Laurent, contributeur du groupe de lecture et journaliste à 20 Minutes, nous donne son avis sur Derrière les portes par B.A. Paris.

Ma citation préférée :

« « Dans la mesure où il était capable de me duper, de m’amener à oublier, même pendant quelques secondes, ce qu’il m’avait révélé de lui, comment allais-je parvenir à convaincre les autres qu’il était un loup déguisé en agneau ? » »

Pourquoi ce livre ?

Parce que Gillian Flynn puis Paula Hawkins ont ajouté un rayon à nos bibliothèques qu’il convient désormais de remplir. Derrière les portes est un thriller psychologique efficace et agréable à lire, ce qui explique qu’il s’est vendu à un million d’exemplaires outre-Manche et sera bientôt adapté au cinéma.

Parce qu’à l’instar des Anglo-Saxons, on qualifierait volontiers ce livre de « thriller domestique » si l’expression n’évoquait davantage, en français, une enquête sur un abattant de WC levé qu’une lutte à mort entre deux époux. Chez les Angel, on ne parle plus de charge mais de maladie mentale.

Parce que l’auteur maîtrise le rythme de son récit. Les deux lignes de temps mêlées feront le bonheur des amateurs de « Page Turner », familiers de cette écriture en jersey.

Pour le second rôle touchant joué par la sœur trisomique de la mariée. Dans ce livre, l’action l’emporte sur le portrait, rompant avec les codes du genre. Aussi Millie, la frangine au sixième sens aiguisé, apporte-t-elle un supplément d’âme appréciable au roman.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Dans leur pavillon témoin à quelques encablures de la City, les époux Angel organisent une journée portes ouvertes réussie. Les amoureux ont les dents ultra-blanches mais, derrière les portes closes, elles grincent. La photo de famille Getty Images est elle aussi nette qu’on le croit ?

Les personnages. Jack Angel cuisine les époux violents en robe d’avocat. Grace Angel, les pommes de terre en robe des champs. Autour d’eux, des gens qu’on ne croise normalement que sur LinkedIn : Diane, Adams, Rufus, Esther, yuppies tagada qui s’extasient au moindre soufflé.

Les lieux. Spring Eaton, havre rural pour couples parfaits, ressemble au Monterey de « Big Little Lies ». À ceci près que Spring Eaton n’existe pas. Les couples parfaits non plus.

L’époque. À cette époque charnière où le fait de ne pas avoir de téléphone portable n’est pas à proprement parler illégal mais tout de même vraiment suspect.

L’auteur. B.A. Paris s’est mise à l’écriture à l’âge de 50 ans. Franco-irlandaise, elle a rédigé Derrière les portes et ses deux romans suivants en anglais. La traduction du deuxième, Défaillances, vient de sortir chez Hugo Roman. Derrière les portes a été présélectionné pour le Prix des lecteurs 2018.