Alain Raimbault, écrivain, blogueur et contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Open Water de Caleb Azumah Nelson, paru le 24 août 2022 aux Éditions Denoël.

Sa citation préférée :

« « Être toi, c’est présenter des excuses, et souvent ces excuses prennent la forme de l’évitement. L’évitement n’est pas sélectif. Il ne sait pas quand il entrera en scène. Ce que tu essaies de dire, c’est qu’il est plus facile pour toi de te dissimuler dans ta propre obscurité que de te montrer drapé dans ta vulnérabilité. Ce n’est pas mieux mais c’est plus facile. Seulement, plus tu persisteras ainsi, plus tu risques d’étouffer. À un moment, il faudra bien que tu respires. »  »

Pourquoi ce livre?

• Parce que l’histoire d’amour qui se développe entre les deux personnages est basée sur l’attente alors que le lecteur s’attendrait plutôt à une fulgurance, sur les non-dits, les silences, la distance et la sensualité. Quand les mots manquent, et ils manquent souvent car l’amour ici est langage de muets, la musique et l’alcool remplissent des vides. Il est photographe et cherche à voir ses sujets, à les démasquer quand lui-même est tout en retenue. Et c’est justement là le problème. Quand parviendra-t-il à parler vraiment? À tout dire? Une tension naît de cette incapacité à parler vraiment.
• Parce que le photographe est ghanéen et vit depuis longtemps à Londres. Il se sent toujours en danger car un contrôle de police est toujours possible, pour n’importe quelle raison, et risque de se terminer très mal. Il vit le racisme au quotidien. Il ne se sent jamais libre. Il ploie sous le poids des préjugés raciaux. Il est fatigué, écoeuré, traumatisé par le regard que la société anglaise porte sur lui. Il voudrait une seule fois se sentir vraiment libre, se sentir compris pour qui il est et non pour ce que la couleur de sa peau représente.
• Parce que le texte écrit à la deuxième personne du singulier sonne comme une confidence, une musique familière empreinte d’une grande poésie. Le ton est singulier. Il apporte un souffle nouveau à une histoire en quelque sorte éternelle. Deux êtres se rencontrent, se reconnaissent et vont tenter de s’aimer. Ce roman ressemble à une tragédie grecque où le chœur (remplacé ici par les paroles des nombreuses chansons qu’écoute le photographe, en plus du tutoiement) aurait gagné aux dépens de l’action.
  

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Un jeune londonien rencontre une jeune femme. Elle est danseuse et étudie à Dublin. Ils vont essayer de s’aimer malgré le racisme quotidien auquel les deux font face parce qu’ils sont noirs.

Les personnages. Le photographe et la danseuse dont il est amoureux.

Les lieux. Londres; Dublin.

L’époque. Aujourd'hui.

L’auteur. Caleb Azumah Nelson est un écrivain anglo-ghanéen né en 1993. Open Water est son premier roman, déjà traduit dans 14 langues.

Ce livre a été lu entraîné dès les premières lignes dans cette histoire d’amour impossible écrite avec une grande intensité, une grande poésie, et une beauté déchirante.

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