Eurovision Junior 2024 : Avec le Breton Titouan, la France compte décrocher une troisième victoire d’affilée
MUSIQUE•Le samedi 16 novembre, à Madrid, la France tentera de remporter une nouvelle fois l’Eurovision Junior. Elle sera représentée par Titouan, 14 ans, qui chantera « Comme ci, comme ça »Fabien Randanne
L'essentiel
- L’Eurovision Junior 2024 se déroulera le samedi 16 novembre à Madrid (Espagne) et sera retransmise en direct dès 18 heures sur France 2.
- La France, tenante du titre depuis deux ans, sera représentée par Titouan. Originaire de Quimper, l’ado de 14 ans interprétera la chanson « Comme ci, comme ça ».
- « Il y a beaucoup d’instruments et on a ajouté beaucoup de claps. L’idée est de créer une sorte de communion sur scène. Titouan ne veut pas être seul, il nous dit : "Si je porte ce message sur la différence, je veux voir les visages et m’entourer de toute la force du public" », explique Alexandra Redde-Amiel, directrice des divertissements et jeux de France Télévisions et cheffe de la délégation française à l’Eurovision.
Le palmarès de la France à l’Eurovision Junior a de quoi faire bien des envieux. Depuis qu’elle a fait son retour, en 2018, dans cette compétition de chansons réservée aux artistes de 9 à 14 ans, elle a toujours figuré dans le top 5. Mieux : elle s’est imposée trois fois : en 2020 avec Valentina, en 2022 avec Lissandro et en 2023 avec Zoé Clauzure.
Des résultats qui forcent le respect des autres délégations qui n’hésitent pas à contacter Alexandra Redde-Amiel, directrice des divertissements et jeux de France Télévisions et cheffe de la délégation tricolore. « On me demande souvent des conseils. J’ai récemment échangé avec mon homologue de l’Arménie qui voulait mon avis sur quelques profils. C’est un échange sain, on est dans le partage », déclare la principale intéressée.
« On y arrive avec une sorte de passion »
La France aurait-elle trouvé la formule magique pour faire mouche quasiment à chaque fois ? « Je ne sais pas si on a une recette, ce que je sais, c’est qu’on y arrive avec une sorte de passion, répond Alexandra Redde-Amiel. On essaye d’être le plus juste possible dans le staging [la scénographie] que l’on offre et on se concentre sur le candidat. »
Après les victoires de 2020 et 2022, la France a accueilli deux fois la compétition, à Paris et à Nice. Le pays vainqueur a - comme c’est le cas également dans la version adulte de l’Eurovision - la priorité pour organiser l’édition suivante. Cependant, après que Zoé Clauzure a décroché le trophée l’an passé, France Télévisions a refusé de rempiler. L’Eurovision Junior 2024 aura donc lieu le samedi 16 novembre, à Madrid (Espagne) et sera retransmis en direct sur France 2 dès 18 heures.
« C’est une décision raisonnable, on est l’année des Jeux olympiques, les yeux devaient être rivés dessus. Il faut savoir laisser sa place dans ces moments-là. Au bout de deux années d’organisation, passer son regard et sa vision à une autre culture me semble important », explique la cheffe des divertissements du service public français.
Titouan a « un grain de voix particulier et un regard lumineux »
Si la France passe la main en tant que pays hôte, elle n’exclut pas de garder la main sur la coupe pour la ramener à la maison. Officiellement, s’imposer une troisième fois d’affilée n’est pas un motif de pression pour le diffuseur. « Comme on a beaucoup de victoires, j’ai envie que nos candidats vivent la même chose que les autres. Nous, on a envie de les emmener le plus loin possible », glisse Alexandra Redde-Amiel.
Cette année, les chances françaises reposent sur Titouan, un Quimpérois de 14 ans, et sa chanson Comme ci, comme ça. Il a été sélectionné en juin, parmi une vingtaine d’autres jeunes candidats. « Je l’avais déjà vu et entendu mais, jusque-là, pas plus que ça. Là, il est arrivé au casting, il a chanté et il s’est passé un truc, raconte la cheffe de délégation. Il a un grain de voix particulier, un regard lumineux - le Junior un concours d’émotion, à travers les yeux, on fait passer énormément de choses. Il a beaucoup de charisme et d’aisance. »
Sa chanson, révélée en fin de journée mercredi, tranche avec les précédentes candidatures françaises. Si elle reste dans un registre juvénile, elle ne creuse pas le sillon « rose bonbon » et se distingue par son ouverture en low tempo avant de partir en up tempo. Alexandra Redde-Amiel y voit « un mélange entre du Mika du Elton John et du Coldplay dans quelques sonorités. On garde le côté pop coloré qu’on aime bien porter au Junior parce qu’il est important d’arriver avec un côté good vibes et un message fort. » En l’occurrence, « une ode à la tolérance et à l’amour, un hymne disant que la différence est une force. »
« Nous sommes riches de notre diversité »
« Je suis heureux que cette chanson montre que nous sommes riches de notre diversité, peu importe où l’on va et ce que l’on pense. J’espère qu’à chaque écoute, elle rendra chacun d’entre nous plus tolérant, plus bienveillant, plus respectueux », affirme Titouan dans le communiqué de presse.
Le jeune artiste, qui vient de faire sa rentrée en troisième, s’est impliqué pour s’approprier la chanson originale écrite et composée par Malo et Marie Bastide. « Dans la bouche de Titouan, il y avait des mots qui ne passaient pas, qu’il voulait changer, révèle Alexandra Redde-Amiel. Il a mis sa patte d’enfant sur ce message sur la différence. Il y a quelque chose de très universel dans ces paroles qui sont simples et efficaces : on est différents mais on s’aimera. Ça fait écho à notre monde qui est compliqué. »
Depuis qu’il sait qu’il représentera la France à l’Eurovision Junior, le Breton suit un coaching vocal intensif et travaille ses tonalités avec Malo pour qu’une éventuelle mue ne vienne pas lui mettre des bâtons dans les roues. « Un enfant qui n’est pas préparé peut potentiellement craquer parce que ce concours est stressant, oppressant. Nous, on essaye de les cocooner, de les accompagner au mieux, mais le jour où ils se retrouvent seuls sur scène, c’est un moment qui doit être préparé », rappelle la cheffe de délégation.
Une chanson « pensée pour le live »
Titouan a grandi dans une famille à la fibre musicale. Son père joue de la guitare, ses frères de la basse et lui, est également à l’aise sur ces instruments ainsi qu’au piano. Sur les réseaux sociaux, il dispose d’une communauté non négligeable - 300.000 abonnés sur YouTube, 700.000 sur Instagram - constituée suite à ses passages dans les télécrochets de TF1 « The Voice Kids », en 2002, et « Dream Team » en début d’année. « Il a fait ses classes là-bas et il a commencé à prendre confiance en lui. Ces écoles-là me permettent, derrière, de vraiment déployer les ailes. C’est très important », souligne Alexandra Redde-Amiel.
Comme ci, comme ça a été « pensée pour le live ». « Il y a beaucoup d’instruments et on a ajouté beaucoup de claps. L’idée est de créer une sorte de communion sur scène. Titouan ne veut pas être seul, il nous dit : "Si je porte ce message sur la différence, je veux voir les visages et m’entourer de toute la force du public" », reprend la cheffe de délégation. La mise en scène devrait ainsi jouer pleinement la carte fédératrice. On saura le 16 novembre si ce cocktail fera de nouveau vivre à la France, l’ivresse du sommet à l’Eurovision Junior.