PASTèQUES ET KEFFIEHA l’Eurovision, les artistes usent de symboles pour soutenir la Palestine

Eurovision 2024 : Sur scène, les artistes jouent avec les symboles pour afficher leur soutien à la Palestine

PASTèQUES ET KEFFIEHAlors que la compétition a commencé mardi, plusieurs artistes, en lice ou non, tentent d’utiliser leur visibilité pour témoigner de leur soutien au peuple palestinien
Fabien Randanne

Fabien Randanne

De notre envoyé spécial à Malmö (Suède)

Des messages cachés et des symboles discrets mais qui ne passent pas inaperçus. Alors que l’Eurovision 2024 s’est ouvert mardi soir avec la première demi-finale à la Malmö Arena, plusieurs artistes ont profité de cette scène pour exprimer leur soutien au peuple palestinien.

Lors du numéro d’ouverture, Eric Saade, qui avait représenté la Suède en 2011 et se produisait hors compétition, a chanté un keffieh enroulé autour de son poignet. Une marque de soutien qui n’a pas sauté aux yeux de tout le monde mais suffisamment pour être remarquée et commentée sur les réseaux sociaux. « Nous regrettons qu’Eric Saade ait décidé de transiger avec l’idée d’une compétition neutre », a réagi l’organisation auprès du média suédois Expressen.

Pastèque stylisée

Fred Leone, le musicien qui est apparu un peu plus tard dans la soirée avec un didjeridoo dans la scénographie du duo australien Electric Fields, a expliqué sur son compte Instagram qu’il s’était dessiné une pastèque (stylisée) sur son torse. Le fruit, dont les couleurs rappellent celle du drapeau de la Palestine, est un symbole du soutien à la cause palestinienne.

« Du fleuve à la mer ! 200 millions de personnes [l’audience des demi-finales est en réalité bien moindre] ont regardé et fait la fête pendant que des enfants, des mères et des pères innocents meurent par milliers dans un génocide. Je n’ai aucun problème avec les Juifs. Israël ne représente pas les Juifs. J’ai un problème avec ce putain de génocide. Mon arrière-grand-père a survécu à trois massacres. Nos familles, à travers la soi-disant Australie, sont les survivantes d’un génocide en cours », a écrit l’artiste aborigène.

Et de poursuivre : « Ma décision [d’arborer ce symbole] n’engageait que moi. Les conséquences, sans parler des répercussions sur ma carrière en tant qu’artiste, dépendent seulement des personnes qui détiennent le pouvoir. Tout mon amour aux enfants de Palestine. Vous pouvez ne pas être d’accord mais l’histoire vous jugera et fera de vous un connard. »

Des mots rédigés en… alphabet antique

Bambie Thug, qui représente l’Irlande, avait effectué ses répétitions avec des inscriptions corporelles en ogham, un alphabet antique. Les yeux avertis et instruits pouvaient y décrypter les mots « cessez-le-feu » et « liberté ». Lors de la conférence de presse qui a suivi sa qualification, mardi, l’artiste a affirmé que l’UER (Union européenne de radiodiffusion, l’association de diffuseurs qui organise le concours) lui avait interdit de performer en direct avec ces inscriptions.

Motif : cela « contrevient au règlement destiné à protéger la nature apolitique de l’événement ». L’artiste non binaire, qui s’est explicitement engag·é·e en faveur de la cause palestinenne ces derniers mois, s’est contenté·e de l’inscription « Crown The Witch » (« Couronnez la sorcière »). Ce qu’iel a déploré, soulignant qu’il était important pour iel, en tant que personne « pro-justice et pro-paix », d’intégrer ces écritures à son look de scène.