« Batouala » : Cent ans après, le roman de René Maran se rappelle au souvenir du Goncourt
REEDITION•« Batouala » de René Maran a été réédité en septembre 2021 chez Albin MichelAlain Raimbault membre de la communauté 20 Minutes Livres.
L'essentiel
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- Aujourd’hui, « Batouala » de René Maran, réédité le 1er septembre 2021 aux Éditions Albin Michel.
Alain Raimbault, contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Batouala de René Maran, paru le 1er septembre 2021 aux Éditions Albin Michel.
Sa citation préférée :
« « A présent, ils n’étaient que des esclaves. Il n’y avait rien à espérer d’une race sans cœur. Car ils n’avaient pas de cœur, les « boundjous ». Ils abandonnaient les enfants qu’ils avaient des femmes noires. Se sachant fils de blancs, ces derniers ne daignaient pas fréquenter les nègres. Plein de haine et d’envie, en « boundjouvoukos », qu’ils étaient, ces blancs et noirs vivaient exécrés de tous, pourris de vices, paresseux et malfaisants. Quant aux femmes blanches, inutile d’en parler. » »
Pourquoi ce livre ?
- Parce que ce roman, dont on fête le centenaire, fut l’un des premiers à décrire tel qu’il est, dans un style naturaliste, le colonialisme à l’œuvre en République centrafricaine. Il trace le portrait sans fard de l’administrateur colonial paresseux, violent, ignare, alcoolique, injuste, vénal et profiteur. Ce roman courageux écrit par un administrateur colonial lui-même dénonce les horreurs de la colonisation.
- Parce que d’un côté René Maran a reçu le prix Goncourt (1921) pour ce livre, de l’autre il s’est fait discréditer par le pouvoir en place et les intellectuels bien-pensants qui ne doutaient pas, alors, des bienfaits du colonialisme. Et ils étaient nombreux à l’époque.
- Parce que même si l’auteur pose un regard bienveillant pour les victimes, il reste objectif dans un souci de décrire sans juger les traditions telles que la polygamie, la circoncision, l’excision, les danses et les chants, la chasse, les cérémonies entourant le deuil ou les relations sociales qui régissaient le quotidien.
- Parce que cette œuvre est devenue un classique de la littérature mondiale. Elle est terriblement courageuse. Elle ouvre la voie à ce mouvement qui sera plus tard celui de la Négritude ou de la « Harlem Renaissance » aux États-Unis. Les éditions Albin Michel qui publièrent ce roman en 1921 ont bien raison de nous faire redécouvrir ce chef-d’œuvre essentiel aujourd’hui.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Batouala est le chef de plusieurs villages et possède plusieurs femmes. Le jeune Bissibingui s’éprend pour la belle Yassiguindja. Celle-ci n’est pas du tout insensible à ses charmes. Hélas, elle est la favorite de Batouala qui va alors essayer de tuer son rival.
Les personnages. Batouala, chef de villages. Yassiguindja, épouse de Batouala. Bissibingui, jeune chasseur vigoureux. Des administrateurs coloniaux.
Les lieux. L’Oubangui-Chari, aujourd’hui la République centrafricaine.
L’époque. Les années 1914-1918, durant la Première Guerre mondiale.
L’auteur. René Maran est né en Martinique en 1887. Il fut administrateur colonial en Oubangui-Chari dans les années 1910, territoire où il écrit patiemment son roman. Il abandonnera ensuite sa carrière pour se consacrer à l’écriture.
Ce livre a été relu avec tristesse pour les faits décrits et éblouissement face au courage de l’auteur et à la description minutieuse de la vie en Oubangui-Chari dans les années 1910.
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