Trois heures après son lancement, le projet était bouclé. Le chanteur Bertrand Cantat, qui a tué sa compagne Marie Trintignant en 2003, et son groupe Détroit ont récolté 120.148 euros sur Ulule pour réaliser un nouvel album. Au total, le groupe bordelais a reçu 1.942 contributions et des milliers de commentaires de « soutien ». Et la cagnotte ne cesse d’augmenter.

Face à cet engouement et à l’accompagnement de la plateforme, plusieurs féministes, dont les comptes de Clit Révolution, Lauren Bastide ou encore Rose Lamy, ont publié un message sur les réseaux sociaux pour indiquer qu’elles ne se tourneraient plus vers Ulule pour leurs futurs projets. « Cantat est libre d’autoproduire son album, Ulule est libre de l’accompagner, nous sommes libres de ne plus aller sur Ulule. Voyons qui rapporte le plus à qui », écrit dans une publication Elvire Duvelle-Charles. En story, elle appelle « toutes les féministes » à ne plus donner « un euro » à Ulule.

Ulule répond dans un communiqué et se désolidarise

La plateforme a partagé un communiqué sur ses réseaux à la suite de ces publications indiquant qu’elle n’avait « pas fait le lien entre le projet et Bertrand Cantat ». Ulule précise qu’il ne souhaite pas être associé à « ce que représente » le chanteur. Ne pouvant pas fermer une collecte déjà lancée, l’organisme a alors décidé de ne plus donner de visibilité au projet et de « reverser l’intégralité des commissions à une association d’aide aux femmes victimes de violences conjugales ».

Depuis sa sortie de prison en 2007, après quatre ans et demi de détention, l’ex-chanteur de Noir Désir a tenté de multiples retours dans la musique. A chaque fois, il a fait face à l’opposition de nombreuses militantes féministes avec des manifestations devant les salles où il devait se produire. Certains de ses concerts ont été annulés. Il a d’ailleurs été évincé de plusieurs festivals et en mars 2020, avait dû reporter son retour sur scène au Rocher de Palmer, près de Bordeaux, où il vit.

Il s’est tourné vers le financement participatif étant privé de distributeur et de maison de disques depuis sa libération. « Nous faisons le choix pour cet album de nous structurer de façon indépendante et d’autoproduire ce disque dans des dispositions qui nous ressemblent », avait indiqué le groupe l’an dernier, près de vingt ans après la mort de l’actrice.