MUSIQUELes festivaliers au rendez-vous pour « faire vivre » Musilac encore une année

Les festivaliers au rendez-vous pour « faire vivre » Musilac encore une année

MUSIQUELe festival d’Aix-les-Bains se trouvait dans une « situation très délicate » l’an passé, au point où la tenue d’une vingtième édition était incertaine selon ses organisateurs
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • L’année dernière, l’avenir du festival Musilac était incertain au vu de son bilan financier.
  • Grâce aux festivaliers, donateurs, aux politiques, l’édition 2023 peut finalement se tenir à partir de ce mercredi jusqu’à samedi.
  • Preuve de cette mobilisation, 85.000 billets étaient déjà vendus et un soir était sold out avant l’ouverture des portes.

«C’est la fin. » Le hit de Juliette Armanet va faire vibrer dans quelques minutes des milliers de spectateurs sur les rives du lac du Bourget, à Aix-les-Bains en Savoie, pour le premier des quatre jours de Musilac. L’année dernière, Rémi Perrier, l’un des créateurs du festival, prononçait aussi ces mots. Pas pour chanter Le dernier jour du disco, mais pour faire le bilan de l’édition qui fêtait les vingt ans du plus gros festival d’Auvergne-Rhône-Alpes. Après deux ans d’annulation à cause du Covid-19, l’édition 2022 n’a pas été à la hauteur des attentes de ses fondateurs. Le déficit s’élevait à 1,2 million d’euros.

Ni une, ni deux, les festivaliers fidèles, donateurs et politiques se sont mobilisés pour que quelques mois plus tard… Musilac 2023 soit finalement annoncé et puisse se tenir.

Le poids des festivaliers

A l’inverse de l’année dernière, un soir était sold out avant l’ouverture des portes et plus de 85.000 billets ont été vendus. Les festivaliers ont été au rendez-vous. « Quand j’ai appris qu’il pourrait ne pas y avoir de nouvelles éditions, j’ai été très déçue, indique Kathleen, 27 ans. Je n’y croyais pas, comme beaucoup des habitués de Musilac. J’ai même vu qu’il y avait des pétitions qui s’étaient lancées. » Pour cette Aixoise, Musilac signifie « le top départ de l’été ». Depuis ses 11 ans, elle ne rate aucune édition même après son déménagement à Nice en 2020.



Même état d’esprit pour Théo. Pour lui, « il était impensable que Musilac s’arrête ». Ce Chambérien âgé de 27 ans a « grandi » avec. « Ma première édition était en 2003, j’avais 7 ans. Et puis, à partir de 2007, je n’en ai manqué aucune. Ma culture musicale s’est construite autour de la programmation de Musilac. Il m’a vu grandir mais je l’ai vu aussi évoluer, dans la grosseur des scènes et du public, qui est passé de 6.000 à 30.000 spectateurs en vingt ans. » Il a « eu peur » de voir s’éteindre ce qui représente « le rendez-vous attendu toute l’année ». A sa manière, il a « un peu contribué », notamment en faisant « de la communication gratuitement » en étant administrateur de la page Facebook de 15.000 personnes du nom du festival depuis 2014. « C’est pour que le festival puisse continuer de vivre », dit-il.

Une programmation « cohérente » pour attirer le public

Selon Théo, et d’autres « fidèles », l’année 2022 a été « catastrophique » pour, entre autres, sa programmation « pas stratégique ». Mais cette année, Musilac a « mis le paquet ». Egalement dans le secteur de l’événementiel, le Chambérien analyse : « Le public est compliqué. Il y a trois générations de pop-rock à satisfaire. Les festivaliers paient pour un tout, ils ne sont pas prêts à mettre plus de 60 euros pour un seul artiste, surtout quand, en 2008, la place était à 38 euros. Cette année, la direction artistique a une répartition plus cohérente. Et puis, il y a Indochine comme valeur sûre et Artic Monkeys en quasi-exclusivité nationale ».

En plus de ces têtes d’affiche, une touche plus rap est aussi au menu pour « attirer les jeunes générations ». « Il faut que ça parle à tout le monde », lâche Théo. La communauté étant composée à 80 % d’habitants de la région. « On tient beaucoup à ce festival et on va tout faire pour qu’il puisse continuer de vivre », ajoute-t-il.

« A l’année prochaine »

Et c’est en bonne voie. Avec 85.000 billets vendus avant l’ouverture des portes, l’objectif est donc atteint pour être à l’équilibre dans les finances, selon Rémi Perrier. « Il reste des places, sauf pour vendredi, souffle-t-il, juste avant l’ouverture des portes. C’est une bonne nouvelle ! C’est rare. Dans l’histoire, il y a dû avoir seulement une douzaine de soirs complets. On est rassuré, on est heureux parce que chaque année, on remet notre tête sur le billot. L’an passé, on a vraiment eu peur, on a passé des nuits courtes. Mais on est toujours là ! Et ça se présente sous les meilleurs auspices. »

Si une vingt-et-unième édition a pu voir le jour, c’est donc grâce à « plusieurs acteurs ». « On ne peut pas y arriver tout seul, assure l’organisateur. On a retrouvé de l’énergie, des marques d’affection et on a remis la machine en route. » Et dans ces aficionados, Musilac a pu compter sur le soutien de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour se requinquer.

La subvention accordée est passée de 50.000 à 220.000 euros. Ce qui fait de la région, le premier partenaire financeur du festival. « On ne pouvait pas laisser disparaître un événement aussi emblématique de notre territoire, explique Sophie Rotkopf, vice-présidente déléguée à la culture et au patrimoine. En sauvant Musilac, on voulait aussi montrer qu’on ne laissait pas tomber les Savoyards dans l’offre culturelle proposée mais aussi la ville et toutes les retombées économiques générées. » Elle l’assure, cette aide sera « dans la continuité ». « On n’a pas fait tout ça pour qu’une année », lance-t-elle lors de l’inauguration avant de promettre : « Longue vie à Musilac » et « à l’année prochaine ! ».