Audrey Escoin, contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu, paru le 12 janvier 2022 aux Éditions Albin Michel.

Sa citation préférée :

«  "Depuis l’enchaînement des catastrophes, je passe énormément de temps dans ma tête. Tout est fort, tout le temps. Il pourrait neiger sous mon crâne que je ne serais même pas étonné. Comme si j’avais vécu trois vies alors que je n’ai que 9 ans et demi."  »

Pourquoi ce livre ?

• Parce que c’est l’histoire du père de Mathias Malzieu quand il était enfant que nous livre ce roman. A la fin du printemps 1944, un petit garçon perd sa maman. Son père ne peut s’en occuper et l’envoie en Lorraine, pour que sa grand-mère prenne soin de lui. Après avoir traversé la ligne de démarcation, caché dans une charrette de foin, il arrive dans un petit village, situé sur la frontière allemande. Sur place, c’est toute une famille qu’il rencontre. Sa grand-mère, une tante et l’oncle Emile. Mainou, n’a rien à faire ici, et devra respecter les codes et se faire discret.
• Parce que c’est la description d’un quotidien rythmé par des nuits dans la cave bunker en raison des bombardements allemands. Mainou pense beaucoup à sa mère, et trouve dans ce village quelques souvenirs qui le rattachent à elle. Il lui parle beaucoup, se confie à elle et lui écrit. Il cherche réconfort et réponses auprès des siens, de nouvelles rencontres, mais aussi auprès de cigogne ou autres animaux campagnards.
• Parce que Mathias Malzieu livre un récit plein de pudeur et à travers cette histoire familiale, c’est aussi l’histoire d’une région qu’il nous retrace. Il décrit la façon dont tant de gens ont vécu la cohabitation forcée avec les Allemands. Nés Allemands eux-mêmes, redevenus Français, on leur demanda à nouveau de renier cette France et sa langue.
• Parce que c’est un roman très intime et qui pourtant saura toucher de nombreux lecteurs. En refermant ce livre, vous ne pourrez que regarder avec bienveillance le garçon sur la couverture. Ce regard qui illumine et à travers lequel toute son histoire transperce. Mathias Malzieu nous avait habitués avec ses précédents romans à davantage de fantaisie et de poésie. Ici c’est un tout autre genre, plus sobre mais terriblement humain et porteur d’espoir.
  

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. En juin 1944, le père de Mathias, le petit Mainou, neuf ans, vient de perdre sa mère, morte en couches. On décide de l’envoyer, caché dans une charrette à foin, par-delà la ligne de démarcation, chez sa grand-mère qui a une ferme en Lorraine.

Les personnages. Mainou, un petit garçon. Sa grand-mère, ses tantes, son oncle. Sa mère trop tôt partie. Les Allemands. L’inconnue du grenier.

Les lieux. Un village Lorrain, à la frontière allemande. La Frohmühle, comme une maison du bonheur. Un bunker, un grenier, une forêt.

L’époque. De juin 1944 à mai 1945.

L’auteur. Mathias Malzieu entame sa carrière d’homme poétique en 1993 en fondant le groupe de rock Dionysos. Peu enclin à choisir entre sa vocation de chanteur et d’auteur, il développe depuis lors un univers sous forme de livres, de disques et de films.

Ce livre a été lu avec intérêt et curiosité. J’ai aimé passer ces quelques mois auprès de Mainou malgré l’horreur de la guerre et de son histoire. J’ai trouvé l’épilogue du roman brillant et intelligent. Mathias Malzieu, avec ce roman, lance un joli pied de nez à ceux qui ne jurent que par le repli et le rejet des autres.

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