang qui reviendra en rêve longtemps après la capitulation de la mémoire. »

Pourquoi ce livre ?

• Parce que c’est un premier roman impressionnant et brillamment construit, très dense et maîtrisé, qui joue avec plusieurs lignes temporelles et un arbre généalogique tentaculaire. C’est magistral.
• Parce que c’est un roman extrêmement puissant sur l’esclavage et le traumatisme engendré par la servitude, qui continue à hanter les générations actuelles. Le récit est de facto très dur, avec des scènes atroces : Les Chants d’amour de Wood Place ne dissimule rien des horreurs de l’esclavage. Les familles séparées au gré des ventes, les sévices corporels, les agressions sexuelles, le deuil omniprésent… Une lecture aussi ardue que nécessaire.
• Parce que c’est le roman idéal pour comprendre ce que c’est que d’être Afro-américain au début du XXIe siècle. Le roman pousse le lecteur à réfléchir à cette identité noire. L’autrice définit elle-même son livre comme un « roman féministe noir ».
• Parce que c’est un roman à la fois très touchant et formidablement efficace : l’alternance des lignes temporelles, mais également des narrations (première personne du singulier, troisième personne, et même narrateur omniscient désincarné à la façon d’un chœur grec antique) permet au lecteur de ne pas se perdre dans cet arbre généalogique qui court sur plus de deux siècles.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Ailey est une jeune Afro-américaine qui se cherche : elle se penche alors sur le passé de ses ancêtres, qui s’entremêle étroitement avec l’histoire de l’esclavage.

Les personnages. Le roman se penche sur une lignée matrilinéaire, d’Aggie, esclave au début du XVIIIe siècle à Ailey, jeune doctorante férue d’histoire. De très beaux portraits de femmes.

Les lieux. L’histoire se passe sur une plantation imaginaire dans le sud des États-Unis, en Géorgie.

L’époque. Le roman se passe principalement des années 1970 aux années 2000, mais une deuxième ligne narrative court du début du XVIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe. L’autrice se permet même des incursions encore avant !

L’auteur. Honorée Fanonne Jeffers est une professeure d’anglais et une poétesse américaine. Il s’agit là de son premier roman (ce qui est d’autant plus impressionnant).

Ce livre a été lu impressionnée, mais aussi avec beaucoup de tristesse.

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