CINEMA« Mean Girls », anatomie d’un phénomène de pop culture carrément fetch

« Mean Girls, Lolita malgré moi » : Tina Fey, qui espérait « juste que le film puisse sortir », a créé un phénomène pop

CINEMAAlors que « Mean Girls », adaptation de la comédie musicale lancée à Broadway en 2018, elle-même inspirée par le film du même titre sorti en 2004, est sorti en salle mercredi, « 20 Minutes » décortique le culte entourant l’œuvre
Fabien Randanne

Fabien Randanne

L'essentiel

  • Mean Girls, Lolita malgré moi, adaptation de la comédie musicale du même titre, elle-même adaptée du film éponyme de 2004, est sorti dans les salles françaises mercredi 10 janvier.
  • Depuis la sortie du film original créé par Tina Fey, l’univers Mean Girls est un phénomène de pop culture.
  • Répliques marquantes, force des personnages, intemporalité… 20 Minutes revient sur les raisons de ce succès.

Quand elle a écrit le scénario de Mean Girls, il y a plus de vingt ans, Tina Fey était loin de s’imaginer que le film, distribué en 2004 en France sous le titre Lolita malgré moi, deviendrait culte. « J’espérais juste qu’il puisse être tourné et sortir en salle », confie la star américaine de l’humour à 20 Minutes. Depuis, la comédie teen a eu droit à une adaptation en comédie musicale en 2018 qui a, à son tour, été adaptée en long-métrage, à l’affiche des cinémas français depuis mercredi – avec, à chaque fois, Tina Fey aux commandes pour les textes.

Revenons aux origines. Au début des années 2000, la scénariste et actrice a puisé son inspiration dans un article du New York Times au sujet du livre Queen Bees and the Wanabees. « Cela parlait de la manière dont les filles se traitent les unes les autres, de manière parfois sournoise, brillante mais cruelle. C’est une violence qui n’est pas physique. Cela me fascinait. Je trouvais cela très vrai par rapport aux souvenirs de ma propre adolescence, explique Tina Fey. J’ai pensé qu’il y avait matière à un film. Au départ, je pensais qu’il serait davantage question des professeurs, mais, en écrivant, les personnages d’adolescentes se sont révélés être les plus intéressants. »

Le 3 octobre, un jour pas comme les autres

C’est ainsi qu’est née Cady Heron, une ado qui a grandi au Kenya et débarque dans un lycée de l’Illinois. En tentant de s’y intégrer, elle découvre les différents clans qui structurent les hiérarchies entre les élèves. Au sommet, il y a les « Plastiques » menées par la charismatique Regina George, aussi crainte qu’adulée. Commence alors une dissection des codes régissant chaque groupe et une exposition des stratégies pouvant faire gagner (ou perdre) en popularité.

Si le film, au casting duquel figurent Lindsey Lohan, Rachel McAdams et Amanda Seyfried, n’a fait que 300.000 entrées en salle en France à l’époque, il a davantage marché à l’international et son exploitation en DVD, couplé à la culture Internet, a achevé de le transformer en phénomène de pop culture.

Le 3 octobre (en référence à la date où le bellâtre Aaron demande à Cady, qui a le béguin pour lui, le jour qu’il est) est devenu le #MeanGirlsDay sur les réseaux sociaux – les fans en profitent pour partager des mèmes et rappeler le film au souvenir des internautes. Mean Girls a également inspiré une chanson de Mariah Carey, Obsessed, le cast original a été réuni pour un spot de pub des supermarchés Walmart à l’occasion du dernier « Black friday », et plusieurs de ces dialogues sont entrés dans la mémoire collective, à l’instar de : « On Wednesday, we wear pink » ( « Le mercredi, on s’habille en rose »).

« Mean Girls a passé l’épreuve du temps »

D’ailleurs, lundi, le public de l’avant-première de la nouvelle version de Mean Girls au Grand Rex, à Paris, avait majoritairement respecté le dress code rose et la salle ressemblait à une marée fuchsia. Alizée, conviée à faire la surprise d’interpréter Moi… Lolita en préambule de la projection, a expliqué combien sa fille de 19 ans, Annily, était fan du film orignal. Et qu’à force de visionnages, elle avait fini par connaître les répliques par cœur. « J’emploie l’expression "C’est tellement fetch [génial ; un terme que, dans le film, un personnage cherche à imposer, en vain] !" dans ma vie de tous les jours, nous assurait quelques jours plus tôt Auli’i Cravalho, qui incarne Janice dans la nouvelle mouture. Je suis née en 2000 et j’ai toujours connu Mean Girls. Avec ses punchlines, il a passé l’épreuve du temps. »

Les répliques marquantes ne sont pas la seule explication au phénomène. « Si le film est tant apprécié, c’est parce que, au-delà des dynamiques au lycée, il parle du fait de se sentir mal à l’aise dans un endroit nouveau, inconnu, où il faut essayer de trouver sa place, estime Angourie Rice, nouvelle interprète de Cady. On a tous plus ou moins vécu ça, au travail ou dans notre temps libre. Ces thèmes demeurent actuels. »

« Un personnage pour chacun »

Jaquel Spivey, qui joue Damian Hubbard, pointe aussi la force des personnages, à la fois stéréotypés mais avec des tempéraments bien distincts, permettant au public d’y trouver la possibilité de s’identifier. « Il y a toujours une Gretchen quelque part ou un Damian. Ou un proviseur Duvall. Il y a un personnage pour chacun », souligne l’acteur.

Tina Fey ne dit pas le contraire : « Je crois que les gens aiment ces personnages et les acteurs qui les ont incarnés à l’origine. C’est pour ça que j’ai hâte que le public découvre la nouvelle génération de comédiens qui se sont approprié les rôles, nous répond-elle. Je me suis dit que si on pouvait avoir dix Spiderman différents, on pouvait assurément avoir au moins deux Regina George. » Si le phénomène Mean Girls perdure, c’est aussi du au fait que le culte s’entretient.

« En phase avec l’époque »

« Je pense que Mean Girls, version 2004, a réussi à se démarquer de tous ses concurrents de l’époque en ne se prenant pas trop au sérieux. Treize ans après, la comédie musicale a permis à une nouvelle génération de découvrir cette œuvre qui prouve qu’elle peut encore avoir une résonance aujourd’hui. Elle reprend la trame du film et les scènes cultes et y ajoute le côté réseaux sociaux et l’hyperconnectivité des lycéens d’aujourd’hui », souligne Florian Guerard, créateur et animateur du podcast « Musical Avenue ».

Bebe Wood, interprète de Gretchen Wieners dans le long-métrage sorti mercredi voit Mean Girls comme un pont entre les générations : « Le film original était en phase avec son époque, tout comme le nôtre l’est avec ce que l’on vit aujourd’hui. Mais tout le monde, quel que soit son âge, a eu une expérience du lycée et le scénario demeure pertinent et honnête par rapport à ce que cela veut dire d’être ado. » Et quoi qu’il en soit, Mean Girls restera fetch !