Yes Futur 4/4Les livres à lire pour redonner (un peu) d’espoir dans le futur

Les livres à lire pour redonner (un peu) d’espoir dans le futur

Yes Futur 4/4On commence 2024 en beauté avec une sélection de livres de science-fiction positive
Emilie Jehanno

Emilie Jehanno

L'essentiel

  • Pour la nouvelle année, 20 Minutes voit la vie en rose ou presque.
  • On s’intéresse au genre méconnu de la science-fiction positive ou utopique, qui nous permet d’imaginer un monde meilleur.
  • On vous a concocté une sélection.

Son nom est revenu dans la bouche des libraires, éditeurs, fans de SF qu’on a interrogés pour nous parler science-fiction positive. Becky Chambers a conquis les aficionados du genre. « C’est une vraie conteuse qui sait raconter des histoires, admire le libraire Julien Chapert, de La Croisée des mondes à Paris. Elle pourrait raconter n’importe quoi que je la suivrais. On a envie de vivre dans ses romans. »

L’autrice américaine de science-fiction féministe a percé depuis 2014 avec son space opera en trois tomes Les Voyageurs et ses deux nouvelles d’Histoires de moine et de robot (éd. L’Atalante). Le premier suit la vie à bord d’un vaisseau spacial où cohabitent humains et diverses espèces extraterrestres, tandis que les tomes suivants explorent chacun une facette de cet univers. La deuxième série imagine un monde où les robots ont fait sécession des humains lorsqu’ils ont transitionné vers un monde plus responsable et durable. Une excellente porte d’entrée dans le genre de la SF positive.

L’utopie, « une histoire à raconter »

Dans un roman entre science-fiction, prospective et hard-science, Kim Stanley Robinson, grand écrivain de SF connu pour sa Trilogie martienne, s’est essayé à imaginer Le Ministère du futur (éd. Bragelonne SF). Une nouvelle organisation de l’ONU défend à partir de 2025 les générations futures pour répondre au changement climatique. Résolument positif, Kim Stanley Robinson soutenait dans un entretien auprès de Libération en novembre le choix de ne pas être sombre. « Si vous voulez être de gauche, vous devez faire de l’utopie, surtout en termes littéraires, explique-t-il. Qu’est-ce que c’est qu’une utopie ? C’est un endroit où la société est mieux organisée qu’aujourd’hui. Comment s’y rendre ? C’est une histoire à raconter, car c’est un problème que nous n’avons pas résolu. »

En France, Elisa Beiram, autrice du Premier jour de paix (éd. L’Atalante), ou Li-Cam, avec Résolution, mettent en scène dans leur roman des problèmes non résolus. Elisa Beiram s’est penché sur la construction de la paix et la résolution de conflits dans un monde bouleversé par le réchauffement climatique. Li-Cam a tenté en 2019 avec Résolution (éd. La Volte) une incursion dans la SF positive, où elle raconte la vie d’une communauté utopique isolée sur laquelle veille une intelligence artificielle au comportement solaire, alors que le monde n’a pas résisté au grand effondrement.

Les précurseurs des années 1970 et 1980

Mais on peut remonter plus loin pour retrouver les prémices de la SF positive. Dans les années 1980, Le Cycle de La Culture (Le Livre de poche) de Iain M. Banks trace l’épopée de La Culture, une société galactique, modèle de liberté et d’abondance, qui se bat pour préserver son idéal de civilisation. « C’est d’une grandeur sans nom, loue Yann Olivier, éditeur à L’Atalante, y compris dans les défauts de ce que la société peut souhaiter. Cela montre aussi que des gens peuvent ne pas vouloir l’intégrer. »

Ecotopia (éd. Gallimard), d’Ernest Callenbach publié en 1975, raconte la reprise des liaisons diplomatiques d’Ecotopia d'avec le reste des Etats-Unis. Cette société écologique radicale a été fondée vingt ans plus tôt par la sécession de trois États de la côte ouest du pays. Et bien sûr, impossible de ne pas mentionner Ursula K. Le Guin, qui a révolutionné la SF. Son roman, Les Dépossédés (Le livre de poche), publié en 1974, décrit deux sociétés que tout oppose : une lune, Anarres, où vit une société égalitaire et libre, mais pauvre, face à la planète Urras, en proie à la tyrannie, à la corruption et à la violence. L’invention d’un physicien permettra-t-elle de faire dialoguer les deux mondes ? On ne vous en dit pas plus…