« DanDaDan », le manga qui redonne de l’air aux shonen

« DanDaDan », le manga qui redonne de l’air aux shonen

Mangaga (4/4)Le manga déjà très populaire voit arriver en France son adaptation en animé
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

L'essentiel

  • À l’occasion du salon Paris Manga, les 5 et 6 octobre 2024 à Paris Nord Villepinte, 20 Minutes explore l’actualité de la culture manga.
  • Livres, animés, jeux vidéo et mode… Le genre manga est désormais si implanté en France qu’il fait partie de nos vies.
  • Aujourd’hui, nous nous penchons sur le succès du manga DanDaDan, qui donne l’espoir d’un nouveau hit dans la catégorie shōnen, et au-delà.

«En ce moment, parmi toutes les séries en cours, c’est celle que je préfère lire… » Margot, 13 ans, est catégorique : DanDaDan est le meilleur shōnen du moment. Derrière elle, Loïc, de la boutique Manga Story, à Versailles, approuve : « C’est un manga à fois très original mais qui ne perd pas les jeunes lecteurs. Ni les lectrices… » L’une des particularités du manga DanDaDan est en effet de séduire aussi bien les garçons, traditionnellement visés par le genre shōnen, que les lectrices.

Cet attrait non genré, qui fait beaucoup dans le succès insolent de ce manga qui en est, en France, bientôt à son 14e tome, vient sans doute du fait qu’une héroïne et un héros s’y partagent l’affiche. Momo, lycéenne populaire et sûre d’elle, croit aux fantômes. Okarun, un otaku solitaire et mal dans sa peau, est obsédé par les extraterrestres. Ces deux-là se lancent un défi qui les rapprochera et les transformera à jamais…

De l’action, de l’humour et… du « ecchi »

Revenons à Margot, notre jeune fan, dont le papa feuillette nonchalamment les pages des premiers DanDaDan : « Ha oui, c’est… spécial… » Le manga a la particularité de mêler les genres : action, humour et un peu de romance, bien sûr, mais aussi une forme d’horreur un peu absurde qui peut glisser vers le « ecchi ». Ce terme japonais décrit des œuvres érotiques, parfois légèrement perverses.

« C’est sûr que ce n’est pas absolument tout public, explique Jérôme Manceau, directeur marketing de Crunchyroll. DanDaDan est destiné aux adolescents. Mais c’est aussi un titre qui vise différentes générations, qui permet de diversifier le lectorat traditionnel. Comme tous les titres qui cassent un peu les cases ! »

« Les particularités culturelles ne sont plus des obstacles »

S’il débute comme un manga plutôt classique, DanDaDan explore assez vite des thématiques fortes et permet de découvrir des personnages étonnants. La sexualité y est présente sous une forme symbolisée mais souvent malsaine. Les fantômes et extraterrestres sont retors et lubriques, les adultes sont malsains. Et le bestiaire fantastique japonais y est revu et corrigé.

Au point de perdre le public occidental ? Pas vraiment si l’on mesure l’attente générée par l’arrivée en France de l’animé qui, en plus de Crunchyroll, a été acheté par Netflix et ADN. « Les particularités culturelles ne sont plus des obstacles depuis longtemps parce que le public français est plus cultivé, plus connaisseur qu’auparavant, explique Jérôme Manceau, . Il y a encore quelques mangas qui sont impossibles à adapter pour la France mais ils sont très rares. Il y a aussi des mangas de genre qui sont destinés à un public particulier, que ce soit au Japon ou en France. Comme pour tout livre, tous les mangas ne sont pas appelés à devenir des gros hits grand public. »

Un nouveau marché ?

Qu’en sera-t-il pour DanDaDan ? « On est déjà sur un beau succès mais l’arrivée de l’animé booste généralement les ventes du manga, constate Jérôme Manceau. Aujourd’hui, avec la concurrence accrue, tout va plus vite et on doit choisir les mangas à adapter en France très vite après leurs prépublications au Japon. On n’a donc pas beaucoup de recul ni d’assurance qu’il sera adapté en animé. »

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Le fait qu’un manga comme DanDaDan s’installe en tête des ventes aussi vite et que son animé suscite autant d’attente est, pour de nombreux observateurs du marché français, un signe que le public est prêt à de nouvelles œuvres. « Le public français s’élargit ces dernières années, se réjouit Jérôme Manceau. On gagne de nouvelles générations dans les deux sens, des plus jeunes et des plus âgés. » Loïc, de Manga Story, a la même analyse : « Je vois aussi de nouveaux clients plutôt inattendus, qui ont de fortes attentes culturelles. Ils veulent être bousculés, dérangés par leurs lectures. Et certains mangas leur offrent ça. » Après dix ans de règne de Naruto et One Piece, la France serait prête à une nouvelle révolution du manga.