A Poitiers,

A première vue, « parc aquatique et Futuroscope, ça ne collait pas forcément ensemble » reconnaît Elodie Arnaud, la directrice générale adjointe du Futuroscope. « Mais nous avons rapidement été convaincus que nous pouvions faire se rencontrer ces deux univers ».

A condition « de ne pas faire un parc aquatique comme les autres » ajoute Olivier Héral, directeur de la création du Futuroscope. « C’est pourquoi avant de nous lancer, nous sommes allés voir ce qui existait ailleurs, c’est là que nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un univers à explorer, mêlant le monde de l’image et l’aquatique. » Trois ans après la conception du projet, l’Aquascope a ouvert le 15 juillet dernier. C’est ainsi que s’élève désormais aux portes du Futuroscope, à Chasseneuil-du-Poitou près de Poitiers (Vienne), un nouveau parc de 6.000 m2 et de dix-huit mètres de haut.

« C’est juste trop beau »

Trois espaces composent ce nouveau site : l'un consacré aux sensations avec ses huit toboggans, un domaine pour les enfants, La Faille de Kraki, et surtout Le monde des abysses, la partie qui fait le lien entre l’univers du Futuroscope et celui du parc aquatique. Dans cette zone, les mapping vidéo, les sons et lumières, s’enchaînent du sol au plafond. Installé dans une eau à 29 °C, on découvre sur les écrans l’antre d’un personnage, Kraki, une pieuvre venue de l’espace, et qui débarque sur Terre après une collision de météorites avec notre planète. Au sol, un monde fantastique composé de plages interactives défile sous nos pieds, évoluant au passage des baigneurs. Bluffant.

« C’est Le Bassin des Lumières [Centre d’art numérique installé à la base sous-marine de Bordeaux] dans un parc aquatique » s’exclame, soufflée, cette Bordelaise venue découvrir l’Aquascope le week-end dernier. « C’est très différent des autres parcs aquatiques, avec tous ces écrans, ce côté interactif et immersif » estime cette habitante de la région parisienne, venue pour le week-end également. « C’est vraiment à l’image du Futuroscope, qui revient à ses fondamentaux de parc européen de l’image, » résume cet autre visiteur. « On voit qu’ils ont investi ! C’est juste trop beau » ajoute, ébahi, ce jeune homme venu de Tours. Difficile de trouver des avis négatifs parmi les visiteurs, hormis cette jeune femme qui se plaint d’avoir « trop froid » en passant d’un bassin à un autre…

Huit toboggans à sensation

Le parc du Futuroscope a vu les choses en grand pour cette nouvelle réalisation. Quelque 57 millions d’euros ont été injectés dans l’Aquascope. « C’est le plus gros investissement jamais réalisé ici » souligne Elodie Arnaud, qui ajoute que « si dans un parc aquatique, on attend des toboggans et une piscine à vagues, chez nous on y a mis des ingrédients supplémentaires. »

Mais les basiques, à savoir les toboggans, sont là et bien là. Alien, Matrix, Reflex, Flash, Rocket… Huit toboggans, eux aussi thématisés, réjouissent les visiteurs avides de sensation. « C’est surprenant, nous raconte cette jeune femme à la sortie du Matrix. Au début c’est très calme, et puis ça accélère. A un moment on arrive dans deux zones différentes, c’est stressant car on ne sait pas où on va atterrir. » « Ce qui est vraiment sympa, c’est qu’on peut être jusqu’à quatre dans une même bouée » ajoute, hilare, un adolescent à la sortie du même Matrix. Et question sensations ? « Ça fait un peu peur quand même, mais c’est trop bien ! » assure une adolescente. « Par contre c’est court, ajoute un de ses amis. Mais cela veut dire qu’on a aimé ! »

La partie enfants n’a pas été délaissée. La Faille de Kraki et son univers féerique occupent, au contraire, une surface toute aussi grande que les deux autres. « Ces trois zones représentent une superficie globale de 6.000 m2, et nous avons aussi une zone extérieure de 3.500 m2, l’ensemble du site pouvant accueillir jusqu’à 1.700 visiteurs en même temps » complète Elodie Arnaud. « Sans oublier les 6.000 m2 de machinerie en sous-sol pour la technique, avec une usine de traitement d’eau, d’air, de filtration… »

« La grille tarifaire va évoluer »

Côté environnemental, l’Aquascope « n’est pas alimenté en eau potable, mais en eau industrielle [traitée] » poursuit la directrice générale adjointe. « Et l’eau est réutilisée plusieurs fois, poursuit-elle. Selon les besoins, elle sert à l’arrosage des espaces verts, peut être envoyée dans les bassins du nouvel hôtel Ecolodgee, et pourra l’être dans notre future attraction Bermudes. »

Ouvert au cœur de l’été, l’Aquascope a vu sa période de rodage s’achever sans difficulté majeure. « Nous avons eu quelques soucis les premiers jours avec un convoyeur à bouées [ascenseur qui les remontent à 18 mètres de haut] mais nos agents ont travaillé d’arrache-pied pour le rétablir, explique Elodie Arnaud. On a eu aussi un peu de mal avec le réglage de la trappe d’un des toboggans qui part en chute libre. » Avec déjà 140.000 visiteurs, la fréquentation est, elle, au rendez-vous, assure la direction. « Ce lancement est très intéressant, sachant que la moitié de ces personnes a aussi consommé le parc du Futuroscope » analyse le directeur général du Futuroscope Rodolphe Bouin.

Côté tarifs, le prix est fixé 39 euros pour les adultes et 32 euros pour les enfants. « Le prix est dégressif si on achète un séjour [deux jours une nuit] avec le Futuroscope, soit une décote de 30 % sur le prix de l’Aquascope » précise le directeur général du Futuroscope, qui ajoute que « la grille tarifaire va évoluer. » Le prix sera ainsi « revu pour les périodes plus basses, par exemple à Noël et en février… »

Futuroscope Xperiences, « nouvelle plateforme de marques »

L’Aquascope s’inscrit dans un programme de 304 millions d’euros d’investissement, lancé en 2018, et validé en 2020. « Ce programme intitulé vision 2025, a déjà vu la livraison de deux attractions, Objectif Mars et Chasseur de tornades, rappelle Rodolphe Bouin. Une autre, Mission Bermudes [un nom provisoire] est attendue pour avril 2025. »

Un investissement colossal destiné à « élargir » la zone de chalandise du Futuroscope, située historiquement dans un triangle Bordeaux-Nantes-Limoges, et lui permettre de « devenir une destination de court séjour. » C’est ainsi que deux hôtels thématisés, dont Station Cosmos, et un restaurant « très expérientiel », Space Loop, ont aussi vu le jour. « Tout cela nous a amenés à créer une nouvelle « plateforme de marques, intitulée Futuroscope Xperiences. »

Et après 2025 ? La direction du Futuroscope ne peut « rien dire pour le moment », si ce n’est que des projets sont en réflexion, et pourraient prendre place sur des espaces occupés actuellement par du parking.