France 5 : Films, addiction et coups de gueule… Béatrice Dalle se raconte dans un documentaire
CINEMA•France 5 diffuse ce vendredi, à 22h45, « Béatrice Dalle, à prendre ou à laisser », un documentaire où l’actrice commente en voix off des archives privées et des images de sa carrièreFabien Randanne
L'essentiel
- France 5 diffuse ce vendredi 3 novembre à 22h45 le documentaire Béatrice Dalle, à prendre ou à laisser.
- L’actrice retrace en voix off sa carrière et sa vie privée en réagissant à une foule d’images d’archive. « Je n’ai jamais fait une chose dans ma vie dont j’ai honte », dit-elle.
- « Béatrice a préféré ne pas voir le film avant. Elle a donc renoncé à l’opportunité d’en changer la moindre virgule, cela prouve son goût de la liberté, de la liberté d’expression », a confié la réalisatrice Elise Baudouin lors de l’avant-première parisienne en octobre.
«Rebelles ou l’art de bousculer ». L’intitulé de cette collection de documentaires de France 5 semblait appeler Béatrice Dalle. Le nouveau numéro, diffusé ce vendredi à 22h45 lui est consacré. Mais aux yeux de sa réalisatrice, Elise Baudouin, « rebelles » est un mot « trop gentillet » pour désigner la star : elle estime qu’« indocile » lui sied mieux car « elle ne reste pas en place ».
Le docu, d’une durée d’une heure, est le fruit de conversations entre les deux femmes, entamées il y a plus d’un an. Béatrice Dalle est la seule à intervenir en voix off. Elle réagit aux images d’archives, photographies personnelles, entretiens télévisés, making of de tournages…
Il y est bien sûr question de 37°2 le matin l’œuvre culte de Jean-Jacques Beineix qui l’a révélée en 1986, de son lien indéfectible avec Dominique Besnehard, qui l’a découverte et est resté son agent une vingtaine d’années, ou de son rôle préféré, celui de l’anthropophage du Trouble Every Day de Claire Denis. L’actrice ne se débine pas. Elle assume avoir « été accro à l’héro pendant dix ans » et précise : « ça ne m’a pas empêchée de tourner, ça ne m’a empêchée de rien ». Lorsque le documentaire aborde un pan qu’elle juge trop privé, comme sa relation avec le réalisateur Jim Jarmusch, qu’elle qualifie de « poétique, si brillant, si timide », elle coupe court pudiquement : « ça a été compliqué entre nous, il s’est passé tellement de choses, je n’ai pas envie d’en parler ».
Sa réplique à PPDA applaudie par les cameramen
Au sujet de son enfance sarthoise, elle révèle avoir été agressée sexuellement par son grand-père quand elle avait 6 ans. « Quand on [sa cousine et elle] en a parlé aux femmes de notre famille, on nous a traitées de menteuses. J’ai dit : "Tu me crois pas ? OK. Je continue ma route." » « Je n’aime pas l’idée d’être une victime », ajoute-t-elle.
A la fin des années 1980, dans une émission de Thierry Ardisson, Serge Gainsbourg lui lance « tu as des yeux vicelards ». Elle sourit, décontenancée. Hors caméra, raconte-t-elle, elle lui a lâché : « Tu sais, moi j’ai 20 ans, et d’un seul coup tu me parles mal. Je trouve ça un peu nul. » Il lui présente alors ses excuses et lui propose de « se retrouver sur un microsillon ». Réponse : « jamais, je suis pas chanteuse ».
En 1992, dans le 20 Heures de TF1, Patrick Poivre d'Arvor la pousse dans ses derniers retranchements en faisant allusion à sa condamnation pour vol de bijoux. « Et vous, est-ce que vous regrettez certaines lettres que vous m’avez envoyées ? », réplique-t-elle à la fin de cette séquence passée à la postérité. « Il était contrit, relate Béatrice Dalle dans le documentaire. Après, tous les cameramen m’ont applaudie. Tout le monde m’a félicitée, jusqu’à François Mitterrand. »
« Rien à foutre »
On peut regretter de ne pas entendre la star évoquer, par exemple, sa carrière théâtrale ou son amitié avec Virginie Despentes, mais on ne peut reprocher au documentaire de faire dans l’hagiographie ou la complaisance. Début octobre, lorsque le résultat a été projeté en avant-première à Paris, Elise Baudouin prévenait : « Béatrice a préféré ne pas voir le film avant ce soir. Elle a donc renoncé à l’opportunité d’en changer la moindre virgule, cela prouve son goût de la liberté, de la liberté d’expression. »
De toute façon, dès les premières minutes de ce portrait commenté la principale concernée l’assure : « Je n’ai jamais fait une chose dans ma vie dont j’ai honte. » Trois mots reviennent fréquemment dans sa bouche durant une heure « rien à foutre ». Le mot qui qualifierait le mieux Béatrice Dalle serait sans doute « unapologetic », un terme anglophone qui n’a pas vraiment d’équivalent en français ou, plutôt, qui devrait condenser plusieurs traductions : sans s’excuser, impénitente, sans complexe.
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