chanson sans frontièreA l’Eurovision, un hymne à l’UE à un mois des européennes

Eurovision 2024 : Le Néerlandais Joost chante son hymne pro-UE à un mois des européennes

chanson sans frontièreLe chanteur de 26 ans représente les Pays-Bas lors de la demi-finale de l’Eurovision ce jeudi. Sa chanson, « Europapa » est un hommage à son père mais aussi à l’espace Schengen
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Joost Klein représente les Pays-Bas à l’Eurovision 2024 à Malmö (Suède). Il participe à la deuxième demi-finale retransmise en direct ce jeudi 9 mai sur Culturebox, canal 14, dès 21h.
  • « Europapa est aussi très influencée par des hits des années 1990 comme Scatman John qui avait aussi ce message du "peu importe qui tu es, tu es juste comme moi, rassemblons-nous" », explique l’artiste à 20 Minutes.

De notre envoyé spécial à Malmö (Suède)

La rigolade et l’émotion qui vous cueille à bout de course. Europapa du Néerlandais Joost Klein sera l’un des temps forts de la demi-finale de l’Eurovision ce jeudi. Frange peroxydée et épaulettes démesurées, l’artiste de 26 ans est notamment accompagné sur scène par un acolyte déguisé en poulet géant. Le ramage au bleu européen est raccord avec la cravate aux couleurs du drapeau de l’UE qu’il arbore.

« Let’s come together ! », « rassemblons-nous ! », enjoint le chanteur au tout début de sa chanson, interprétée majoritairement en néerlandais. « C’est une super phrase, elle apporte de l’espoir », nous a-t-il glissés en souriant lorsqu’on l’a rencontré avant l’événement Eurovision in Concert à Amsterdam, mi-avril. La devise européenne, « Unis dans la diversité », n’est pas loin. L’allusion n’est pas anecdotique. Aux législatives de cet automne, le parti d’extrême droite de Geert Wilders, à la rhétorique anti-immigration et eurosceptique, est arrivé en tête au pays des tulipes avec un score historique : 23 % des suffrages.

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Dans ce contexte, chanter les joies de l’espace Shengen ( « Je veux quitter les Pays-Bas mais j’ai perdu mon passeport. Heureusement, je n’ai pas besoin d’un visa pour être près de toi, donc je prends le bus pour la Pologne ou le train pour Berlin »), qui plus est à un mois des élections européennes, sur l’une des plus grandes scènes internationales, prend un sens particulier.

« Ma chanson est un iceberg dont les gens ne voient que le sommet »

« Je n’ai jamais fait de politique. Je suis juste un comédien qui fait de la musique, mais j’aime ajouter une couche plus profonde à ma musique », explique Joost Klein à 20 Minutes. Alors que certains n’entendent dans Europapa qu’une proposition gag, il précise : « C’est un iceberg dont les gens ne voient que le sommet. Je ne leur en veux pas mais je les invite à regarder en dessous de la surface. »

Puis, sans crainte de nous déstabiliser, il assure à quel point Crazy Frog, qu’il s’est fait tatouer sur le bras l’inspire : « Pour moi, quand les gens pensent que c’est une blague, c’est la meilleure forme de musique possible, parce que les sentiments ne sont pas loin. L’humour est un parfait moyen de toucher les gens au cœur. »

« J’admire la capacité de Stromae à faire danser sur des sujets tristes »

« Europapa est très influencée par des trucs des années 1990 comme Scatman John qui avait aussi ce message du "peu importe qui tu es, tu es juste comme moi, rassemblons-nous" », poursuit Joost Klein qui dit également beaucoup apprécier la musique de Stromae. Il le cite d’ailleurs nommément dans sa chanson lors d’une référence à Papaoutai. Il nous dit : « Il est très cool et j’admire sa capacité à pouvoir faire danser tout le monde sur des sujets tristes ».

Au-dela d’un hymne à l’esprit européen, la chanson se double, comme son titre le laisse deviner, d’une lettre d’amour au père. « J’ai perdu mes parents quand j’étais plus jeune. Je voulais rendre hommage à la façon dont mon papa m’a élevé. J’ai fait ce morceau pour l’enfant à l’intérieur de moi, pour montrer qu’on peut tenir le coup, même quand tout craint. »

L’Eurovision est aussi un événement qui lui inspire « de la mélancolie ». Il a découvert le concours en 2006, l’année où le groupe Finlandais Lordi a triomphé avec son monster rock. « Ce moment m’a décroché la mâchoire. Je regardais ça avec mes parents et je leur ai dit en plaisantant : "Un jour, je serai sur cette scène". Et je l’ai fait, sacrebleu ! »

« Ce n’est pas un job facile de représenter les Pays-Bas à l’Eurovision »

La force d’Europapa est d’allier un message fédérateur à des sonorités made in Holland. A commencer par le gabber, un sous-genre de la techno hardcore, qui dynamite les foules. « Pourquoi on n’avait jamais amené ça sur la scène de l’Eurovision ? C’est tellement bien, pur, c’est notre culture, on peut clamer que ça vient de chez nous. Il n’y a pas que dans l’EDM (Electro dance music) que nous sommes bons ! »

Résultat, Europapa est déjà un succès dans son pays. « Les Néerlandais me soutiennent bien plus que je le pensais, se réjouit Joost Klein. Ce n’est pas toujours un job facile d’aller à l’Eurovision chez nous, on a des avis tranchés, on est très direct. Je ne m’attendais pas à autant d’amour, j’ai été numéro un cinq semaines. C’est dingue ! »

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La chanson a vu le jour lors d’un atelier de travail. « Avec mon producteur et meilleur ami, on s’est enfermé tous les jours en studio pendant deux semaines. C’était comme une session de thérapie combinée à de la musique. On a fait dix chansons et Europapa a été la première qu’on a conçue. On avait déjà le feeling que c’était la bonne. J’ai dit à mon pote : "Attends une seconde, si cette mélodie fonctionne encore dans quelques semaines, je crois qu’on tient quelque chose". » Cette histoire pourrait se poursuivre ce samedi (car sa qualification ne fait aucun doute) par un très bon classement en finale de l’Eurovision. Et qui sait, un tube sans frontière.