Musique : A rebours de nombreux artistes, will.i.am des Black Eyed Peas encense l’IA
allié de la technologie•Le chanteur des Black Eyed Peas n’est pas en guerre contre l’intelligence artificielle (IA). Il vient de lancer un nouveau concept de radio, où l’IA joue les animateurs et les DJ20 Minutes avec AFP
Will.i.am est à contre-courant par rapport à de nombreux de ses collègues de l’industrie musicale. Le chanteur des Black Eyed Peas n’est en effet pas en guerre contre l’intelligence artificielle (IA), au contraire : il vient de lancer un nouveau concept de radio, où l’IA joue les animateurs et les DJ.
L’artiste américain estime même que c’est dans la technologie « que se joue la création aujourd’hui ». « C’est comme quand on forme un groupe, et qu’on écrit des chansons pour attirer l’attention des gens, sauf qu’au lieu des mélodies, on fait des algorithmes », raconte-t-il à l’AFP lors d’un entretien en marge de l’événement annuel de Salesforce, géant du marketing en ligne.
Un tacle contre Spotify
Fondateur et patron de FYI, il a dévoilé le mois dernier RAiDiO. FYI, un ensemble de stations thématiques et interactives, disponible sur l’application FYI.AI. Un animateur IA accueille les auditeurs « en direct de l’éther », avec une voix ultra-réaliste, des tics de langage aux intonations et hésitations. Il lit un bulletin d’informations puis joue de la musique, à moins que l’utilisateur ne l’interrompe.
Pour l’instant, la radio ne joue que 40 morceaux, mais William Adams, de son vrai nom, essaie d’obtenir les droits des catalogues des labels. Il veut « innover dans la radio », parce que « la radio est notre alliée » contrairement aux plateformes comme Spotify, qui, selon lui, ne rémunèrent pas assez les musiciens.
Depuis les Black Eyed Peas, le rappeur a investi dans différents secteurs, de la mode aux technologies. Et l’IA générative le passionne particulièrement. Elle inquiète pourtant de nombreux artistes, remontés contre des modèles comme ChatGPT, qui produisent textes, images et sons sur simple requête en langage courant, après avoir été nourris avec toutes sortes de matériaux récupérés en ligne. Des studios de Hollywood aux éditeurs new-yorkais, la nouvelle technologie alimente des grèves et des poursuites pour violation des droits d’auteur.
L’IA « n’a pas d’imagination »
« On a déjà vu ça avec les appareils photos : "Oh, ces gens qui prennent des clichés en appuyant sur un bouton alors que ça m’a pris deux semaines pour peindre ce paysage" », se moque le compositeur, prenant un accent français. Selon lui, « chaque nouveau médium crée de la douleur, parce que quelque chose est en train de naître. Un nouveau type d’artiste va voir le jour ».
« L’IA sait imiter, super bien, mais elle n’a pas d’imagination », continue-t-il. « Elle ne va pas rêver mieux que toi, mais elle comprend mieux l’algorithme, alors il faut s’en servir pour créer des choses ». Il reconnaît néanmoins le potentiel dangereux de la technologie, alors que la Silicon Valley veut créer une IA « générale » - aussi intelligente que les humains. « Bientôt, la machine va se conduire toute seule », souligne-t-il. Au final, il appelle donc à réguler l’industrie mais sans étouffer l’innovation.