« Le lambeau »: Retour sur le livre qui a aidé Philippe Lançon à se reconstruire

Kravis, nouveau membre de la communauté « 20 Minutes Livres », vous donne son avis sur Le lambeau de Philippe Lançon, paru en avril 2018 chez Gallimard (livre dont 20 Minutes avait bien évidemment parlé à l’époque).

Sa citation préférée :

«  « Écrire est la meilleure manière de sortir de soi-même, quand bien même ne parlerait-on de rien d’autre ».  »

Pourquoi ce livre ?

• Parce que sept jours seulement après le massacre de la rédaction de Charlie, Philippe Lançon, depuis son lit d’hôpital, envoie déjà un article aux deux journaux pour lesquels il travaille.
• Parce que l’auteur nous plonge au cœur de son quotidien de patient, de ses tourments, de ses rencontres et de ses réflexions entre l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et celui des Invalides. Il ne nous cache rien de cette nouvelle vie de grabataire meurtri où sa chambre est à la fois son « royaume » et son « sous-marin ». Seuls certains prénoms ont été changés, le moins possible, précise-t-il en introduction.
• Parce que Lançon n’exprime aucun ressentiment. Lorsqu’il évoque les auteurs du massacre, il n’écrit que la première lettre de leur nom. Le seul qualificatif qu’il s’autorise à leur égard est celui de « possédés ».
  

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Rescapé de l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 à 11h30, Philippe Lançon, journaliste à Libération et chroniqueur de Charlie, se retrouve dans la peau d’un grand blessé de guerre, d’une gueule cassée. Une rafale de kalachnikov l’a atteint aux bras et au visage, alors qu’il était au sol.

Les personnages. Les médecins, le personnel infirmier, les patients, les policiers qui veillent à sa sécurité.

Les lieux. La salle de rédaction de Charlie Hebdo, l’hôpital de la Salpêtrière et l’hôpital des Invalides. A savoir : en chirurgie, un lambeau est un segment de parties molles conservées lors de l’amputation d’un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple.

L’époque. Du 7 janvier 2015 à l’été 2015.

L’auteur. Philippe Lançon n’est pas un chroniqueur offensif sinon de la culture sous toutes ses formes. Rien ne le comble davantage que Bach, Coltrane, Proust, Kafka, Thomas Mann. C’est un homme pacifique, épris de liberté, un altruiste qui a des ressources intarissables de sympathie et d’empathie.

Ce livre a été lu par Kravis, correcteur-traducteur et ancien journaliste qui « aime faire part de ses lectures » : « Le Lambeau est le témoignage bouleversant d’un homme qui nous dit que, s’il y a en lui pas mal de choses à reconstruire, sa faculté d’écrire est toujours intacte comme sa liberté d’expression. Ses confrères et amis de Charlie Hebdo sont morts pour ça ».

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