INTERVIEWPierre Garnier tenait à « parler de santé mentale et pas que d’amour »

« Pour mon premier album, je n’ai pas été obligé de faire quoi que ce soit », assure Pierre Garnier

INTERVIEWCe vendredi, à peine plus de quatre mois après avoir remporté « Star Academy », Pierre Garnier sort son premier album, « Chaque seconde ». Une étape importante dans un début de carrière déjà dense et propulsé par le tube « Ceux qu’on était »
Fabien Randanne

Propos recueillis par Fabien Randanne

L'essentiel

  • Pierre Garnier, qui a remporté Star Academy en février sur TF1, sort ce vendredi son premier album, Chaque seconde.
  • « Tout s’est passé comme je le voulais et le résultat est conforme à ce que je souhaitais. Avec mon entourage musical, qui était déjà celui d’avant Star Academy, tel que Joseph Kamel, nous sommes partis une semaine à la campagne, affirme l’artiste de 22 ans à 20 Minutes. J’ai pu dire ce que j’avais envie de faire ou de ne pas faire. Je n’ai pas eu à faire de concessions. »
  • Début 2025, Pierre Garnier se lancera dans sa propre tournée en France. En attendant, il participe à la tournée « Star Academy » dont le concert parisien de samedi sera retransmis en direct sur TF1 dès 21h10. « Je pense qu’on va être très content de faire ce show, que ce sera émouvant, avec un peu de nostalgie », avance-t-il.

Il a choisi d’intituler son premier album, qui sort ce vendredi, en empruntant le titre d’une chanson du même opus, Chaque seconde. Il faut dire que, ces derniers mois, Pierre Garnier a un rapport au temps qui s’écoule bien particulier. Entré au château de « Star Academy » en octobre, il en est ressorti grand vainqueur en février. Dans la foulée, son premier single, Ceux qu’on était, a pris la tête des meilleures ventes durant plusieurs semaines, jusqu’à être sacré disque de diamant. Puis il a entamé, avec plusieurs de ses camarades, la tournée Star Academy, constituée de plus de soixante-dix dates dont l’une, ce samedi à l’Accor Arena de Paris, sera retransmise sur TF1. Entre-temps, le Normand a fêté ses 22 ans et trouvé quelques moments pour écrire et enregistrer ce premier album. Dans son agenda bien chargé, il avait un créneau ce lundi pour que 20 Minutes puisse l’interviewer. On a sauté sur l’occasion. Sans perdre une seconde.

Depuis votre sortie de « Star Academy », vous enchaînez concert, tournée, album et promotion… La question n’est pas rhétorique : comment allez-vous ?

Franchement, ça va. Et vous ? (sourire) C’est vrai que depuis la sortie de « Star Academy », j’ai fait pas mal de choses. C’est intense, mais c’est de la musique et c’est ce que j’aime faire. Il faut bien dormir, faire attention à ce qu’on mange pour bien suivre le rythme et aller jusqu’au bout.

Un succès aussi rapide et massif, c’est facile à gérer ?

J’en ai pris conscience lors de la finale de « Star Academy ». Pendant les trois mois précédents, c’est allé crescendo, mais j’ignorais tout de cela. C’est vrai que j’ai tout pris d’un coup. Au début, j’étais un peu étourdi. Mais le fait de rentrer chez moi, de voir ma famille et de retrouver mes potes, m’a permis de garder les pieds sur terre et de me dire que c’était surtout un plus pour faire de la musique, pour en vivre.

Quand vous lisez des articles sur vous, y a-t-il des choses qui vous surprennent dans la perception que les gens peuvent avoir de vous ?

Non, franchement, ça va. Je trouve que tout ce qui est retranscrit correspond à ce que je suis. Pendant trois mois, on m’a vu comme j’étais dans la vie. Après, je ne lis pas tout le temps ce qui s’écrit sur moi, mais je m’y retrouve toujours, comme quand on parle de ma bonne humeur.

Vous avez conçu votre premier album en très peu de temps. Le résultat correspond-il exactement à ce que vous souhaitiez ? Ou avez-vous dû faire des concessions ?

Tout s’est passé comme je le voulais et le résultat est conforme à ce que je souhaitais. Avec mon entourage musical, qui était déjà celui d’avant « Star Academy », tel que Joseph Kamel, nous sommes partis une semaine à la campagne. Je me sentais à l’aise. J’ai pu dire ce que j’avais envie de faire ou de ne pas faire. Je n’ai pas eu à faire de concessions, justement. Ensuite, tous les lundis et mardis, j’allais en studio avec Joseph et [le producteur] Marso… C’était un environnement assez familial et je n’ai jamais eu l’impression d’être oppressé ou obligé de faire quoi que ce soit. C’était moi qui prenais les décisions finales.

Certaines chansons existaient-elles déjà depuis longtemps, comme « Ceux qu’on était », ou avez-vous tout écrit cette année ?

J’avais des bribes de quelques morceaux d’avant, mais on a tout refait pour l’album pour, par exemple, des questions de tonalité. Pas une larme, c’est la toute première que j’avais écrite, lors de ma première rupture amoureuse. C’est à ce moment-là que j’ai commencé l’écriture. Même si je l’ai améliorée, je l’ai signée tout seul, je l’ai faite et ça me tenait à cœur. A l’époque, je l’avais écrite à la guitare, mais il manquait quelque chose. On m’a fait écouter la proposition d’accompagnement au piano par Sofiane Pamart et j’ai trouvé ça magnifique. Que je fasse en feat avec lui la première chanson que j’ai écrite dans ma chambre, je trouve ça cool.

Pour les nouvelles, l’inspiration est venue aisément ?

Ca dépend. Durant la semaine de séminaire, j’étais très inspiré. Peut-être que comme je sortais de « Star Academy », ça m’a permis de me poser et m’a donné plein d’idées. L’inspiration venait de différentes manières. Parfois, d’une boucle de guitare qui, au fur et à mesure, me faisait penser à un texte. D’autres fois, je partais d’un sujet que j’avais envie d’évoquer, alors on se lançait sur quelques mots, quelques accords de piano…

Y a-t-il une chanson que vous aimeriez que le public écoute avec une attention particulière ?

Il y en a plusieurs. A commencer par le single, Nous on sait, qui traite d’un sujet important, à savoir de la santé mentale. Je suis parti d’un constat que j’ai fait de ma génération, de mon entourage. Plusieurs de mes potes sont perdus. On a fait des études mais on ne sait pas quoi faire, ni trop où aller et, parfois, ça peut rendre triste. Certains potes se sont éloignés d’autres personnes, ils ont fait une forme de dépression. Je trouvais important de parler de ça, d’autre chose que d’amour.

Comment on garde le contact avec son bien-être et préserve-t-on sa santé mentale quand on a été sous l’œil des caméras quotidiennement pendant plusieurs mois, avant de vivre une abondance de choses, même positives ?

C’est une bonne question. Rien que le fait d’être filmé en permanence pendant trois mois, personne n’est habitué à ça. En sortant, tu redécouvres plein de choses du quotidien, le téléphone, par exemple [il désigne le smartphone sur la table]… Mais ce qui fait que je me sens bien, c’est que je suis bien entouré, par des personnes qui me soutiennent, qui me prennent pour qui je suis et pas seulement pour l’artiste. ça me permet de me sentir bien, sinon, je serais sans doute un peu perdu.

Vous disiez à l’instant ne pas vouloir chanter que l’amour. « Tout en mieux » parle donc d’amitié…

Ce sont des choses assez proches. Aimer quelqu’un en amour ou en amitié, je le vis différemment mais tout aussi intensément. C’était important pour moi d’en parler parce que j’ai beaucoup d’amis proches, et notamment d’amies. C’est cool d’évoquer l’amitié hommes/femmes parce que souvent on a du mal avec ça. Alors que c’est possible, ce n’est pas parce qu’on est tout le temps avec une fille et qu’on s’entend bien qu’on est forcément ensemble.

Le fait que le premier single ait connu un succès aussi faramineux, ça enlève une pression parce qu’on se dit que ce sera difficile de faire mieux avec les autres titres ou est-ce qu’il y a justement une crainte que ça marche beaucoup moins bien pour les autres chansons ?

Ce qui m’est arrivé avec le premier single, c’est un truc de fou, il ne faut pas se baser là-dessus. Je suis surtout dans l’optique de partager autre chose et de voir si ça plaît aux gens. Je ne ressens pas plus de pression que ça, honnêtement.

Y a-t-il un artiste dont la carrière vous semble être un bon modèle ?

J’aime beaucoup Ed Sheeran, le fait qu’il s’accompagne souvent à la guitare. Son mood aussi : il est très humble, très chill. J’aimerais bien faire une carrière qui s’approche de la sienne. Ecrire pour les autres, aussi, il écrit beaucoup pour les gens.

Samedi, le concert de la tournée « Star Academy » à Paris sera diffusé en direct sur TF1. Vous appréhendez ce moment comment ?

C’est quand même particulier. Déjà, c’est Bercy, c’est une salle mythique et une grande salle. On sent qu’on approche de la fin de la tournée, c’est en quelque sorte presque le show final. Je pense qu’on va être très content de faire ce concert, que ce sera émouvant, avec un peu de nostalgie. Ce sera filmé un peu comme dans un prime. Il restera quelques semaines et puis ce sera la fin pour nous, un nouveau cycle de « Star Academy » va commencer. Même si, après, il y a tout le reste qui arrive pour moi et que je suis très impatient de chanter mes chansons solos, je baigne dans l’ambiance « Star Academy » depuis octobre, c’est un petit peu ma vie en ce moment. Me dire que c’est bientôt la fin, qu’avec mes acolytes on va moins se voir qu’avant alors que cela fait des mois qu’on se voit tous les jours… Je suis de nature assez nostalgique, donc, forcément, dès qu’on arrête un truc, je suis un peu triste.

Vous allez cependant lancer votre propre tournée en janvier…

Ca va être trop cool. J’attends cela avec impatience, ce sera forcément différent de la tournée « Star Ac ». Je vais pouvoir chanter mes chansons, organiser les choses comme j’en ai envie, le public viendra pour mes titres et moi. C’est un autre exercice. Après la tournée « Star Academy », je vais faire une petite pause mais j’ai déjà hâte de me pencher là-dessus, parce que, ce que j’aime, c’est le studio, les concerts, partager avec le public. Chanter à L’Olympia moins d’un an après être sorti de « Star Academy », c’est fou. Je vais voir mon nom en lettres rouges sur la façade… Je ne suis jamais allé voir un concert là-bas mais je vais en donner un. Je suis trop content.

Slimane, qui a remporté en 2016 un autre télécrochet, « The Voice », a fini quatrième de l’Eurovision cette année. Participer à ce concours vous tenterait ?

Pour l’instant, j’avoue que ce n’est pas du tout le sujet. Je pense avoir tellement d’autres trucs à faire avant. C’est une certaine pression quand même de représenter la France à un tel événement. Ce n’est pas quelque chose qui me donne envie pour l’instant, mais il ne faut jamais dire jamais (rires).